Marc Fesneau : "Il n'y aura pas de grand soir en agriculture"
Yannick Boucher pour La Voix du NordA l'occasion d'un déplacement dans le Nord pour une grande fête agricole rassemblant 70 000 visiteurs à Cambrai, Marc Fesneau, ministre de l'Agriculture, s'est entretenu avec La Voix du Nord sur la situation agricole française. Lire son entretien.
La Voix du Nord : Quelle est l’actualité du monde rural en cette rentrée ?
Marc Fesneau : C’est d’abord celle des différentes productions, avec une année qui s’annonce globalement dans la norme.
Le blé tendre est à + 5 % sur un an. Le blé dur, le maïs baissent, mais avec moins de surfaces. La betterave aura une année correcte, malgré un peu de jaunisse dans le Nord, mais avec aussi un meilleur rendement et des cours élevés. Ceux de la viande bovine sont élevés, comme pour le porc, mais les structures restent fragiles. Sur la volaille, les éleveurs attendent une vaccination contre la grippe aviaire. Sur les fruits et les légumes, la consommation reprend enfin. Dans le lait, les cours se tiennent bien...
Justement, votre loi d’orientation agricole insiste sur la transmission des exploitations. Où en est-on ?
Un agriculteur français sur deux sera à la retraite dans les dix ans. On installe 13 000 nouveaux agriculteurs chaque année, il en faudrait 20 000, il nous en manque 7 000 par an.
Je vais dire dimanche à Cambrai qu’il faut un pacte avec la jeunesse, autour des notions de transition écologique et de souveraineté. Cela exige des lois et des moyens.
Un effort de 400 M€ est accordé pour le portage foncier par un tiers, pour que les jeunes puissent s’installer plus facilement. On met aussi 250 M€ par an de plus sur la réduction des phytosanitaires (pesticides).
Une partie du monde rural et de l’opinion regrette l’influence de la FNSEA, syndicat majoritaire, sur le ministère de l’agriculture. Que répondez-vous ?
C’est une vieille querelle. On a des syndicats, c’est une bonne chose, et nous disons qu’une transition, cela prend du temps, pour concilier l’économique avec l’écologique.
Il n’y aura pas de grand soir en agriculture. Je n’interdis pas tous les phytos, mais j’en réduis l’usage global, c’est le chemin à prendre et cela fait partie du pacte avec les jeunes.