Jean-Noël Barrot : "Nous mettrons fin au sentiment d’impunité en ligne !"
Guillaume Caire, Nina Jackowski, Plana Radenovic pour Le JDDLe plan de l’exécutif pour lutter contre les abus sur Internet sera présenté mercredi en Conseil des ministres. Il prévoit notamment le déploiement d’un filtre anti-arnaque. Entretien de Jean-Noël Barrot réalisé par Guillaume Caire, Nina Jackowski, Plana Radenovic pour Le JDD.
Vendredi, le site internet du Sénat était inaccessible. Comme celui de l’Assemblée nationale, en mars, à la suite d’un piratage. La multiplication des attaques et affaires ces derniers mois a poussé le gouvernement à plancher sur un arsenal pour mieux réguler Internet. Résultat : le projet de loi visant à « sécuriser et réguler l’espace numérique » sera détaillé par Jean-Noël Barrot, ministre délégué à la Transition numérique, mercredi en Conseil des ministres avant son examen avant l’été par le Parlement. « Notre objectif est de restaurer la confiance de nos concitoyens en ligne », explique-t-il au JDD.
Votre projet de loi prévoit de lancer, à la rentrée, un filtre anti-arnaque. En quoi consiste un tel outil ?
Protéger les Français et garantir l’ordre public en ligne, en sécurisant et en régulant l’espace numérique : c’est le but du projet de loi que je porterai. Il rejoint d’autres chantiers lancés avec Bruno Le Maire tel que la régulation des influenceurs.
Un Français sur deux a été victime d’une tentative d’arnaque sur Internet. Qui n’a pas reçu un SMS invitant à se connecter sur son compte CPF ou Ameli afin de piller ses données personnelles ou bancaires ? Coupons le mal à la racine. C’est tout l’objet de ce filtre de cybersécurité anti-arnaque. Ce dispositif simple et gratuit avertira l’internaute au moment où il s’apprête à se connecter à un site identifié comme malveillant. Il prendra la forme d’un message qui s’interposera entre l’internaute et le site pour éviter d’être piégé. Aujourd’hui, nous accompagnons les victimes a posteriori. Avec le filtre, l’objectif est aussi de protéger les Français en amont de la menace.
Plus globalement, la France a un déficit de main-d’œuvre dans le domaine du numérique…
La réforme des lycées professionnels annoncée par le président jeudi est l’une des clés pour répondre à ce besoin. Dès le collège, les élèves apprennent le codage informatique et un bac professionnel cyber a été créé. Dans le cadre de France 2030, 2,5 milliards d’euros sont prévus pour la formation aux métiers d’avenir, dont 500 millions ont déjà été engagés pour les métiers du numérique. Très concrètement, ce sont 10 000 nouvelles places ouvertes et pourvues à la rentrée 2022, et nous visons d’accélérer encore en 2023.
Emmanuel Macron s’était engagé pendant la campagne à ce que nous formions 400 000 experts du numérique de plus à l’horizon 2030. Pour cela, nous devons amener les femmes vers ces métiers. La Première ministre, Élisabeth Borne, a annoncé le 8 mars un objectif de parité dans les filières scientifiques d’ici à 2027.
Emmanuel Macron s’est donné cent jours pour sortir de la crise, votre texte arrive-t-il maintenant car il est plutôt consensuel ?
C’est en effet un texte inspiré de travaux parlementaires transpartisans, allant des communistes aux républicains, et qui a vocation à être enrichi lors de son examen au Parlement avant l’été. Je pense que nous pourrons trouver un consensus.
Après les grandes crises que nous avons traversées, après la réforme des retraites, chaque jour doit être mis à profit pour apporter des réponses très concrètes aux attentes des Français. Celles du pouvoir d’achat, de la santé et de l’école. Mais aussi aux inquiétudes, au sentiment de déclassement ou de relégation, qui sont les carburants de Marine Le Pen.