Marc Fesneau : « On considère qu'il faut faire plus de justice fiscale »
Marc Fesneau, président du groupe Les Démocrates à l'Assemblée nationale et premier vice-président du MoDem, est intervenu ce jeudi 24 octobre 2024 dans l'émission Les 4V sur France 2 à l'occasion de l'examen du projet de loi de finances 2025 et des mobilisations agricoles annoncées pour novembre.
Budget 2025 : « On considère qu'il faut faire plus de justice fiscale »
Le débat politico-médiatique se focalise actuellement sur l'examen du budget pour l'année 2025, dans un contexte marqué par des défis économiques et fiscaux importants pour notre pays. En effet, la dérive des finances publiques place les parlementaires devant l'impératif de trouver des économies ou de générer de nouvelles recettes.
Par l'intermédiaire de Marc Fesneau, nous considérons « qu'il faut être responsable, c'est à dire trouver des recettes, mais dans une limite qui soit raisonnable. » Certains dispositifs fiscaux montrent « qu'il y a des effets de bord depuis des années, tout le monde le sait, sur lesquels il faut qu'on travaille », ajoute Marc Fesneau. Dans cette même dynamique, notre orientation politique demeure résolument ancrée dans la recherche d'une plus grande justice fiscale. Cela se reflète notamment à travers l’amendement déposé par nos députés qui propose une augmentation durable de la contribution fiscale des hauts revenus.
Si vous dites que c'est une mesure de justice fiscale, la justice fiscale ce n’est pas une fois, un an. La justice fiscale, c'est quelque chose qu'il faut rétablir. Deuxièmement élément, vous savez très bien que si vous dites pour une mesure fiscale qu'elle est pour un an, tout le monde va faire en sorte que pendant la première année, on évite, qu'il y ait une stratégie d'évitement de cette contribution et que la deuxième année, comme elle aura disparue, il n’y aura pas eu cette contribution.
Cette conjoncture politique inédite exige un subtil équilibre entre notre engagement gouvernemental sans faille et le rôle législatif de nos parlementaires. Loin de toute opposition stérile, le Mouvement Démocrate s'efforce de démontrer la valeur de la culture du compromis, en assumant la possibilité d’accord ou de désaccord avec des responsables politiques de tous horizons. Notre premier vice-président réaffirme pleinement l’importance de la présence des ministres MoDem au sein du gouvernement Barnier : « je considère que nous sommes engagés auprès de Michel Barnier. Vous savez qu'au sein de mon groupe, on s'était posé des questions pour notre entrée au gouvernement. Mais une fois qu'on est embarqué, on est embarqué. »
Cela dit, la recherche de ce terrain d'entente ne diminue en rien notre capacité à exprimer nos divergences. C’est d’ailleurs l’un des privilèges de vivre en démocratie : pouvoir défendre ses idées dans un cadre respectueux. À cet égard, le député du Loir-et-Cher estime « qu'on a besoin de construire une méthode » et que « ce n'est pas grave de ne pas être d'accord. »
C'est dans cet esprit de responsabilité que nos parlementaires examinent chaque proposition et chaque amendement. Autrement dit, Marc Fesneau exprime fermement son opposition à la surenchère fiscale promue par la gauche en commission :
Je le disais à des collègues de gauche hier, j'ai dit « Je regrette que vous ne fassiez pas un effort aussi, vous, même si vous ne faites pas partie de la coalition gouvernementale, que vous ne fassiez pas un effort de responsabilité ». On sait très bien qu'à 80 milliards [de hausse d'impôts] on met à sac le pays !
Agriculture : « Rien de ce qui avait été promis n'est pas dans les tuyaux en cours »
Ancien ministre de l'Agriculture jusqu'à la formation du gouvernement Barnier après la dissolution, Marc Fesneau possède une connaissance approfondie des enjeux agricoles. Il s'est engagé à améliorer la rémunération des agriculteurs, notamment à travers les lois EGalim et la revalorisation du minimum retraite. Il a également initié une simplification des normes inutiles ou contraignantes et a vigoureusement défendu notre modèle agricole français, y compris au niveau européen, en plaidant pour une PAC plus ciblée et juste. Durant sa fonction, il a également apporté un soutien majeur à ce secteur en difficulté, répondant aux cris de détresse et au « ras-le-bol » exprimé par des agriculteurs excédés par des décennies d'inaction gouvernementale.
Interrogé sur les manifestations agricoles prévues en novembre, Marc Fesneau a souligné l'impact du changement climatique dans le quotidien des travailleurs de la terre, rappelant « que depuis un an, presque dix-huit mois, on a une climatologie très défavorable à la production agricole. »
On a besoin de travailler avec le monde agricole pour améliorer les trésoreries, ça c'est le le temporaire, puis après il faut qu'on les prépare à cette grande transition climatique parce que des années atypiques, ça sera la norme.
L'urgence réside dans la nécessité d'anticiper l'avenir en proposant aux agriculteurs une stratégie d'adaptation durable, afin de préparer notre modèle agricole aux défis désormais constants du changement climatique et des catastrophes naturelles. Sur ce point, notre premier vice-président fait preuve de lucidité et affirme que « si on se contente de gérer juste les crises, on va sans arrêt boucher les trous et à chaque fois, c'est des agriculteurs qui disparaissent. »