François Bayrou invité du JT de 20h de France 2 ce lundi 5 février
Notre Président François Bayrou était l'invité d'Anne-Sophie Lapix ce lundi 5 février sur France 2 dans le journal télévisé de 20h.
Seul le prononcé fait foi.
Anne-Sophie Lapix : Bonsoir François Bayrou.
François Bayrou : Bonsoir.
Anne-Sophie Lapix : Vous avez dit votre soulagement après votre relaxe dans l'affaire des assistants parlementaires européens. Vous pouvez vraiment être soulagé alors que vos camarades et votre parti ont été condamnés ?
François Bayrou : Quand vous avez subi 7 années, -vous vous rendez compte que c'est 7 années ?- d'accusations que le Tribunal déclare infondées.
Anne-Sophie Lapix : Il dit au bénéfice du doute parce qu'il n'a pas de preuves.
François Bayrou : Oui, ce n'est pas qu'il n'y ait pas de preuves, c'est qu’on ne peut pas trouver de preuve parce que ce n'est pas vrai. Je dis cette même phrase depuis le premier jour. Et c'est extraordinaire : on vous accuse pendant des années, puis le jour où vous êtes relaxé, on dit « bon ». Alors on dit « attention, mais c'est parce qu'il n'y a pas de preuve ». Bien sûr, qu’il n’y a pas de preuve.
Anne-Sophie Lapix : Ce que je disais, moi, surtout, c’est que le parti a été condamné.
François Bayrou : Non, non, oui. Il faut-il faut peut-être rappeler ce que c'est cette affaire. On dit les assistants parlementaires… On n'est pas le seul parti politique comme vous savez, il y en a d'autres : le parti de Marine Le Pen, le parti de Jean-Luc Mélenchon qui sont inquiétés. C'est d'ailleurs bizarre parce que c'est toujours ceux qui sont minoritaires qui sont inquiétés. On peut y réfléchir…
Anne-Sophie Lapix : Un complot ?
François Bayrou : Je n'emploie jamais de mots de cet ordre.
Anne-Sophie Lapix : Oui mais qu'est-ce que ça signifie ?
François Bayrou : Et donc les assistants parlementaires. Nous étions accusés d'avoir fait travailler des assistants parlementaires pour le parti politique.
Alors il faut d'abord dire combien d'assistants parlementaires. Nous avons eu pendant cette période… Je dis ça parce qu’évidemment tout le monde a vu les gros titres quand on était accusé. Et puis le jour où vous êtes relaxé, alors il n'y a plus de gros titres du tout.
Anne-Sophie Lapix : On a fait un sujet et on vous accueille !
François Bayrou : Et c'est très bien, donc on peut-on peut expliquer ça. Et donc combien d'insistants sont mises en cause ? On a eu pendant cette période 131 assistants parlementaires, nos députés européens, 131. Et il y en a 6 qui sont mises en cause.
Anne-Sophie Lapix : Mais c'est la pratique qui est dénoncée, non ? Ils étaient salariés du Parlement européen…
François Bayrou : Non, pardonnez-moi de vous contredire, parce que le jugement a dit, et même les magistrats ont dit : bon, on n'a pas de preuve qu'ils ont travaillé pour les partis, mais l'essentiel pour nous, je reprends la phrase exacte du Président : « qu'ils aient travaillé pour les partis où qu'ils soient allés jouer au golf -c’est sa phrase exacte-, ça ne nous intéresse pas ».
Or, de quoi étions-nous accusés ? Pas de les avoir envoyés jouer au golf, de les avoir utilisés pour travailler pour le parti. Et ceci non seulement n'est pas vrai. Mais je nie absolument qu'il y ait eu la moindre chose de cet ordre-là.
Anne-Sophie Lapix : Et donc vous dénoncez cette condamnation de votre parti ?
François Bayrou : Non. Cette condamnation d'abord, c'est une condamnation avec sursis. Je vous rappelle qu'il faut peut-être dire les choses, voilà.
Anne-Sophie Lapix : Est-ce que cette relaxe vous ouvre les portes du ministère de l'Éducation nationale que vous connaissez bien ?
François Bayrou : D'abord, j'ai été ministre de l'Éducation nationale, je suis entré au ministère de l'Éducation nationale et j'en étais très heureux à l'époque, il y a trente-et-un ans. Alors c'est une jolie histoire à raconter, c'est mieux qu'Alexandre Dumas. Alexandre Dumas avait écrit 20 ans après, là vous là vous m'invitez à l’écrire…
Anne-Sophie Lapix : Je vous invite parce que on entend cette rumeur, est-ce qu'elle est fondée ?
François Bayrou : Je pense qu'il y a un très grand trouble dans l'Éducation nationale, pas depuis ce mois-ci, depuis des années, et des années. C'est un secteur pour moi… Vous savez à quel point je j'y crois, à quel point je donnerai pour qu’on retrouve le moral, l’équilibre, l'envie d'enseigner sans trouble dans notre pays, et la réussite de l'enseignement.
Anne-Sophie Lapix : Vous n’irez pas ?
François Bayrou : On n'est pas dans la formation du gouvernement, mais je pense que c'est probablement le sujet le plus important ou un des sujets les plus importants que nous ayons à régler.
Anne-Sophie Lapix : Je vous pose cette question parce que vous avez dû quitter le gouvernement à cause de cette affaire, l'affaire dont nous parlions, est-ce que vous aimeriez plutôt que d'être dans les conseils, être dans l'action et rentrer de nouveau dans le gouvernement ?
François Bayrou : Je pense que quand on est un citoyen engagé, on aime agir, mais ayant la responsabilité du Plan en effet, j'ai l'impression d'influer sur l'action. Peut-être pas assez. Ce n’est pas seulement depuis ces dernières années. Parce que quand Jean Monnet était commissaire au Plan, vous savez l'immense personnalité qui a eu la responsabilité du Plan après la guerre, il disait exactement la même chose que je viens de dire. On peut agir davantage sur l'action. Et il y a en France un profond malaise sur l'action publique et sur l'organisation de l'action publique.
Anne-Sophie Lapix : Mais que pesez-vous aujourd'hui, au pouvoir ? Vous étiez l'allié
François Bayrou : 51 députés…
Anne-Sophie Lapix : Oui, mais au sein de l'exécutif, est-ce que votre voix porte encore auprès du Président ?
François Bayrou : Peut-être que vous ne m'inviteriez pas si ce n’était pas le cas, j'imagine que vous choisissez les sujets de vos interviews en se demandant si ça peut intéresser vos auditeurs.
Anne-Sophie Lapix : Je pensais vous alliez rentrer au gouvernement !
François Bayrou : Le gouvernement n'est pas formé.
Anne-Sophie Lapix : Vous ne l'écartez pas en tout cas ?
François Bayrou : Mais je n'écarte jamais rien. Le principe pour moi, précisément parce que vous êtes engagé, c'est de ne jamais rien écarter.