Marielle de Sarnez et François Bayrou, à la vie, à la mort

Erwan Bruckert pour l'Express
François Bayrou & Marielle de Sarnez
(© AFP)

Marielle de Sarnez et François Bayrou ont tout vécu ensemble, avant que l’élue de Paris ne disparaisse en 2021. Portrait d’un couple politique unique en son genre, publié dans L'Express.

Le nom de Marielle de Sarnez ne s’affiche plus sur l’écran du téléphone de François Bayrou. A dire vrai, il n’y était jamais apparu. Quand le combiné sonnait, les yeux des curieux n’apercevaient qu’un indicateur et une suite de neuf chiffres. A quoi bon les inscrire dans un répertoire puisqu’ils étaient et restent gravés dans sa mémoire : le Béarnais pouvait réciter son numéro par cœur. "On s’appelait dix fois par jour", dit-il, quelques secondes à peine après nous avoir invité à entrer dans son bureau rue de Constantine, au siège du haut-commissariat au Plan. Ceux qui les ont côtoyés de près penchent plutôt pour quinze, ou vingt, au bas mot. Ces deux-là étaient capables de se raccrocher au nez, de se rappeler pour s’engueuler de s’être raccroché au nez, de recommencer, recommencer encore, pour être certains de ne rien avoir oublié dans leurs échanges à rallonge.

Un jeu d’enfants. D’aimants. Aujourd’hui encore, lorsque François Bayrou raccroche d’un appel d’importance, ses doigts composent parfois, machinalement, le numéro de son alter ego. Elle était toujours la première au courant. De tout, tout le temps. Il confie, lentement :

C’est une entente comme il n’en existe pas en politique. Nulle part. Indécourageable. Inusable. C’est une très belle histoire." Exceptionnelle, oserons-nous même.

C’est ici même, au Plan, que les historiques du Mouvement Démocrate (MoDem) se réunirent autour de leur patron à la tombée de la nuit du 13 janvier 2021. Le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau avait coupé court à son dîner avec le patron de la région Paca Renaud Muselier pour rejoindre Jacqueline Gourault, ministre de la Cohésion des territoires, Jean-Louis Bourlanges, Patrick Mignola et Jean-Paul Mattei dans l’hôtel particulier du VIIe arrondissement… Ce soir-là, Marielle de Sarnez avait succombé à la leucémie foudroyante contractée six mois plus tôt.

Tous connaissent alors un sentiment de vide béant. "Je ne peux pas croire qu’elle ne soit pas là", répète inlassablement François Bayrou, tout en répondant aux dizaines d’appels de responsables politiques désireux de présenter leurs condoléances. Parmi tous ces témoignages de soutien, il reçoit un texto de Jean-François Copé qui l’émeut particulièrement : "Vous aviez une force à deux que nous, à l’UMP, nous n’avions pas à mille."

Il en fallait, de la force. L’UDF, la conquête de la mairie de Pau, le passage de Bayrou au ministère de l’Education, les trois campagnes présidentielles, le MoDem, le ralliement à Emmanuel Macron en 2017… Marielle de Sarnez était de toutes les épreuves et de toutes les déceptions. Plus qu’un duo, les héritiers de Giscard et Lecanuet ont formé une armature vouée à sauver leur famille politique et à mener le maire de Pau à l’Elysée. "Marielle était entièrement, complètement, au service de cette aventure née avec François", soutient l’un de leurs amis communs. Encore davantage lorsque le parti centriste connaît, après 2007 et 2012, une traversée du désert qui a vu nombre de ses "bédouins" – dixit Bayrou – fuir la caravane en quête d’un avenir politique plus séduisant ailleurs. Quand les fonds et les hommes viennent à manquer, quand les pots organisés au 133 – le siège du Modem rue de l’Université – se font plus rares et modestes, il y a toujours une indéfectible porteuse d’eau.

"Le fou des deux, c’était moi", dit-il avec large sourire en plongeant longuement ses yeux dans les vôtres. Suffisamment pour que vous compreniez qui des deux conduisait le tandem, où se situait l’audace. Lui, le théoricien, l’idéologue ; elle, la tacticienne, l’organisatrice intraitable voire autoritaire. "Ils étaient complémentaires : elle raisonnait François quand il allait trop loin, elle a souvent été celle qui le tempérait", résume l’ex-ministre et amie de toujours Jacqueline Gourault, désormais Sage du Conseil constitutionnel.

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