Anne Bergantz : « Une tragédie qui est aussi le résultat des décennies de dictature en Syrie »

Ce mardi 11 mars, Anne Bergantz, députée des Yvelines, a interrogé notre ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, sur la situation en Syrie.

Seul le prononcé fait foi

Question de la députée Anne Bergantz :

Merci madame la présidente. Ma question s'adresse à monsieur le ministre de l'Europe et des Affaires étrangères.

Ces trois derniers jours, plus de 1300 personnes sont mortes dans la région alaouite en Syrie. Les trois quarts d'entre elles étaient des civils et c'est une tragédie. Une tragédie qui est aussi le résultat des décennies de dictature. Les soldats de l'ancien régime de Bachar el-Assad se sont livrés à des opérations de guérilla depuis jeudi soir, ce qui a donné lieu à ces représailles d'une violence inouïe.

Depuis la chute du régime il y a trois mois, la population syrienne n'a pourtant qu'un espoir : celui de rompre avec le cycle de la violence qui a détruit son pays. Ces massacres menacent la transition syrienne pacifique que revendique le président par intérim, Ahmad al-Chareh. Car nous n'avons jamais été naïfs, nous avons toujours dit que ce régime devrait être jugé sur ses actes, et non sur ses intentions et que des garanties devraient être apportées pour intégrer la mosaïque des communautés qui composent la Syrie dans un projet politique pacifié.

Dans ce contexte particulièrement tendu, nous avons salué hier la signature d'un accord déjà qualifié d'historique entre Damas et le général Mazloum des forces démocratiques syriennes kurdes. La diplomatie française, il faut le souligner, n'est pas étrangère à ce succès. C'est bien l'initiative franco-américaine de médiation qui a concrétisé ce rapprochement pour enfin intégrer des institutions autonomes kurdes au sein de l'État syrien. Cet accord doit garantir les droits politiques et les intérêts de nos partenaires kurdes si longtemps marginalisés et menacés dans la région. Il est aussi la clé de la poursuite de la lutte contre Daesh.

Pourtant, les défis restent nombreux et l'unité de la Syrie loin d'être garantie. Face à une situation qui évolue très vite, quel peut être le rôle de la France pour accompagner une transition démocratique et une paix tant attendue par le peuple syrien ?

Je vous remercie.

Réponse du ministre Jean-Noël Barrot :

Mesdames et messieurs les députés, madame la députée Anne Bergantz.

Merci de rappeler que nous abordons cette situation tragique, celle de ces derniers jours, comme celle de la Syrie plus généralement, sans aucune naïveté. Nous sommes parfaitement conscients qu'il n'y a pas d'avenir pour la Syrie sans la justice et qu'il n'y aura pas de justice sans que toute la lumière et que toute la vérité soit faite sur les événements tragiques qui ont eu lieu sur la côte ouest de la Syrie.

Qu'est-ce qui a poussé certains groupes liés au régime de Bachar Al-Assad, peut-être des influences étrangères, à attaquer des membres des services de sécurité du gouvernement intérimaire ? Qu'est-ce qui a conduit ensuite des groupes islamistes à prendre d'assaut des populations civiles innocentes, alaouites et dans une moindre mesure chrétiennes ? Il faudra que justice soit faite, il faudra que les responsables de ces exactions soient punis.

Mais le travail doit se poursuivre parce que se joue en Syrie, une grande partie de notre sécurité. C'est en Syrie, il y a une dizaine d'années, qu'ont été fomentés des attentats contre le territoire national. Et c'est la raison pour laquelle la diplomatie française est pleinement mobilisée pour maîtriser ces risques.

En commençant par faciliter la médiation entre les Kurdes syriens et le gouvernement transitoire. Pourquoi ? Eh bien parce que les Kurdes de Syrie, qui ont été nos alliés fidèles dans la lutte contre Daesh, étaient ces derniers mois dans une situation de fragilité, pressés par des puissances étrangères et en situation de vulnérabilité, ce qui aurait pu conduire à fragiliser la sécurité des prisons dans lesquelles sont détenus des dizaines de milliers de combattants de Daesh. Cet accord qui a été trouvé hier est une excellente nouvelle car il permet d'envisager une intégration et une défense des droits et des intérêts des Kurdes pour l'avenir de la Syrie. J'aurai cet après-midi le général Mazloum au téléphone pour m'entretenir des suites qu'il entend donner à cet accord.

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