Marc Fesneau : "La culture du compromis s’apprend et doit s’apprendre pour tous"
Invité du week-end dans la matinale de France Inter, Marc Fesneau, Ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, est revenu notamment sur les relations au sein du Parlement et sur l’utilisation des pesticides dans l’agriculture française.
Parlement : "Le seul pays qui voit les choses en noir ou blanc"
En tant qu’ancien ministre chargé des Relations avec le Parlement lors du dernier quinquennat, Marc Fesneau indique la nécessité d'apprendre la culture du compromis :
La culture du compromis s’apprend et doit s’apprendre pour tous. Nous sommes sans doute le seul pays qui voit les choses en noir ou blanc, en pour ou contre, alors que tous les pays qui nous environnent savent ce qu'est le compromis parlementaire et les majorités relatives.
Il rappelle les propos de la Première ministre qui avait soulevé le fait que la majorité sera ouverte pour faire en sorte d’aboutir à des compromis. Le compromis fonctionne donc si chaque partie est prête à le faire réellement.
Marc Fesneau évoque un exemple très concret à l'échelle régionale : élu d’opposition en Centre-Val de Loire, il essaie de trouver des terrains d’entente avec le Président de la région, et vice-versa, afin de travailler ensemble comme sur la création d'un CHU à Orléans.
Agriculteurs : "Derrière le produit, il faut penser qu'il y a un agriculteur"
Elisabeth Borne, Première ministre, a récemment promis une loi d’orientation agricole que Marc Fesneau va mener, notamment pour une meilleure rémunération des agriculteurs. À ce sujet, le ministre de l’Agriculture rappelle l’engagement pris par Emmanuel Macron lors du Salon International de l’Agriculture.
Agir sur toutes les volontés qui permettent de tracer un avenir et des perspectives pour nos agriculteurs et notre agriculture.
Cette loi d’orientation traite avant tout des sujets d’installation et de cession d’exploitation. C'est ainsi que 70% des agriculteurs - soit 200 000 personnes - vont pouvoir partir à la retraite dans les années qui viennent, ce qui nécessite de rendre la filière plus attractive et faciliter l'installation des jeunes notamment ceux qui n’ont pas de parents agriculteurs.
Pour Marc Fesneau, il existe plusieurs leviers sur lesquels travailler pour répondre au sujet de la rémunération des agriculteurs, de la construction des prix à partir du coût des agriculteurs, à une meilleure organisation du marché, ou encore moderniser nos industries agroalimentaires dans un contexte de décarbonation. Il enjoint chaque citoyen à avoir une réflexion comme consommateur pour préserver une agriculture française de qualité :
Derrière le consommateur il y a un citoyen, et derrière le produit il faut toujours penser qu'il y a un agriculteur.
Pesticides : "La France fait partie des bons élèves"
Sur le sujet des pesticides et plus spécialement des néonicotinoïdes, Marc Fesneau insiste sur le fait que la Commission européenne a une ligne directrice de réduction de l’utilisation des pesticides.
La France fait partie des bons élèves concernant la réduction des pesticides. Nous sommes sur une tendance de diminution, ne serait-ce que sur le glyphosate, nous avons baissé de moitié son utilisation en 4 ans. Pour les produits les plus classés, les “CMR 1”, on a réduit de près de 93%.
Sur les néonicotinoïdes, Marc Fesneau rappelle que l'Union européenne ne les interdit pas, et qu'il s'agit avant tout d'une décision française. Une dérogation d'utilisation avait été accordée pour l'exploitation des betteraves sucrières face au risque d’impasse technique : “On a donné 3 ans en mettant 20 millions d’euros dans la recherche pour trouver des alternatives techniques, de biocontrôle, au niveau national.”
Marc Fesneau a bon espoir de sortir de l’utilisation des néonicotinoïdes à la fin de cette dérogation, et précise qu'il s'agit d'une volonté commune, des agriculteurs et du Gouvernement.