Pas de biodiversité si nous ne tenons pas nos objectifs par Jimmy Pahun
Alors que la COP 16 s'achève ce 1er novembre, Jimmy Pahun, député du Morbihan, revient dans son billet d'humeur du jour sur les enjeux et conséquences de cette conférence internationale organisée par l'Organisation des Nations unies à Cali, en Colombie.
En ce moment même se tient en Colombie la 16e Conférence des Parties à la Convention sur la diversité biologique. Cette réunion est l’occasion de concrétiser les mesures adoptées lors de l’Accord de Kunming-Montréal en 2022 qui a mis en lumière l’effondrement de la biodiversité à l’échelle planétaire et donné un cadre pour la préserver.
30%.
Ce sont les objectifs qui ont été fixés en 2022 et qui rejoignent ceux de la stratégie de l’Union Européenne sur la biodiversité visant à protéger 30% des écosystèmes terrestres et marins d’ici 2030, dont au moins 10% de façon stricte.
En tant que 2e puissance maritime mondiale, la France a une responsabilité particulière pour la protection de la biodiversité marine. Aujourd’hui, l’un des outils les plus efficaces dont nous disposons sont les aires marines protégées (AMP). En France, 565 AMP couvrent 33% de notre zone économique exclusive mais seuls 1,6% sont en protection intégrale. C’est trop peu !
Selon l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) et la Commission européenne, seules les AMP où les prélèvements des ressources naturelles et minérales sont interdits sont réellement efficaces pour restaurer et protéger la biodiversité.
La France a fait le choix de ne pas retenir ces critères internationaux pour ne pas exclure par nature les activités humaines dont la pêche. Ainsi, la définition d’une AMP française dite « forte » correspond au niveau le plus faible exigé pour justifier de l'appellation d’AMP selon les critères de l’UICN et de l’Union européenne.
Au regard de nos engagements et dans la perspective de la Conférence de l’ONU sur l’Océan à Nice, en juin 2025, il est absolument indispensable que nous nous alignions sur les règles européennes et internationales. C’est notre crédibilité qui est en jeu.
Nous devons aussi parvenir à une ratification rapide du traité sur la protection de la biodiversité en haute mer dont j’ai eu l’honneur d’être le rapporteur à l’Assemblée nationale. Adopté au consensus par les États membres de l’ONU, en juin 2023, il complète la Convention de Montego Bay sur le droit de la mer.
Le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) et l’UICN ont rappelé dans leur dernier rapport Protected Planet qu’il nous faut accélérer nos efforts en doublant la superficie des aires protégées sur terre et en triplant celles en mer d’ici à 2030. Afin de rester à l’avant-garde de la protection de la biodiversité marine au niveau international et atteindre les objectifs fixés, la France doit profiter des opportunités offertes par la COP16 et la Conférence des Nations Unies sur l’Océan pour décider de mesures nationales ambitieuses.
Jimmy Pahun