Laurence Farreng : "Renforcer l'indépendance des médias face aux Gouvernements et au secteur privé"
Laurence Farreng, Députée Européenne et vice-Présidente du MoDem, était l'invitée dans Café Europe sur France Inter, pour revenir sur l'acte européen sur la liberté des médias.
France Inter : L'acte européen sur la liberté des médias est actuellement en discussion au Parlement européen. Il a été présenté en septembre dernier par la Commission et cet acte vise à garantir des médias libres et aussi à assurer leur pluralité, Stéphane ?
Oui, qui l'eût cru il y a encore quelques années, mais de plus en plus de journalistes en Europe craignent pour leur vie et leur intégrité physique. En 2021, deux journalistes ont été assassinés aux Pays-Bas et en Grèce. Ce futur règlement européen vise à renforcer l'indépendance des médias face aux ingérences des gouvernements, mais il devrait également servir à lutter contre les concentrations dans le secteur privé, des concentrations qui font courir un risque pour la liberté de la presse. Laurence Farreng est députée européenne :
Il y a bien sûr la protection des journalistes qui y est intégrée : pas d'espionnage des journalistes, protection des sources, interdiction de ce qu'on appelle les procédures bâillon, c'est-à-dire ces poursuites qui sont faites sur les journalistes pour les empêcher de parler. Donc ça, c'est un point qui sera coulé dans la loi, donc un point important et qui sera établi à l'échelle de l'Union européenne.
Une question qui vise à empêcher les concentrations des médias abusifs, c'est-à-dire que dès lors qu'elles peuvent, là encore, attenter à l'indépendance, qu'elles peuvent faire en sorte que les médias tombent aux mains d'un pouvoir à son simple profit.
Donc, ce point de la concentration des médias est très important parce que le problème qu'on va avoir avec la Pologne, la Hongrie notamment, c'est des questions de concentrations aux mains de l'État ou d'entreprises proches de proches du pouvoir, et puis dans d'autres pays comme le nôtre par exemple, aux mains du secteur privé, parce qu'on voit aussi que c'est le secteur privé qui va détenir une majorité des titres. Donc c'est des situations très différentes, on voit qu'on a un équilibre à trouver sur ce texte européen notamment.
Comment on va arbitrer cette question de la concentration des médias ? En créant dans chaque État membre, l'existence d'un régulateur, donc un comité européen pour le service des médias, C'est un peu notre ex-CSA, aujourd'hui devenue Arcom.
En France, nous avons une telle structure, mais elle n'existe pas au sein de chaque État-membre. Donc là encore, ce sera un apport, mais c'est aussi des difficultés et des questions qui se posent, et donc des négociations à venir importantes avec les différents États membres pour premièrement, créer ces organes transnationaux de régulation et leur donner un véritable rôle, parce qu'aujourd'hui dans le texte, ils sont là à titre consultatif mais on voudrait qu'ils puissent aller plus loin, qu'ils puissent s'autosaisir de questions qui posent problème dans des concentrations notamment.