Mathilde Desjonquères : "Continuer de faire bouger les lignes pour l'accès aux services publics dans la ruralité"
Mathilde Desjonquères, Députée du Loir-et-Cher, a présenté début avril avec son collègue Pierre Morel-A-L'Huissier leur rapport d'information sur la mise en œuvre des conclusions du rapport d’information sur l'évaluation de l'accès aux services publics dans les territoires ruraux. Revoir leurs explications.
Répondre aux problématiques des ruralités
D'après le dernier rapport de l'INSEE, les territoires ruraux, c'est-à-dire l’ensemble des communes peu denses ou très peu denses, réunissent 88 % des communes en France et 33 % de la population en 2017.
Pour répondre aux problématiques particulières rencontrées sur ces territoires, Jean-Paul Matteï et son collègue Jean-Paul Dufrègne avaient produit en 2017 un rapport d'information sur l'évaluation de l'accès des services publics dans les territoires ruraux.
A l'issue de nombreuses auditions et de rencontres, les rapporteurs ont construit, en 2019, 23 propositions sur la couverture numérique, les mobilités, la santé, l'accompagnement ou encore l'accès mutualisé à des services publics dématérialisés.
Mathilde Desjonquères et Pierre Morel-A-L'Huissier ont ainsi été nommés co-rapporteurs d'un rapport sur l'avancement de ces propositions et une évaluation de la situation qu'ils ont présenté et remis au ministre début avril.
Mathilde Desjonquères : "On a 88% de notre territoire qui est concerné par la ruralité !"
L'objectif de la mission dont je suis co-rapporteure avec Pierre Morel-A-L'Huissier, c'est de partir du rapport de l'évaluation des services publics en ruralité qui a été rendu notamment par Jean-Paul Matteï, qui est notre président de groupe MoDem aujourd'hui, et dans lequel avait été dressé 23 propositions.
Aujourd'hui, on en a quatre qui ne sont vraiment pas du tout lancées, on a une proposition qui fonctionne vraiment très bien - c'est la maison France Services - et après d'autres propositions ont été engagées mais ne sont pas forcément toutes abouties.
Quand on est rapporteur dans le cadre du comité d'évaluation, on ne vote pas la loi, on analyse les politiques publiques et l'action gouvernementale. Donc là, on a eu l'occasion de rencontrer 57 acteurs les plus diversifiés qui soient, de tous les secteurs ruraux.
On a tenu compte également d'une évolution de la typologie de la ruralité, c'est-à-dire que l'Insee a classé maintenant 88% des communes en secteur rural avec 33% de la population. Ça fait qu'aujourd'hui la ruralité est un élément fondamental du territoire français.
A travers ça, on a essayé d'analyser les attentes, les angoisses, les difficultés inhérentes au territoire rural.
La situation des services publics dans les territoires ruraux est assez paradoxale parce qu'il y a ce côté effectivement, les maisons France Services qui fonctionnent bien et on a des bons retours, c'est un guichet d'accueil dans lequel on va retrouver différents partenaires comme par exemple la CAF, la MSA, la DGFIP qui vont aider notamment dans toutes les démarches qui sont aujourd'hui dématérialisées pour les habitants.
Donc il y a un vrai accompagnement et il y a un joli succès sur ça. Et en parallèle de ça, pour autant, les territoires ruraux ont toujours cette sensation d'abandon.
Je pense qu'il y a effectivement un clivage aussi entre citadins et ruraux, qui n'est même pas forcément légitime en plus de ça, parce que l'idée est plutôt de qu'on construise quelque chose tous ensemble, mais c'est vrai que dans notre imaginaire collectif, on a plutôt tendance à se dire que la France est un pays de citadins, alors que dans la réalité, c'est un pays de ruraux.
On a 80 % de notre territoire, 88 % de notre territoire même qui est concerné par la ruralité et ce qui fait de nous finalement le deuxième pays rural juste après la Pologne en Europe.
Alors ce qu'on a préconisé, on est surtout rentré par quatre thématiques différentes, à savoir la question de la santé, la question de la mobilité, la question de l'isolement, la question également de l'accès au service public et la question du numérique.
On a fait un peu les douze travaux d'Hercule. On a développé une douzaine de propositions par rapport à ces quatre grandes thématiques là, et c'est des propositions qui vont être transverses, et elles sont pas forcément figées sur un seul sujet.
Depuis le mois d'octobre, on a fait à peu près une dizaine d'auditions, plus des visites de terrain, et donc, on rend notre rapport qu'on va transmettre effectivement au ministre, avec nos propositions.
L'idée est qu'effectivement ces propositions là, de la même manière qu'elles ont servi à faire bouger les choses en 2019, ça sert aussi à continuer de faire bouger les lignes pour la ruralité.