Louise Morel : « La souffrance des trois Français retenus en Iran est immense et il est de notre devoir d’y mettre un terme »
Ce mardi 11 février, notre députée du Bas-Rhin, Louise Morel, a interrogé le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, sur le sort des 3 otages français retenus en Iran depuis 2022 : Cécile Kohler, Jacques Paris et Olivier Grondeau.
Seul le prononcé fait foi.
Question de Louise Morel, députée du Bas-Rhin :
Ma question s’adresse à Monsieur le Ministre de l’Europe et des Affaires étrangères,
Monsieur le Ministre,
À cette heure, trois Français sont retenus en Iran depuis 2022 : Cécile Kohler, Jacques Paris et Olivier Grondeau, dont l’identité vient d’être révélée.
Je souhaite attirer votre attention sur la situation alarmante que vivent nos concitoyens et tout particulièrement Cécile Kohler, professeure agrégée de lettres modernes qui est originaire de Soultz, en Alsace. Elle est détenue arbitrairement dans la tristement célèbre prison d’Evin et le 30 janvier dernier a marqué le triste cap de ses 1 000 jours de détention. Ce sont 1 000 jours de trop.
Cécile Kohler est accusée sans fondement, d'espionnage et subit des conditions de détention inhumaines, notamment l'isolement cellulaire prolongé qui est assimilable à de la torture selon les normes internationales. Selon des témoignages de codétenues, elle est "extrêmement affaiblie" physiquement.
Récemment, la lauréate du prix Nobel de la paix, Narges Mohammadi, a déclaré que « Les mauvais traitements dont Cécile est victime présagent de conséquences extrêmement lourdes et irréversibles sur sa santé physique et mentale. »
Je voudrais avoir ici une pensée pour la famille de Cécile Kohler, mais aussi de Jacques Paris et d’Olivier Grondeau. Ils endurent cette épreuve avec une dignité et une résilience exemplaire. Leur souffrance est immense, et il est de notre devoir de tout mettre en œuvre pour y mettre un terme.
Ainsi, Monsieur le Ministre, au-delà des efforts déjà engagés par la diplomatie française, quelles actions le gouvernement met-il en œuvre pour garantir à nos ressortissants des conditions de détention dignes ? Et plus important encore, quels leviers diplomatiques sont actuellement mobilisés pour faire progresser les négociations et obtenir leur libération dans un contexte international particulièrement difficile ?
Je vous remercie.
Réponse de Jean-Noël Barrot, ministre de l'Europe et des Affaires étrangères.
Mesdames et messieurs les députés, madame la députée Louise Morel,
Merci d'avoir attiré l'attention du gouvernement et de la représentation nationale sur le sort de nos compatriotes, otages d'État de la République islamique d'Iran.
Ça fait plus de mille jours, vous l'avez dit, que Cécile Kohler et Jacques Paris sont retenus arbitrairement en Iran. Contraints à des aveux forcés. Obligés de dormir à même le sol dans des cellules éclairées en permanence. Réduits à des contacts très épisodiques avec leur famille sous la surveillance de leurs geôliers. Et privés de contact avec notre ambassade sur place depuis maintenant plus d'un an. Des conditions, vous l'avez rappelé, qui sont assimilables en droit international à de la torture.
Et ça fait plus de 850 jours que notre compatriote Olivier Grondeau est lui aussi retenu arbitrairement en Iran, qui a eu le courage le 13 janvier dernier de témoigner à visage découvert après avoir été déplacé d'une prison à l'autre et avoir vu ses conditions de détention se dégrader. Il a été condamné à 5 ans de prison. Il a des contacts plus réguliers avec sa famille et il devrait avoir aujourd'hui un contact avec notre ambassade.
Alors face à tout cela, évidemment, nous nous tenons aux côtés des familles. Je les ai rencontrées le 17 octobre dernier et le président de la République les rencontrera prochainement. Nous agissons avec fermeté en ayant indiqué aux autorités iraniennes que nous ne lèverons aucune sanction tant que nos otages ne seront pas libérés. Et j'ai appelé récemment l'Union Européenne à prendre des sanctions nouvelles contre les responsables de cette détention arbitraire.
Mais tout cela ne suffit pas parce que le calvaire de nos compatriotes retenus arbitrairement otages d'Etat ne s'arrête pas le jour de leur libération. Ils emportent avec eux un fardeau pendant des mois et des années après leur libération. C'est pourquoi j'ai demandé aux services du Quai d'Orsay de nous faire des propositions pour que nous puissions créer un statut pour les ex-otages, pour les accompagner et pour qu'ils n'aient pas à subir une double peine après avoir payé du prix de leur liberté le simple fait d'être citoyens français.