Jean-Paul Mattei, "social et libéral" épris de justice fiscale
Isabelle Ficek pour Les EchosLe président du groupe Modem a beaucoup fait parler de lui avec son amendement sur la taxation des superdividendes à l'automne dernier. Cet homme clé de la majorité va faire prendre des initiatives à la rentrée. Portrait dans Les Echos.
Il est arrivé, lorsque le ministre de l'Economie et des Finances parle de lui, qu'il se trompe de prénom, cherche puis passe rapidement à autre chose. Comme un acte manqué, le signe du vif agacement que Bruno Le Maire a sans aucun doute éprouvé lorsqu'à l'automne dernier, lors de l'examen du budget à l'Assemblée, l'amendement de Jean-Paul Mattei sur la taxation des superdividendes a été adopté. Contre l'avis du gouvernement. Et sous les vivats de la gauche de l'hémicycle.
Jean-Paul Mattei ne le décrirait pas ainsi, mais c'était un camouflet infligé au « dogme » macroniste de refus des hausses d'impôts. Pire, le camouflet était porté de l'intérieur, par le chef de file des députés du Modem, l'allié historique. L'épisode allait animer les débats budgétaires, malgré la litanie des 49.3 qui permit à l'exécutif de faire disparaître l'amendement controversé.
Technicité fiscale et sens politique
Aussi tenace que « discret », comme il se décrit lui-même, Jean-Paul Mattei n'est pas homme à abandonner ses idées. Il devrait refaire parler de lui lors des discussions budgétaires à la rentrée. Elisabeth Borne en est bien consciente : après avoir rendu visite à Edouard Philippe, elle était ce dimanche au côté de François Bayrou à Pau, histoire de resserrer les rangs de la majorité et se concilier le Modem.
Lors des débats des motions de censure post-49.3 budgétaires, Jean-Paul Mattei est bien sûr en soutien du gouvernement. Mais ce spécialiste de la fiscalité - il l'a enseignée à l'université de Pau - continue de défendre ses concepts de « bénéfice utile » et de « bénéfice futile » qui devraient pousser les entreprises à mieux réfléchir à leurs investissements.
Il s'est étranglé en entendant fuser la critique de « vengeance fiscale » sur son amendement, la réfutant totalement. Façonné, dit-il, par sa double expérience de notaire et de maire pendant près de vingt ans à Ger, village des Pyrénées, familier à la fois des grands patrimoines et de familles en grande précarité, il plaide pour « plus de justice, toujours sur la ligne de crête, en se demandant jusqu'où la charge fiscale est acceptable ». « J'ai toujours dit qu'il faut plus de solidarité fiscale, sans briser les talents. Le consentement à l'impôt me paraît normal. L'impôt, ce n'est pas une punition, c'est une contribution », martèle ce « social et libéral ».