Mayotte : "Le MoDem a clairement sa place de par ses sensibilités et valeurs humanistes"
Maïwenn Le Goff pour Le Journal de MayotteLe Journal de Mayotte s'est entretenu avec la présidence du MoDem Mayotte, Daniel-Martial Henry et Kassandrah Chanfi, respectivement président et déléguée du mouvement départemental MoDem976. Retrouvez l'entretien en entier dans le Journal de Mayotte.
Journal De Mayotte : J’en reste sur les mesures annoncées par ce CIOM et notamment la 1ère qui fait état de cette baisse tarifaire liée à l’octroi de mer, comment Mayotte doit se positionner par rapport à cela ?
Daniel-Martial Henry : Il va falloir pour nos élus locaux réfléchir en saine concertation au regard d’objectifs précis et qu’ils n’aillent surtout pas dans la démagogie. Baisser l’octroi de mer, sous entendu de favoriser les importations notamment depuis l’U.E ou encore la Métropole, cela va renforcer la dépendance économique mahoraise.
Contrairement peut-être à d’autres DOM, nous avons besoin ici de développer les activités de production locale; c’est du moins l’objectif du MoDem.
Tout ce que nous mangeons avoisine les 100 % d’importation et notre richesse est liée à 51% de ce que crée l’Administration publique contre 20% en Métropole, donc notre territoire est inactif.
Où est passée notre filière aquacole ? Où en sont nos industries de l’Agriculture et de la pêche ? Ce sont toutes ces visions dans leur ensemble qu’il faut prendre en considération.
JDM : Dernière question, l’actualité semble donner une petite mise en avant du MoDem, notamment par la nomination du nouveau ministre délégué aux Outre-mer, Philippe Vigier, portant cette même étiquette. Cette approche centriste est-elle une nouveauté sur notre territoire et un avantage pour les mahorais en comparaison d’autres bords politiques ?
Kassandrah Chanfi : Ma réponse va paraitre cliché mais c’est une réalité : de par son Histoire, ses valeurs et son identité, Mayotte est profondément centriste.
Le MoDem a clairement sa place de par ses sensibilités et valeurs humanistes, de partage et de liberté.
La colère manifestée par les urnes n’était en rien synonyme d’extrême et ça, il est important de le rappeler. En plus de travailler sur des dispositifs concrets, nous sommes toujours à l’étude vigilante de tout ce qui se passe autour de nous et très soucieux de prendre le temps de l’explication et de la transparence auprès de la population, au regard notamment du travail du Gouvernement et des actions mises en place. Notre travail se veut toujours en commun.
Daniel-Martial Henry : Le MoDem n’est pas un mouvement corporatiste. Quand vous avez un Gouvernement de Gauche, il cherche à plus s’appuyer avec les syndicats; quand il est plus de Droite, c’est vers le patronat.
L’idéologie MoDem se veut de résonner en termes d’individus et non de corporations.
Notre démarche s’inscrit dans la dynamique inclusive et participative et nous sommes au cœur des actions.
En France, tout ce qui est grands projets par exemple, TGV, nucléaire, grands axes routiers, c’est le MoDem. Nous sommes inclusifs mais ça n’est pas pour autant que nous voyons petit.
Et concernant les ressentiments et colère des concitoyens mahorais là aussi, il est important d’être à l’écoute mais surtout d’apporter des solutions viables et concrètes à l’arrivée.
La colère n’est pas le quotidien des gens, il s’agit de situations périodiques, voire même de choc dans la société, durant lesquels des populistes émergent. Surfer sur la vague populaire des ressentiments sans y apporter justement matière étudiée pour résoudre tout cela, je citerai l’élection en 2012 du député Mabawa contre la vie chère et nous avons vu ce que cela a donné…le désenchantement a été très rapide alors tâchons de ne pas reproduire la même erreur.
L’Histoire a donné raison au MoDem et malgré certaines railleries, nous sommes toujours là, fidèles à nos convictions et tournées vers les autres.