Marc Fesneau : "Transition et production peuvent se combiner, et il est faux de vouloir les opposer"
Marc Fesneau, ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, était sur France Inter le 29 mai 2024.
Au lendemain de l'adoption de son projet de loi d'orientation agricole par les députés de l'Assemblée nationale, Marc Fesneau était interrogé sur ce dernier sur l'antenne de France Inter. L'occasion, dans un premier temps, de rappeler une partie des mesures prises pour répondre à la crise agricole.
La crise, on y a répondu dans l'urgence par un certain nombre de mesures. Je pense à la crise viticole, la crise de la maladie hémorragique épizootique (MHE) qui touche les bovins. On y a répondu par un certain nombre de mesures fiscales, par des mesures sur l'agriculture biologique. C'est plus de 600 millions d'euros sur la table pour répondre à une crise conjoncturelle souvent, structurelle parfois.
Élaboré depuis une quinzaine de mois, ce projet de loi d'orientation a fait du renouvellement des générations son cheval de bataille principal.
En effet, étant donné que "40 à 50 % des agriculteurs en 2030 pourront partir à la retraite, c'est 200 000 exploitations qui vont chercher un repreneur" précise le ministre de l'Agriculture. Faciliter l'installation d'une nouvelle génération d'agriculteurs en simplifiant les démarches, en valorisant le métier, en rémunérant davantage, est un objectif clair du texte. En outre, "il répond [aussi] à des sujets de crise, et pour moi il y avait deux sujets principaux : 1- le sens qu'on donne à l'agriculture, et 2 - les sujets de simplification."
Accusé par les oppositions écologistes et insoumises de régresser sur le plan environnemental, Marc Fesneau s'en défend par une explication lucide et pragmatique sur la base de l'exemple des retenues d'eau. Il affirme d'abord que "[pour] les projets de retenue d'eau collinaires, l'objectif n'est pas d'en rabattre sur les nécessités environnementales. Simplement, quand vous êtes un producteur [...] et qu'on vous donne entre 3 et 7 ans pour que votre projet aboutisse, compte-tenu des contentieux, vous abandonnez. Et c'est ça qui se passe."
Par ailleurs, ces mêmes oppositions ont critiqué l'instauration d'un "droit à l'erreur" pour les agriculteurs, toujours en matière environnementale. Là encore, le Premier vice-président du MoDem s'emploie à redéfinir ce principe qui suit la logique suivante : "on dit qu'on juge et qu'on jauge la gradation des peines en fonction de l'intentionnalité", selon Marc Fesneau. Il ajoute qu'on "peut distinguer dans la société française, y compris chez les agriculteurs, ceux qui font des actes intentionnels et ceux qui ne le font pas."
Enfin, Marc Fesneau a souhaité mettre l'accent sur l'impératif de répondre au défi climatique dans le monde agricole. Si pour lui "la transition [climatique] et la production, c'est combiné", il faut désormais s'assurer de l'effectivité de cette conciliation.
Transition et production peuvent se combiner, et il est faux de vouloir les opposer. Un réchauffement de 1 à 4°C, c'est une impasse pour de nombreux agriculteurs. Ceux qui disent aux exploitants que c'est mieux sans aucune norme leur mentent.