Philippe Vigier : "Ces images de dégradations, c'est celles d'une France défigurée"
Philippe Vigier, Vice-président du MoDem, est intervenu sur le projet de loi relatif à l'accélération de la reconstruction des bâtiments dégradés lors des violences urbaines. Revoir son discours.
Ces images auxquelles nous avons pu assister tous, entre le 27 juin et le 5 juillet, sont des images dramatiques. C'est celles d'une République fragilisée, d'une République qui a été déstabilisée pendant de longues journées.
D'abord, je voudrais naturellement avoir une pensée pour la famille de ce jeune qui est mort, mais également avoir une pensée émue pour toutes ces forces de l'ordre, tous ceux qui n'ont jamais lâché jour et nuit pour faire en sorte que la paix revienne, que le calme revienne et que l'on soit en capacité d'avancer.
Comme l'a dit le ministre, le moment de l'analyse, le moment des enquêtes judiciaires, l'analyse de la politique de la ville, et je vous en dirai un mot parce que j'en partage avec Thierry Benoît le fait d'être là depuis quelques années.
Dommage, les députés écologistes ne sont pas là, mais je le dirai à la fin de mon propos. Il faudra aussi savoir pourquoi, en mettant plus d'argent, comme nous le faisons depuis de longues années, Monsieur le ministre, et bien les résultats ne soient pas à la hauteur.
Je n'oublie pas que ces images que nous avons tous vues, elles ont touché 500 communes, que ces images elles ont abîmé, détruit 750 bâtiments publics ou privés.
Et ayons aussi une pensée émue pour ceux qui ont perdu leur outil de travail, pour les médecins généralistes dont le cabinet a été brûlé, pour l'infirmière qui n'a plus de voiture, pour les enseignants qui n'ont plus d'école, pour ce car qui a été brûlé, ce bus sanitaire dans lequel on dépistait des pathologies, en particulier pour les femmes.
Toutes ces images, celle d'une France défigurée, et il faut, Monsieur le Ministre, et c'est tout votre honneur de porter ce texte dans l'urgence, être en capacité, naturellement, d'essayer de gommer les stigmates.
Vous avez fait le bon choix avec le rapporteur, parce que, avec Jean-Paul Matteï, en matière d'urbanisme, de logement, de construction, vous avez un orfèvre en la matière et je suis persuadé que toutes les facilitations après la promulgation des ordonnances, il vous les apportera.
Ce que nous sommes en train de faire, c'est un signal qu'on envoie au pays.
Est-ce que oui ou non, lorsqu'il y a une crise comme celle-là, on est capable de réagir rapidement ?
Est-ce que oui ou non, là où il y a lenteur, ceux qui sont maires, qui l'ont été, savent qu'entre le moment où on décide un projet et le moment où on ouvre une école, il se passe trois ans ?
C'est ça la vraie vie de tous les jours. Le moment où on réhabilite un commerce et qu'il est public, il se passe souvent plusieurs mois.
Et là, le fait de, au travers des trois articles, Monsieur le ministre, pour la reconstruction, au travers des règles d'urbanisme qui sont assouplies, avec d'ailleurs une garantie naturellement qu'on construira avec des normes qui sont sur le plan énergétique bien plus performantes que ce que nous avons auparavant.
Tout ce que nous allons faire sur les financements madame Garrido, hier en commission vous étiez ému parce qu'il n’y a pas d'argent nouveau.
D'abord, je me permets de vous rappeler une chose. Lorsque vous récupérez la TVA immédiatement, ça vous évite une trésorerie, vous voyez, plutôt que d'attendre pendant deux ans. Ça, c'est déjà de l'argent public. Quand vous aurez géré une collectivité, vous verrez que ça se passe comme ça. Et vous dire aussi que la fongibilité des aides de l'État, c'est quelque chose d'exceptionnel, qui touchera le monde rural comme le monde urbain, c'est pour ça que je me suis élevé en commission contre des amendements où on voulait simplement réserver des fameuses DETR.
Dans ce que nous faisons sur les marchés publics où on ne foule pas au pied le contrôle de l'égalité, madame Garrido, bien au contraire, il sera toujours là, au final, mais faciliter la loi sur l'allotissement, faciliter la mobilisation de ces marchés jusqu'à une somme dont vous parlerez monsieur le Ministre, j'imagine un million et demi d'euros, fait que nous apporterons une réponse très forte.
Donc ce texte, et il faut le voter conforme avec les sénateurs de manière à ce qu'on soit opérationnel, le plus rapidement possible, et j'imagine que vous aurez à cœur que cette ordonnance sorte le plus vite possible, c'est une réponse que nous voterons à la France, à ses maires, que nous vénérons tous les uns et les autres.
Donc on sait très bien que ce sont les piliers de la République. Et bien ces piliers, ils doivent être confortés car les Français nous regardent. Alors j'ai été assez indigné quand j'ai vu l'attitude du Rassemblement National qui est d'un renoncement permanent.
Ne pas voter un tel texte, je vous le dis, ne pas voter un tel texte parce que vous vouliez des mots requalifiant ces violences urbaines. La France saura que vous n'avez pas voulu reconstruire. On ne va pas attendre quatre années pour reconstruire. Il faut reconstruire maintenant, c'est votre responsabilité. Et on leur dira.
Quant à la NUPES et aux écologistes, c'est dommage que madame Chatelain ne soit pas là. Moi j'étais député lorsqu'un gouvernement de gauche a baissé de 13 milliards et demi d'euros les dotations aux collectivités. 13 milliards et demi d'euros avec une politique de la ville qui s'est effondrée de 40%. Mais quel culot ! Quelle honte !