François Bayrou, invité des 4 V sur France 2 ce lundi
François Bayrou, Président du Mouvement Démocrate, était l'invité de Guillaume Daret dans Les 4 V ce lundi 21 février à 7h40.
Bonjour François Bayrou.
Bonjour.
On va venir dans un instant à cette question des parrainages pour la présidentielle.
Un mot sur l'info de la nuit puisque, on l'a appris en plein milieu de la nuit, Joe Biden et Vladimir Poutine acceptent l'idée d'un sommet sur l'Ukraine proposé par Emmanuel Macron. Est-ce que cela veut dire que l'on peut aller encore vers la paix ou est-ce que Vladimir Poutine cherche seulement à gagner du temps.
Jusqu'à la dernière minute on peut aller vers la paix, une paix qui ne soit pas un renoncement, un recul.
Vous voyez bien que le rôle clé du Président de la République française qui réussit en travaillant, sans se laisser décourager une seule minute, à rapprocher les points de vue de ces deux géants politiques qui sont d'une certaine manière dans un engrenage, alors, c'est tout à fait important. C'est tout à fait essentiel.
On voit que, quand l'Europe a un leader capable de s'adresser aux deux sans se laisser entraîner d'un côté ou de l'autre, alors tout d'un coup on voit que sa voix peut être entendue.
Il ne faut pas sanctionner d'ores et déjà la Russie pour dissuader Vladimir Poutine d’envahir l'Ukraine ?
Toute chance de sécurisation de cette région doit être saisie.
Si jamais il y avait des débordements, invasion, attaque, agression, alors évidemment les sanctions seraient justifiées, peut-être pas seulement les sanctions, mais des blocages qui mettraient en difficulté la Russie et son chef, mais tant qu’il y a une chance, Emmanuel Macron est déterminé à la saisir et il a raison de le faire ; et on voit que cela paye.
On voit aussi l'immense avantage de l'indépendance.
Si vous regardez l'élection présidentielle, il y a des candidats qui sont très nombreux, très proches de Poutine, très admiratifs et, d'une certaine manière…
Vous pensez à qui ?
…vous chercherez il y en a beaucoup, ils sont nombreux mais cette indépendance à l'égard des deux blocs en affrontement, c'est absolument précieux et c'est le rôle de l'Europe.
L'Europe, sa vocation est qu'il n'y ait pas une puissance qui ait envie de dominer ou d'agresser les autres.
Le rôle absolument précieux qu'elle tient se manifeste aujourd'hui : qui aurait dit que l'on pouvait amener autour de la table ces deux présidents ?
Vous évoquez à l'instant les candidats à l’élection présidentielle. Ils ont moins de deux semaines pour présenter les 500 parrainages. Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon, Éric Zemmour disent qu'ils ne les ont pas. Vous avez lancé l’idée d’une banque des parrainages, pour aider les candidats qui font plus de 10% dans les sondages, à obtenir ces parrainages.
Où est-ce que vous en êtes ? Combien vous en avez dans votre banque de ces parrainages ?
Plusieurs dizaines, 80 peut-être, quelque chose de cet ordre, mais parce qu'on n'a pas encore fait le mouvement de communication nécessaire.
Quelle est la situation ? Ils bloquent ou pas ?
La situation est que nous avons trois candidats majeurs de cette élection au-dessus de 10 % et même qui atteignent 15 %, ce qui veut dire 4 ou 5 millions d’intentions de vote, qui n'ont pas les parrainages.
Autrefois, on disait : ils bluffent.
Ils ne bluffent pas, ils n’ont pas les parrainages et, s'ils ne les ont pas, ils ne peuvent pas se présenter.
Je vous demande de penser à ce que serait la situation de la démocratie française et de l'élection présidentielle si des candidats majeurs ne pouvaient pas se présenter à cette élection.
Ce serait quoi la situation ?
Et je vous assure que je ne partage pas leurs idées.
Pourquoi n’ont-ils pas les parrainages ? Car beaucoup de maires craignent que leurs signatures aux yeux de leurs concitoyens vaillent soutien. C'est cela la difficulté.
C'est la raison pour laquelle nous avons proposé ce collectif.
Il suffit de taper notredemocratie.fr et, à ce moment-là, vous pouvez participer à ce collectif.
Ce collectif garantit une chose essentielle c'est que nous apporterons l'assurance auprès des électeurs que ces signatures ne sont pas des soutiens, qu'elles sont transpartisanes, objectives.
On peut tout à fait se battre contre des idées et, en même temps, ne pas accepter que les candidats qui les portent soient exclus de cette élection.
Vous parlez d’un « tsunami démocratique » si ces candidats ne pouvaient pas se présenter.
Vous voyez bien de quoi il s'agit.
Aujourd'hui, dans l'opinion des Français et des citoyens, que se passe-t-il ?
Une immense vague de défiance à l'égard des institutions politiques, médiatiques parce que vous êtes-vous aussi dans l'œil du cyclone, scientifiques, médicales, tout le monde aujourd'hui a perdu confiance, or la clef de voûte de nos institutions, c'est l'élection présidentielle.
On n'a pas le droit de laisser compromettre la loyauté de l'élection présidentielle en excluant des candidats simplement parce qu'ils n'auraient pas les signatures.
David Lisnard, maire LR de Cannes dit : « Je parraine Jean-Luc Mélenchon. Il n’a pas mes idées mais il a le droit de concourir » Vous dites quoi : « Bravo, vous suivez son exemple » ?
C'est exactement ce que je plaide. Au début, il n'était pas de cet avis mais c’est très bien, les évolutions sont bonnes.
Mais une signature ne suffit pas.
Voilà pourquoi ce collectif qui réunit des dizaines de maires, et bientôt centaines de maires j'espère, est le seul à même de garantir la loyauté et l'équilibre de cette élection :
Je le répète parce qu’il y a des maires qui nous écoutent.
Et, là, vous pouvez participer avec la certitude que, dans quelques jours, nous pourrons garantir que la signature démocratique, la garantie démocratique n'est pas un soutien à des candidats ou à des idées.
Oui ou non, cela veut dire que la prochaine fois il faudra revenir à l'anonymat ?
Oui, je crois que c'est la moindre des choses, mais on peut réfléchir sans doute à d'autres possibilités.
Des parrainages citoyens ?
Par exemple, mais vous voyez bien, toutes nos institutions sont en défaut aujourd'hui.
On sait combien j'ai plaidé pour la proportionnelle, pour la banque de la démocratie pour que l'on ne soit pas obligé d'aller dans des structures financières exotiques parce qu'on a besoin de se financer. Notre démocratie a besoin d'être réassurée par des pratiques nouvelles et plus audacieuses et que l'on sorte enfin de cette confiscation dans laquelle le pays souffre parce que la confiance souffre.
Fabien Roussel ce matin est mis en cause par Médiapart qui l’accuse d'avoir occupé un emploi d'assistant parlementaire et ils n'ont trouvé aucune trace de cet emploi.
Qu'est-ce vous en pensez ? Je rappelle que le MoDem et l’UDF ont été mis en examen pour des soupçons d'emplois fictifs d'eurodéputés.
Qu’est-ce que vous pensez de ce qui est reproché à Fabien Roussel ?
Nous UDF, MoDem, ne sommes pas dans cette pratique des emplois fictifs. C'est un paradoxe parce que nous sommes poursuivis alors que nous n'avons pas fait cela.
Que pensez-vous de ce qui est reproché à Fabien Roussel ?
C'est une toujours la même histoire, c'est une espèce de dévoiement judiciaire de choses absolument qui ont été, qui sont, absolument normales.
Un député, son métier, c'est d'aller à l'Assemblée Nationale, d'étudier des textes et de faire de la politique.
Sans cela il ne serait pas député et la fonction d'assistant parlementaire est une fonction de rampe de lancement pour beaucoup de parlementaires.
Si vous prenez la liste, vous allez découvrir que Manuel Valls a été assistant parlementaire, Éric Ciotti a été assistant parlementaire, que Xavier Bertrand a été assistant parlementaire.
Si vous faites la liste, il y en a des dizaines comme cela et c'est absolument normal qu'un député faisant de la politique, son assistant aide aussi à faire de la politique.
On est élu par les électeurs, mais on est d'abord élu parce qu'on a l'investiture d'un parti. C'est lui qui vous présente et, quoi de plus normal que de travailler avec son parti quand on est député ? C'est le contraire qui est anormal, qui serait immoral.
Le Président de la République Emmanuel Macron propose de nommer Jacqueline Gourault, la ministre au Conseil Constitutionnel. C'est une de vos proches historiques. Qu'est-ce vous répondez à ceux qui disent que c’est une décision scandaleuse et que ce serait un cadeau pour services rendus au MoDem ?
Les gens disent n'importe quoi et ne réfléchissent pas.
Qu'est-ce que le Conseil Constitutionnel ? C'est l'instance qui garantit l'équilibre des institutions. Ce n'est pas une cour suprême, ce n'est pas un tribunal.
C'est l'instance qui garantit l'équilibre des institutions et, dans les institutions il y a des collectivités locales.
Jacqueline Gourault vient de faire voter plusieurs lois sur les collectivités locales, leurs pouvoirs, leur fonctionnement et qui ont été votées quasiment à l'unanimité des deux assemblées.
Ce n'est pas un cadeau ?
En aucune manière, on ne vit pas de cadeau. Nous sommes assez, comment dirais-je, fiers pour ne pas vivre de cadeaux.
C'est une ministre, Jacqueline Gourault, qui s'est imposée aux yeux de tous, aux yeux des élus locaux, aux yeux de l'État. Elle connaît parfaitement l'État et les élus locaux et, de surcroît, c'est le bon sens et une conscience.
Et je trouve que, pour une fois, sortir du moule habituel de la très haute Fonction publique avec lequel on vit dans notre pays pour mettre quelqu'un de terrain qui a fait ses preuves comme élu local, comme élu national - elle a été vice-président du Sénat - je trouve que c'est une formidable idée, c'est un renouvellement de nos institutions, retrouvant le sens de ce qu'est réellement le Conseil Constitutionnel, ce garant de l'équilibre de nos institutions.
Merci beaucoup.
Seul le prononcé fait foi.