Marseille ne sera pas oubliée par la République
Le chef de l’État a fait une visite importante dans la cité phocéenne en apportant des solutions et un plan pour la ville. Marseille en grand, c’est Marseille qui doit pouvoir compter sur le soutien sans faille de l’État. Pour ses habitants, ses travailleurs, ses jeunes qui doivent pouvoir vivre dans une ville sûre et qui leur offre toutes les garanties pour s’épanouir.
Mohamed Laqhila, député de la 11ème circonscription des Bouches-du-Rhône, membre de la commission des finances et rapporteur spécial cohésion des territoires revient pour nous sur les principales annonces du président de la République.
- Le plan annoncé par le président de la République prévoit la réhabilitation de plus de 10 000 logements insalubres et un investissement de 17 millions d’euros dans la ville. Êtes-vous satisfait de cette mesure ?
Dans mon rapport d'évaluation de juin 2019, je me suis intéressé à la mise en œuvre de la politique de rénovation urbaine dans les trois villes de Marseille, Montpellier et Aix-en- Provence.
J’ai par ailleurs fait adopter dès fin 2017, un amendement prévoyant le doublement de l’enveloppe consacrée au Nouveau Programme National de Renouvellement Urbain (NPNRU), faisant passer la dotation de 5 à 10 milliards d’euros.
Dans le cadre de ma mission de Rapporteur spécial pour la commission des finances, je me suis souvent déplacé et ai auditionné différents acteurs en matière d’urbanisme. Comme j’ai eu l’occasion de le signaler, Marseille a toujours connu une sous-consommation des crédits qui lui étaient alloués en matière de rénovation urbaine notamment et de mixité sociale.
En effet, lorsque nous avions voté dans la loi de finances de 2018 les budgets dédiés au Nouveau Programme de Rénovation Urbaine (NPNRU) certains projets du premier plan ANRU n’avaient même pas encore été commencés.
Ainsi en 2019, près de 60 % des 422 opérations prévues n’étaient toujours pas soldées (248 opérations) du fait du démarrage tardif des opérations. 10 % n’ont toujours pas fait l’objet d’un démarrage opérationnel, ce qui induit un risque significatif de sous-consommation des crédits engagés. Aussi, quatre opérations d’aménagement et d’équipements ont été abandonnées sur les trente-six prévues. De même, seulement 55 % des 387 opérations prévues en diversification de l’offre ont été réalisées ou sont en cours de réalisation du fait d’une sous-mobilisation très forte par l’Association foncière logement de ses contreparties.
Ces difficultés sont notamment liées, et le président Macron l’a courageusement rappelé, à la complexité de mise en œuvre d’un portage opérationnel de l’ensemble des projets sur le territoire marseillais.
Plus qu’un manque de moyens financiers donc, j’explique cet état de fait par une mésentente globale au niveau des différentes et trop nombreuses strates administratives, mais aussi et surtout par un manque de portage politique flagrant par le passé.
Je ne peux que me réjouir que le Président de la République en personne prenne ce problème à bras le corps et assure cette fonction qui entraînera, je l’espère, l’ensemble des élus que ce soit à la mairie, à la métropole ou au département.
Quel est votre position quant au projet des écoles « laboratoires » ?
Le président a confirmé ce que d’aucuns savaient : les 174 écoles de Marseille sont dans un état de délabrement tel, que l'apprentissage y est devenu impossible. Il a esquissé des aspects de cette "école du futur", qu'il veut expérimenter à Marseille et qui serait élargie à d’autres territoires en cas de succès.
Aujourd'hui, c'est le département qui décide en effet de l'affectation d'un enseignant selon un système de points, en fonction de son ancienneté ou de sa situation familiale. Dans ces écoles "laboratoire" de Marseille, Emmanuel Macron veut donc que les directeurs recrutent eux-mêmes leurs équipes. J’estime pour ma part que les professeurs doivent pouvoir choisir de travailler dans des quartiers parfois difficiles. "Je suis pour une ouverture et pour des tentatives d'inciter les équipes à se fédérer autour d'un projet, à y rester longtemps et à donner des moyens.
Ce qu’il ne nous faut pas perdre de vue, c’est l’intérêt supérieur des élèves. Je retiens également l’annonce de la création dans trois mois maximums d'une société publique d'intérêt national pour piloter ce chantier.
L’avantage de cette proposition est qu’elle ouvre la porte à la réflexion sur l’amélioration des méthodes éducatives. Espérons que cette énième structure ne devienne une coquille vide, mais j’ai bon espoir et je sais pouvoir compter sur le Président Macron pour assurer un suivi accru de ces travaux et réflexions. A nous parlementaires, de nous saisir de cette proposition du chef de l’État pour donner aux directeurs et aux enseignants des moyens accrus et plus souples pour inverser cette tendance. Enfin, même si les crédits du volet éducatif ne relèvent pas directement de ma mission de Rapporteur, j’envisage toutefois dans mon prochain rapport d’examiner les dispositifs de décrochage scolaire que notre majorité a mis en place.
Marseille peut-elle compter sur la richesse de sa culture et capitaliser dessus pour attirer aussi bien des investisseurs que des touristes et embellir l’image de la ville ?
La réponse est dans la question : le trésor de Marseille est la richesse de sa culture, son patrimoine et ses paysages qui irradient bien au-delà de nos frontières et attirent, année après année, un nombre croissant d’investisseurs et de visiteurs.
Marseille, deuxième ville de France, a toujours été et est encore une ville attractive pour toutes ces raisons. Je le dis souvent : « Marseille est un diamant brut qui ne demande qu’à être taillé ». Selon moi, les freins se situent davantage du côté de la capacité à conserver les talents sur le territoire qu’à les attirer.
Le 23 septembre prochain, je co-organise justement une conférence visio intitulée : « Marseille et le bassin méditerranéen : une ouverture privilégiée vers l’autre rive et vers le monde ? ». Trois chefs d’entreprises marseillaises témoigneront de leurs expériences au quotidien. En présence de Franck Riester, Ministre chargé du commerce extérieur et de l’attractivité et du Conseil régional de l’Ordre des Experts-comptables PACA, nous aurons l’occasion de bien cibler ce qui est mis en place et ce qu’il faut améliorer pour dynamiser davantage cette ville et son économie.