Marc Fesneau : « Le compromis, ce n'est pas simplement qu'on aille sur ses propres positions »
Au lendemain de la déclaration de politique générale (DPG) du Premier ministre François Bayrou, Marc Fesneau, président du groupe Les Démocrates à l’Assemblée nationale, était l’invité du Grand Entretien d’Ali Baddou et de Léa Salamé sur France Inter.
Déclaration de politique générale : « Un discours de fond et fondamental »
Marc Fesneau a salué la portée de la DPG de François Bayrou, qu’il a qualifiée de « discours plutôt de fond et fondamental ». Selon lui, le Premier ministre a présenté aux députés une méthode et une volonté lucide face aux enjeux budgétaires et sociaux :
Il a tenté de montrer une méthode et une volonté qui s’articulent sur la nécessité de regarder lucidement les questions budgétaires et, avec les uns et les autres, de construire un chemin.
Le président du groupe Les Démocrates a souligné l’importance d’une approche collaborative : « Personne n’est majoritaire en soi, tout seul. Il va falloir construire texte par texte, et le premier qui se présentera à nous est celui du budget. » Marc Fesneau a également insisté sur le besoin de coopération entre le gouvernement et le Parlement :
Donner un cap général, puis voir avec le Parlement comment cela peut se construire.
Retraites : « Un chemin de dialogue et une temporalité crédible »
Abordant la réforme des retraites, un « sujet budgétaire, de dialogue social et de justice sociale », Marc Fesneau a rappelé que le Premier ministre a ouvert un espace de dialogue limité dans le temps qu'il juge nécessaire :
On se donne une temporalité courte, ça donne de la crédibilité parce qu'on ne vient pas procrastiner.
Selon lui, cette approche répond à la demande des partenaires sociaux et politiques, notamment des socialistes. Il a rappelé que des ajustements étaient envisageables :
La réforme est modifiable, qu’il s’agisse de la durée de cotisation, de l’âge pivot, de la pénibilité, des carrières longues ou encore de l’égalité hommes-femmes.
En parlant du Parti socialiste, l'élu de Loir-et-Cher consent qu'il est « compliqué de s'arracher d'accord électoraux » comme celui conclu avec La France Insoumise. Il souligne un fait qui paraît pourtant évident : « on a le droit de ne pas être d'accord avec Jean-Luc Mélenchon, y compris quand on a eu un accord électoral avec lui ». Il rappelle ensuite, après les discussions et les réactions survenues de ce côté de l'échiquier politique :
Le compromis, ce n'est pas simplement qu'on aille sur ses propres positions, ce n'est pas la loi de l'un qui s'impose aux autres.
Pour notre premier vice-président, l’enjeu central demeure dans les prélèvements. Il prévient notamment qu'il ne faudra pas faire porter la charge seulement sur les salariés pour payer les retraites des plus anciens.
Si vous faites tout peser sur les salariés ou sur les entreprises, vous avez un système de déséquilibre.
Économies : « Qu'on passe du ‘yakafokon’ à l’efficacité publique »
Concernant le budget, Marc Fesneau a souligné la nécessité de trouver un équilibre entre justice fiscale et rigueur budgétaire :
Il faut qu'on arrive à trouver un équilibre entre justice fiscale et pas matraquage fiscal.
Il a mis en avant le besoin d’une gestion efficace, notamment en ce qui concerne les agences publiques souvent pointées du doigt, en posant des questions simples : « est-ce que la politique publique, au travers des agences ou directement par l'État, elle est efficace ? Et donc, ce n'est pas seulement on diminue, c'est simplement est-ce qu'on est plus efficace avec l'argent public ? »
Le président de groupe a également critiqué ceux préconisant des solutions irréelles, souvent simplistes, qui ne font que rarement avancer le débat :
Tous ces gens qui nous expliquent partout qu'on peut faire des économies, je voudrais qu'on passe du « yakafokon » à « il faut ».
Enfin, il a insisté sur l’importance de résoudre les problèmes budgétaires rapidement et efficacement face aux dangers européens, mondiaux :
Les Américains, les Chinois, M. Poutine ne nous attendent pas. Si nous restons incapables de de tirer des fils entre nous, on va au chaos.