Marc Fesneau : "La juste rémunération des agriculteurs n'est pas une option mais un impératif."
Marc Fesneau, Ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire, était l'invité politique dans le 13/14 de France Inter ce vendredi 2 septembre. Revisionnez son entretien.
Notre Premier Vice-Président était interrogé par Bruno Duvic et par les auditeurs de France Inter sur des sujets autour de l'agriculture et du dérèglement climatique.
Incendies : "Réfléchir à une défense de la forêt contre l'incendie"
Marc Fesneau indique que durant cet été, c'est un total de 64 000 hectares qui ont été ravagé par les incendies, dont environ 55 000 hectares de forêt. Parmi ces hectares incendiés, moins de 4 000 hectares représentent de la forêt publique, les 3/4 de la forêt en France étant privée.
Selon le Ministre, il faut d'abord "réfléchir à une défense de la forêt contre l'incendie", notamment face à la "remontée en latitude des incendies" avant plutôt cantonnés dans le sud-est et dans le sud-ouest mais désormais bien plus répandus. Cette évolution implique "une prise de conscience qui soit plus générale sur le pays", notamment à travers l'expertise de l'Office National des Forêts.
Sur les questions environnementales, Marc Fesneau souligne l'impact du dérèglement climatique sur les forêts :
La forêt capte moins de carbone aujourd'hui du fait du dérèglement climatique, parce qu'elle s'accroît moins d'une année sur l'autre. Les arbres se développent moins notamment du fait du stress hydrique
Il sera donc indispensable de prendre cette donnée en compte dans la replantation et le renouvellement des forêts, avec plus de diversité d'essences. Marc Fesneau souhaite prendre ce sujet en regardant "territoire par territoire" en fonction de "la nature différente des sols".
Agriculture : "La Souveraineté alimentaire est une question de rémunération des agriculteurs"
Interrogé sur la brique de lait qui pourrait atteindre un prix unitaire d'un euro, le Ministre de l'Agriculture précise qu'il ne faut pas s'y opposer "du moment que l'augmentation est justifiée". Ainsi la hausse du prix de l'alimentation animale du fait notamment de la sécheresse pèse forcément sur les coûts des agriculteurs, coûts qui doivent être répercutés sur l'ensemble de la chaîne de production.
Marc Fesneau insiste sur les efforts déjà faits par les agriculteurs tout au long des dernières années et appelle "les industriels et la grande distribution à faire leur part dans un esprit de responsabilité collective" :
Si vous commencez à ne pas rémunérer les agriculteurs, au bout la question n'est plus celle du coût, mais de si on a une brique. Vous ne pouvez pas demander à quelqu'un de produire si tous les jours chaque brique de lait qui sort fait perdre de l'argent.
Le Ministre indique que la Souveraineté alimentaire est d'abord une question de rémunération des agriculteurs : "Si on ne rémunère pas nos agriculteurs,il y aura toujours du lait mais il viendra des frontières extérieures".
Marc Fesneau insiste cependant sur les mesures mises en place pour modérer l'impact de l'inflation alimentaire, notamment à travers la redistribution de 100€ par foyer et 50€ par personne supplémentaire : "C'est une compensation qu'on essaye de porter pour qu'elle soit plus supportable pour les plus modestes d'entre nous".
