« Jamais les extrêmes n’ont conduit au bonheur »
Retrouvez ci-dessous l'entretien accordé par François Bayrou au journal Ouest France.
Propos recueillis par Yves-Marie ROBIN
Quel bilan tirez-vous du premier tour de la présidentielle ?
Les donneurs de leçons disaient qu’Emmanuel Macron avait perdu la confiance des Français, qu’il serait à touche-touche avec Marine Le Pen ou derrière elle. Certains affirmaient même qu’il ne serait pas qualifié pour le second tour. Le 10 avril, les électeurs ont remis les choses au carré.
Seize millions de Français ont voté Marine Le Pen ou Jean-Luc Mélenchon. Que leur dites-vous ?
Ces chiffres montrent qu’Emmanuel Macron est le seul défenseur d’une idée équilibrée de la politique. Les deux extrêmes ont des propositions inacceptables, loin de toute réalité, conduisant à l’affrontement. Nulle part, ni en aucun temps, les politiques extrémistes n’ont conduit au bonheur, à la prospérité. Jamais !
Le score s’annonce serré le 24 avril. Avez-vous des craintes ?
Il peut toujours y avoir des accidents dans une campagne, mais Marine Le Pen défend des positions inacceptables ! Nous sommes en pleine série de massacres de Vladimir Poutine en Ukraine et que dit Mme Le Pen ? « Il faudra que Poutine soit notre allié. » On a perdu la tête ! Et comme si cela ne suffisait pas, elle veut arrêter les contrats avec l’Allemagne. Je ne peux imaginer que la France s’abandonne à une telle dérive.
Elle ne résisterait d’ailleurs pas plus de quelques semaines. Si vous arrêtez l’Union européenne, que font nos agriculteurs vivant avec la Politique agricole commune depuis cinquante ans ? Stoppe-t-on aussi Airbus ?
Si Emmanuel Macron l’emporte, quelles doivent être ses premières mesures ?
Il a promis une indexation rapide des retraites sur l’inflation. Il annonce des mesures sur le pouvoir d’achat, le point d’indice de la fonction publique. Et surtout, il préparera, avec les autres Européens, une politique commune contre les risques impensables nous menaçant, de crise alimentaire par exemple.
Approuvez-vous le report de l’âge de départ à la retraite ?
Les métiers pénibles doivent pouvoir partir plus tôt. Ceux qui ont commencé à travailler tôt aussi. Ce report, à 64-65 ans, sera progressif sur une dizaine d’années. Après le 24 avril, une période de dialogue permettra de trouver un terrain d’entente.
Un référendum est-il nécessaire ?
J’ai toujours défendu cette idée. Le danger guettant un texte sur les retraites, c’est le blocage du pays. Mais si vous dites aux Français que ce sont eux qui trancheront, cela change tout. Il faut leur expliquer que cette réforme est faite pour eux.
Cet entretien est aussi disponible sur le site du journal Ouest France.