François Bayrou : "Un pays debout et uni, c'est un pays dans lequel tout le monde prend ses responsabilités"
Ce mardi 18 juin, François Bayrou, Président du Mouvement Démocrate, était l'invité de Jean-Jacques Bourdin sur Sud Radio.
Seul le prononcé fait foi.
Jean-Jacques Bourdin : Bonjour à toutes et à tous. Et bien pour savoir, parlons vrai, avec François Bayrou, notre invité ce matin. François Bayrou, bonjour.
François Bayrou : Bonjour
Jean-Jacques Bourdin : Merci d'être avec nous. Sidération dans le pays. Vous l'avez dit, nous sommes sidérés par ce qui se passe.
François Bayrou : Je ne sais pas si le mot sidération est exact. Ce qui est évident, c'est que nous sommes devant une situation inattendue, profondément révélatrice, en réalité, des arrière-pensées des uns et des autres et qui apparaissent aujourd'hui. Et une situation dangereuse, à cause des risques, des menaces sur notre pays et sur la vie de chacun d'entre nous, des familles, des gens qui sont au travail, des gens qui cherchent du travail. Les conséquences peuvent être considérables et gravissimes.
Jean-Jacques Bourdin : Alors nous allons parler des conséquences éventuelles à vos yeux, de ce qui pourrait se passer en cas d'élection, j'imagine, du nouveau Front populaire majoritaire ou du Rassemblement national majoritaire, les 30 juin et 7 juillet. Mais François Bayrou, quelle est la part de responsabilité tout de même d'Emmanuel Macron ?
J'ai entendu, vous avez peut-être vu à la télévision, ce passant interpeller Gabriel Attal et lui dire, « Il faudra dire au président qu'il ferme sa gue*le ». Alors l'expression est triviale, elle est familière. Mais tout de même, il disait « Plus d’Attal moins de Macron ».
Ce rejet est le fond de la colère, le fondement de la colère aujourd'hui.
François Bayrou : Jean Jacques Bourdin, vous avez une longue expérience de la vie politique française et on a observé une chose, vous et moi, sans que jamais ça manque, c'est que le président de la République est l'objet de toutes les flèches, de toutes les balles et qu'il est la cible universelle. Ça s'est produit. Vous vous souvenez, Giscard ? Il était détesté par une partie du pays. Pourquoi il a été battu ? Mitterrand, il y avait contre lui un Front d'agressivité considérable. Chirac, Nicolas Sarkozy, n'en parlons pas. Et François Hollande n’a même pas pu se représenter. Et donc oui, c'est un pays, c'est toujours la faute, et c'est vrai d'une certaine manière, de celui qui a les responsabilités parce qu’on a voulu et il doit les assumer.
Jean-Jacques Bourdin : Parce qu’il les a voulus et il doit les assumer.
François Bayrou : Oui, mais c'est le cas de tous les présidents de la République. Ils ont signé pour ça.
Cependant, les choix et les intuitions qu'il a fait, qui ont permis à 2 millions de personnes de retrouver du travail, c'est cette place de la France dans le concert des Nations, dans le concert international. Le rôle de leader dans le drame ukrainien, nos voisins ukrainiens sont menacés d'être envahis et d'être écrasés. Qui a tenu le drapeau ? Alors je ne suis pas là pour dire qu'il n'y a pas eu d'erreur. Comme vous le savez, je pense, j'ai souvent pensé qu’on aurait pu faire autrement, différemment. Mais ça n'est pas ça la question. Aujourd'hui, la question, ça n'est plus la majorité actuelle, ça n'est plus même le président de la République. La question, c'est le choix que la France, nous, nous en famille, nous allons faire pour l'avenir du pays. Car il y a 3 propositions sur la table. Kylian Mbappé avant, d'avoir sa blessure d'hier, dont on souhaite qu'elle n'ait pas de suite, le moins de suites possibles et qu'elle guérisse le plus tôt possible, a dit ça de manière je trouve absolument transparente. Il y a 2 propositions extrêmes, 2 camps dominés chacun par leur extrême. Et il y a une proposition centrale pour le pays qui doit réunir tous ceux qui disent « Non, cette fois c'est trop grave, c'est trop grave et on va en parler, c'est trop grave ».
Jean-Jacques Bourdin : C'est la Constitution, peut-être, d'une future majorité. On va en parler. François Bayrou, mais quand même, j'ai lu avec grande attention cette remarque de l'académicien Marc lambron dimanche dans la tribune. Je le cite, pourquoi la France, pays de Cocagne aux yeux du reste du monde, est-elle habitée par des déprimés ?
François Bayrou : Oui, alors ça, c'est un problème national. Oui, et on peut s'arrêter une seconde à cette phrase. Oui, « Pays de Cocagne », ça veut dire un paradis pour le reste du monde. Tous ceux qui, tous nos compatriotes qui sont à l'étranger et qui nous écoutent, ils savent très bien ce qu'il en est. On est un pays dans lequel la prise en charge des soins médicaux, de l'école, enfin je ne vais pas m'étendre du chômage, de la retraite, est assuré par la solidarité nationale, comme aucun autre pays dans le monde. Et c'est un pays qui a tous les atouts du goût de vivre. Alors qu'est-ce qui se passe chez nous ? Pourquoi c'est comme ça ?
D'abord, il y a un sport national qui consiste à considérer que, tout ce qui se produit, c'est la faute de ceux qui sont au pouvoir. Et ceci est pour moi une grave erreur. Alors je connais très bien ce type de réflexe. Vous disiez, « Les gouvernants, le président de la République est critiqué par des intellectuels ». Moi je pense toujours à une image que nous, dans les Pyrénées, nous connaissons très bien. Vous savez que chez nous, à Pau, le Tour de France passe tous les ans et. Il y a toujours des personnes, généralement des hommes, assis sur le bord de la route, sur un transat en train de siroter du Pastis et qui, quand le peloton passe, crie, « Péd*ale, feignant ! ».
C'est un sport national de ne pas s'impliquer, de ne pas considérer que nous, citoyens, nous avons une responsabilité, mais de considérer que c'est toujours la faute des autres et pas seulement la faute des autres, que c'est la faute de l'État et que c'est l'État qui doit payer. Si vous lisez certains des programmes, l'État doit tout prendre en charge intégrale, gratuité de tas de services publics divers et variés. Et moi je pense qu'un pays debout et un pays uni, c'est un pays dans lequel tout le monde prend ses responsabilités.
Jean-Jacques Bourdin : Mais « Le RN, pourquoi ne pas essayer ? ». Vous entendez cela partout ? On entend cela de tous les côtés. Pourquoi ne pas essayer ?
François Bayrou : Pourquoi ? Parce que les propositions qui sont les leurs, sont mortelles. Mortelles, mortelles. Mortelles pour le pays.
Jean-Jacques Bourdin : C’est-à-dire ?
François Bayrou : Parce qu’il y a 3 ou 4 certitudes. J’en donne quelques-unes.
Premièrement, construire un pouvoir politique sur la division du pays en prétendant, en ciblant perpétuellement une partie de la population, la population immigrée ou filles d'immigrés ou petites filles d'immigrés, les gens qui viennent d'ailleurs, qui ont des noms à consonance étrangère de l'autre côté de la Méditerranée. Cibler ceux-là comme s'ils étaient responsables, c'est purement et simplement se condamner à avoir de très graves ennuis. Vous avez vu les manifs, toutes ces choses-là, les risques de violence qui existent. Deuxièmement, les choix fondamentaux sont des choix, là encore mortels. Qu'est-ce qui tire l'économie française ? Qu'est-ce qui fait les emplois ?
Premièrement, les entreprises du pays qui exportent. Chez nous à Pau, on produit 1 sur 2 des moteurs d'hélicoptères civils qui volent dans le monde. Donc on vit par l'exportation. Et toujours chez nous à Pau, on a une grande entreprise de semences, qui s'appelle Euralys, qui vit par l'exportation. Et le centre de recherche scientifique et technique des sciences du sous-sol que Total a depuis 75 ans, monté à Pau, tout ça, c'est dirigé vers le monde. Et donc ça, c'est le premier point.
Et deuxièmement, on vit parce que le monde fait suffisamment confiance à la France pour que les crédits soient accessibles, pour que les taux d'intérêt soient bas. Dès l'instant qu'un doute existe sur la France, à la minute où un doute existe sur la France, les taux d'intérêt montent. Alors qu'est-ce que ça veut dire que les taux d'intérêt montent ? Vous ne pouvez plus faire des achats d'électroménager, vous ne pouvez plus faire des achats d'automobiles parce que ça devient inaccessible, vous ne pouvez plus construire ou réparer. Et le bâtiment, avec les centaines de milliers d'emplois qu'il porte, il est en première ligne dans cette perte de confiance. Et donc, vous vous dites, « Mais après tout, pourquoi ne pas essayer ? ». Quand je vois quelqu'un qui est au bord de la falaise et qui dit « Bah je vais sauter parce que je volerai ». Ben je dis non, j'essaie de le retenir. Mais notre responsabilité, je dis « notre » parce que les médias ont une part de responsabilité, si ce que je viens de dire devant vous est inexact, faites des émissions, prouvez-le. Je suis absolument certain que c'est de cela dont nous sommes menacés. L'effondrement du pays comme confiance.
Jean-Jacques Bourdin : Mais les 2 blocs nous menacent ?
François Bayrou : Oui
Jean-Jacques Bourdin : Les 2 blocs, le nouveau Front populaire d'un côté, le Rassemblement national de l'autre ?
François Bayrou : Oui Jean-Jacques Bourdin, les 2 blocs nous menacent et je suis incapable, parce que LFI, vous avez vu l'habileté de Mélenchon et de ses amis. Ils ont dit « Le chef de la majorité, si nous avons la majorité, sera désigné par le groupe le plus nombreux ». Or, comme ils ont 50 ou 60 circonscriptions au moins de plus que leurs alliés, évidemment, c'est eux qui seront…
Jean-Jacques Bourdin : Les groupes peuvent s'allier et…
François Bayrou : Non non. Le groupe le plus nombreux, c'est eux. C’est cela la manœuvre en fait. Je n’aime pas faire des procès de personnes, mais dans cette alliance baroque, il y a 2 choses qui sont incroyablement blessantes.
Glucksmann a fait toute sa campagne en disant « Avec moi, il n’y aura pas de Mélenchon, je prends l'engagement », disait-il. Il a donné l'assurance, vous le savez bien, à de multiples reprises, à ceux qui l'écoutaient….
Jean-Jacques Bourdin : L'assurance et l'espoir…
François Bayrou : Oui l’assurance et l’espoir, qu'il ouvrait à une voie nouvelle, assez proche de ce que je crois. Je pense, moi, que ce qu'on appelle les sociaux-démocrates, les démocrates-chrétiens, les démocrates libéraux, tout ça, c'est un seul ensemble. C'est un grand courant. Il a donné l'espoir que, avec lui, la compromission avec cette extrême gauche, qui, vous avez vu, a ranimé les querelles juifs, arabes, enfin toutes choses que dans un pays comme le nôtre on ne devrait pas accepter, il a donné l'assurance que ça n'existerait plus. Le lendemain matin, il a fait le choix contraire et il s'est livré entièrement, avec son assentiment, à une alliance qui est le contraire de ce qu'il avait promis, premièrement. Mais il y a encore plus drôle.
Jean-Jacques Bourdin : François Hollande ?
François Bayrou : Alors François Hollande par exemple, a été combattu et abattu par cela. Eh bien, tout bonnement, tout uniment, il va lui aussi s'atteler à ce char.
Jean-Jacques Bourdin : Pourquoi selon vous, vous qui connaissez bien la vie politique ?
François Bayrou : Il pense qu'il va trouver là un chemin pour revenir, pour jouer sa carte. Et s'il faut se renier ? Eh bien ce n’est pas si difficile. Vous savez ce qu'on dit ? Un moment de honte est vite passé. Et Troisièmement, Monsieur Aurélien Rousseau, candidat de de cette nouvelle entente populaire, dans les Yvelines, premier engagement du programme : on va abroger la réforme des retraites. Donc il se présente avec ce programme. C'est lui qui l'a écrite, la réforme des retraites, parce qu'il était directeur de cabinet d'Élisabeth Borne et parce qu'il était ministre de la Santé du gouvernement. Mes enfants, quand ils parlent de ça, ils disent « ils sont nés avant la honte », et c'est exactement ce que je ressens. Je ne suis pas donneur de leçons. J'ai essayé d'avoir tout au long de ma vie publique une fidélité à ce en quoi je crois, pas seulement aux idées mais aux valeurs que nous partageons.
Jean-Jacques Bourdin : François Bayrou, maintenant, que peut-il se passer le 30 juin ? Vous connaissez bien la vie politique. Que peut-il se passer les 30 juin et 7 juillet ? Imaginons qu'il n'y ait pas de majorité, ni RN, ni nouveau Front Populaire, ni un grand groupe central, un grand bloc central comme on dit. Que se passe-t-il ? Que peut faire le président de la République ?
François Bayrou : Le Président de la République ne peut pas dissoudre l'Assemblée nationale avant le 8 juillet 2025. Et le 8 juillet, il est peu probable qu'on dissolve, parce qu’on est entré dans les vacances. Ça, c'est institutionnel. Et comme président de la République, il ne peut donc pas mettre un terme à cette crise. Et donc tous les responsables qui seraient dignes de ce nom, et être responsable, ce n’est pas seulement avoir des galons sur les épaules, c'est être capable d'assumer des décisions, des orientations et conduire un peuple quand ça va mal.
Alors les responsables devront tous réfléchir, chacun pour soi et ensemble, à la manière dont se sortir de cette situation.
Jean-Jacques Bourdin : Un gouvernement d'union nationale ?
François Bayrou : Vous savez que j'ai toujours cru en un gouvernement d'union nationale, un gouvernement d'union républicaine, un gouvernement de gens dont les fondamentaux sont les mêmes, qui n'acceptent pas de s'abandonner aux dérives, aux 2 dérives que nous évoquons. Tous ceux qui au fond d'eux-mêmes disent, non, ça on ne peut pas. J'ai toujours pensé que cela, un jour ou l'autre, devraient se retrouver. J'ai toujours participé de toutes les manières possibles, depuis les rénovateurs il y a très longtemps, jusqu’à tous les contacts républicains, démocrates dont on a besoin, j’ai toujours pensé que cela aurait une responsabilité nationale. Pas politique, pas politicienne, pas des partis.
Jean-Jacques Bourdin : Des sociaux-démocrates à Glucksmann, jusqu'aux LR, si j’ai bien compris ?
François Bayrou : Lorsqu'on est un homme et un père de famille, on ne s'échappe pas, on n'échappe pas à cette prise de conscience là.
Jean-Jacques Bourdin : François Bayrou, c’est une question un peu traditionnelle que beaucoup posent, mais j'imagine : vous vous retrouvez à choisir entre le RN et le nouveau Front populaire, que faites-vous ? Tout dépend du candidat du nouveau Front populaire ?
François Bayrou : Ceci est la question banalement piège. J'ai vu par exemple que LR disait, nous, on choisira le Front National. Je trouve que se placer dans cette situation devant un micro, et accepter de gaieté de cœur, de considérer que la bataille dans laquelle on est engagé est déjà perdue, est déjà effacée... En tout cas, moi, vous ne me prendrez pas à ce piège-là. Nous sommes présents sur le terrain, Pour que les Français ne soient pas obligés de faire ce choix. Vous me dites que cette formule est traditionnelle. Vous me dites, qu'est-ce que vous choisissez, François Bayrou, entre la peste et le choléra. Eh bien, excusez-moi, mon rôle est d'échapper à ce choix-là. Je combattrai de toutes mes forces et la peste et le choléra.
Jean-Jacques Bourdin : Donc je ne choisis ni l'un, ni l'autre : ni la peste, ni le choléra ?
François Bayrou : Un choléra qui revient dans certains coins du territoire Français.
Jean-Jacques Bourdin : Une coalition, une cohabitation, dit même Xavier Bertrand.
François Bayrou : Vous voyez, Xavier Bertrand, lui aussi, évoque cette responsabilité commune de ceux qui refusent les dérives.
Jean-Jacques Bourdin : J’en reviens à Emmanuel Macron. Est-ce que vous ne trouvez pas qu'il est un peu déprimé ? Par ce que je lis plein de choses, tout un tas d'articles de journaux sur la situation à l'Élysée, sur une ambiance un peu délétère, un peu sinistre à l'Élysée. Vous êtes souvent en relation avec le président de la République ? Lui avez-vous conseillé la dissolution ?
François Bayrou : Comme vous savez la réponse, je ne veux pas vous la donner.
Jean-Jacques Bourdin : C’était une bonne idée ou pas ?
François Bayrou : Je reviens à votre question. Il y a un drame des communautés humaines, qui est profondément enfoui dans notre manière d'être et de vivre. Chaque fois qu'il y a une difficulté, les gens se divisent. On dit en religion, qu’il y a le diable. Diable c’est un mot grec, diabolos, qui veut dire le diviseur. Et alors les petits troupeaux affolés commencent à s'agresser les uns les autres.
Jean-Jacques Bourdin : C'est ce qui se passe en ce moment, non ?
François Bayrou : C'est précisément ce que je refuse !
Jean-Jacques Bourdin : Vous le refusez, mais c’est peut-être ce qui se passe en ce moment ? Pardon, mais on voit Gabriel Attal, quand même, il y a une incompréhension entre Gabriel Attal et Emmanuel Macron.
François Bayrou : Eh bien Jean Jacques Bourdin, je ne participerai pas, ni un millième de seconde, ni un millième de millimètre, à cette pratique déshonorante. Des gens qui hier ne trouvaient aucun mot suffisant, aucun superlatif suffisant pour qualifier le président de la République, et qui a la première difficulté, se laisseraient, d'après ce que les articles de journaux disent, aller à des accusations réciproques. Je ne participe pas à ça. Nous avons un seul devoir, un seul devoir et pas seulement un devoir politique, un devoir de citoyen, un devoir d'homme. Nous avons un seul devoir. C’est affirmer les choses fondamentales qui sont nos raisons de vivre. Et dire qu'on ne les laissera pas mettre en cause.
Jean-Jacques Bourdin : La France est en danger ?
François Bayrou : Oh c’est pire que ça. Bien sûr la France est en danger, mais qui va payer le danger ? Ce sont les plus petits. Ceux qui ont du mal à trouver du travail, ceux qui ont du mal à boucler les fins de mois, ceux qui ne peuvent pas acheter un logement ou un appartement. Les victimes, c'est les plus petits, comme toujours. Parce que ceux qui poussent à tous ces feux, ils ont généralement des moyens suffisants pour se tirer des difficultés. Mais ceux qui dépendent du pays, ceux qui dépendent de notre communauté nationale, de son image, de son énergie intérieure, de sa capacité à mobiliser ses projets : ceux-là vont trinquer. Personne ne peut citer un pays dans le monde où les extrêmes d'un bord ou de l'autre aient fait du bien. Jamais. Ça a conduit au pire, ça a conduit au drame. Regardez l'histoire européenne, regardez l'Amérique du Sud. Chaque fois que vous faites ce choix-là, qui est un choix de déséquilibre, un choix de dérives, le bateau se met à pencher d'un côté, à pencher tellement qu'il chavire. Chaque fois ce sont les plus petits, qui sont au fond de la cale, qui trinquent. Ce n’est pas généralement ceux qui ont des privilèges et des chapeaux à plumes. Ceux-là ont les connaissances, les réseaux nécessaires pour en sortir. Mais les plus fragiles, eux, ils n’ont personne pour les défendre. Eh bien moi je suis de ce côté-là, je n'accepterai pas, je n'accepte aucune des attitudes qui conduit à baisser les bras. Je crois qu'il y a une capacité de mobilisation. Je pense qu'une prise de conscience est en train de se faire. Je suis sur le terrain comme vous savez, toute la journée, toute la toute la journée de tous les jours. Je crois qu'il y a une prise de conscience, et je pense que les gens, les Français sont au fond d’eux-mêmes à la recherche d'une solution équilibrée, plus large que ce que nous avons. Pas partisane, soit à la recherche d'une situation équilibrée, soit de gens à la parole de confiance.
Jean-Jacques Bourdin : Merci François Bayrou d’être venu nous voir, vous réagissez tous les jours sur l’antenne de Sud Radio.