François Bayrou : "Le MoDem est une famille politique parmi les plus solides de la majorité parce qu’elle a une histoire"

François_Bayrou-FB Congrès 2024

Retrouvez ci-dessous l'entretien accordé par François Bayrou au journal La Nouvelle République à l'occasion de l'ouverture du Congrès du Mouvement Démocrate.

Propos recueillis par Olivier PIROT 

📰 Entretien disponible également sur le site de La Nouvelle République ⤵️

https://www.lanouvellerepublique.fr/blois/l-europe-aujourd-hui-c-est-la-vie-ou-la-mort-dit-francois-bayrou

Olivier PIROT : Lors de vos vœux, en janvier, vous énonciez cinq priorités (1). Le sont-elles toujours ?

François Bayrou : Ce sont toujours nos priorités dans un contexte devenu de plus en plus brûlant. Depuis deux ans maintenant, la guerre en Ukraine menace les équilibres les plus précieux de l’Europe, de la planète et de notre pays.

Lorsque Vladimir Poutine a décidé de lancer son armée sur l’Ukraine désarmée, l’une des deux plus puissantes de la planète, les conséquences ont été tragiques. D’abord parce que des centaines de milliers de militaires et de civils ont perdu la vie, parce que la population civile ukrainienne en est devenue la victime quotidienne et parce que cela a provoqué trois crises majeures.

La première est celle d’une menace internationale. C’est la violence qui désormais commande. On en a des échos en Chine et au Moyen-Orient. La deuxième crise est énergétique puisqu’une grande partie de l’économie européenne dont celle de l’Allemagne – mais heureusement pas la France – dépendait du gaz russe. La troisième est la crise financière que nous connaissons avec l’inflation et le déficit public. »

Olivier PIROT : Êtes-vous inquiet qu’aux élections du 9 juin une vague populiste et d’extrême droite s’installe au parlement européen ?

François Bayrou : La question n’est pas d’être inquiet ou pas. La question est de se battre ! À la fois pour que cela ne se produise pas ou que trop de gens cessent de considérer cette issue comme inéluctable.

Le moyen ? Il suffit de montrer que si vous prenez, ne serait-ce que sur les vingt dernières années, tous les choix de l’extrême droite – et c’est vrai aussi pour l’extrême gauche – si nous les avions suivis, cela aurait été suicidaire.

Un seul exemple : le référendum de Maastricht. Si la France avait refusé l’euro, où en serions-nous aujourd’hui dans la vague inflationniste que la Banque centrale européenne contrôle et freine ? En réalité, leurs orientations auraient été pour nous tous mortelles. 

Olivier PIROT : Comment voulez-vous combattre ces idées ?

François Bayrou : J’ai fait suffisamment de campagnes européennes pour me souvenir du temps où l’Europe était critiquée et discutée par tout le monde. Nombreux étaient ceux qui affirmaient qu’il fallait en sortir. Même ses défenseurs disaient qu’il fallait changer beaucoup de choses. Aujourd’hui, plus personne n’a ce débat en tête. Aujourd’hui, c’est la vie ou la mort. Si la guerre tournait à l’effondrement de l’Ukraine et à la victoire du dictateur russe alors nous serions repartis comme dans les années 30. Le temps des conflits sans fin.

Nous sommes 27 États, une population plus nombreuse que celle des États-Unis, des responsables politiques connus dans le monde entier. Leurs discours ne peuvent rester vains et impuissants. C’est toute l’image de l’Europe qui est en jeu alors que nous sommes dans le monde des superpuissances : la Chine et les États-Unis, les puissances pétrolières, les Gafam. L’Europe se rayerait elle-même de la carte du Monde. On payerait tous les jours de notre vie le prix le plus lourd et nous deviendrons soumis. »

Olivier PIROT : Quel rôle comptez-vous jouer au sein de la majorité présidentielle ?

François Bayrou : Le MoDem est une famille politique parmi les plus solides de la majorité parce qu’elle a une histoire. Nous allons fêter à Blois les cent ans de ce grand courant politique démocrate et humaniste.

Certains sont plus chrétiens, d’autres plus laïques. Certains plus écologiques. Mais nous sommes soudés et unis. Des liens qui viennent notamment du temps de notre traversée du désert. Et nous voulons être un acteur de rassemblement dans la nouvelle organisation du paysage politique du pays, au moment où la crise des esprits touche beaucoup de partis, alors que notre démocratie n’a pas trouvé son nouvel équilibre. 

Olivier PIROT : Et quels dossiers souhaitez-vous porter ?

François Bayrou : Il y a plusieurs questions nécessaires à porter. On voit bien que la crise économique a des causes extérieures mais aussi des causes intérieures. J’ai donc la conviction qu’il faudra préciser et formuler une politique économique renforcée et renouvelée.

Il faudra que nous ayons une organisation démocratique nouvelle et une définition plus claire du paysage des collectivités locales. Il faut redéfinir la relation entre l’État et les citoyens. Il y a une rupture entre la base qui travaille, cherche un travail, qui est à la retraite… et le sommet dont on a l’impression depuis 40 ans qu’il est isolé. Il faut un nouveau modèle social qui ne repose pas seulement sur les déficits publics.

Enfin, il faut traiter en urgence la question de l’Éducation. La crise a miné ses fondamentaux. Mais au-delà, il y a une crise morale de la société française qui ne sait plus bien quoi transmettre et ne parvient pas à avoir les résultats tangibles pour les plus fragiles.

Olivier PIROT : Quelle est votre position et celle de votre parti sur le projet de loi « fin de vie » ?

François Bayrou : La fin de vie est un sujet dont nous affirmons qu’il relève d’un problème de conscience personnel. Il n’y aura pas de consigne de vote au MoDem. Pour moi, la générosité, le souci de l’autre et la fraternité, c’est d’abord les soins palliatifs. Un tiers des départements n’ont toujours pas d’organisation locale.

Chez nous, la première chose qu’on lit dans le journal, ce sont les annonces de décès. Et je suis frappé du nombre de familles qui remercient les soignants d’avoir accompagné leur proche jusqu’au bout. Cela, pour moi, c’est de la civilisation.

Sur le deuxième volet, l’aide à mourir, je vois bien les précautions prises, ma ligne rouge, à titre personnel, c’est que je n’accepterais pas qu’on porte atteinte à la liberté de conscience des médecins.

Mais je pense qu’on n’en arrivera pas là. Car il n’y a rien de plus précieux pour quelqu’un qui a suivi sa vocation médicale que de respecter l’idée qu’il se fait des devoirs de son métier et du serment d’Hippocrate qu’il a prêté. 

(1). Démographie ; reconquête de la production ; éducation ; maîtrise des finances publiques et démocratie.

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