Richard Ramos : "Le changement climatique est tel qu'il faut agir vraiment aujourd'hui"
Richard Ramos, Secrétaire Général adjoint du MoDem et Député du Loiret, était invité dans 24h sur LCI ce mercredi 10 août pour réagir sur les forêts françaises et le changement climatiques, d'autant plus marquant avec les incendies qui marquent l'actualité. Revisionnez son interview.
Le changement climatique est tel qu'il faut faire vraiment quelque chose aujourd'hui. Tout doit être fait en même temps, c'est-à-dire qu'à la fois on salue les pompiers, mais aussi faire en sorte que les pompiers volontaires soient aidés, alors que jusqu'à présent d'un territoire à l'autre, on n'aidait pas les entreprises à libérer des pompiers.
De l'autre côté dans nos forêts, c'est une accélération énorme. Ce qu'il faut comprendre, c'est que quand nos chênes ne trouvent plus d'eau, c'est leurs défenses immunitaires - comme nous - qui en prennent un coup. L'arbre est affaibli parce qu'il n'a plus d'eau, et là on va avoir des parasites qui vont venir l'attaquer, et donc on voit bien qu'il faudra faire quelque chose immédiatement.
On ne pourra pas faire de la monoculture, on sait aujourd'hui que si on veut faire en sorte que nos forêts restent nos forêts, il faudra à la fois jouer sur la densité à l'hectare, et aussi sur les espèces et sur les variétés.
Je le dis aussi, on a un problème lié à l'engrillagement de nos forêts. Je porterai un texte contre l'engrillagement. Vous avez par exemple en Sologne plein de chasses où tout est engrillagé. Imaginez que demain on ait des feux en Sologne, ça veut dire que tous ces animaux sauvages vont cramer sur place. Là aussi il faut évidemment regarder le problème des essences, mais regarder également toutes les conséquences qui sont autour.
La forêt a toujours été un enjeu au Parlement, contrairement à ce qu'on croit, il y a eu des débats importants. Tout en étant toujours un sujet compliqué. L'Office National des Forêts était dans un espèce de vase clos, je pense qu'il faut s'appuyer sur l'ONF mais il y a eu des problèmes de gouvernance tout en ayant des gens passionnés.
On a une chance : Marc Fesneau, Ministre actuel de l'Agriculture, est un passionné de forêt. Il était Maire de Marchenoir, un petit village, et a été le premier à monter une Coopérative d'Utilisation du Matériel Agricole (CUMA) pour faire du Bois Energie public.
Je crois qu'aujourd'hui il ne faut pas opposer la gestion privée à la gestion publique, il faut regarder ce qui se fait. Je n'ai rien contre les groupes qui viennent évidemment faire du bois, mais ce qui a beaucoup choqué, c'est quand on les voit arriver maintenant avec du matériel à chenilles qui détruit tout.
À la fois il faut qu'ils viennent entretenir nos forêts, mais de l'autre côté attention il n'y a pas que l'arbre lui-même, il y a aussi une biodiversité qui ne doit pas être détruite, parce que pour faire plus de fric on aurait du matériel qui abime tout autour.
L'un des problèmes qu'on a, c'est les scieries, c'est qu'il faut remonter une filière complète. Aujourd'hui quand on a une scierie, c'est beaucoup de stock d'argent, c'est-à-dire que pour un morceau d'arbre, vous allez peut-être le garder 4, 5 ans. C'est des stocks énormes. Il faudra une fiscalité particulière sur la forêt pour faire en sorte que les investissements à long terme sur les forêts permettent à ceux qui en ont font partie de pouvoir avoir des facilités.
Sur le terrain partout en France depuis une dizaine d'années, il y a eu des crues qu'on avait jamais vues, des évènements extrêmes qui se multiplies. La difficulté c'est la coordination entre l'Europe, la France et le terrain, la difficulté c'est d'appliquer.
Là où le politique a eu des tords, c'est par exemple qu'il voulait des constructions pour faire de l'argent, pour financer la salle de sports, etc. On construisait à des endroits où on savait qu'il ne fallait pas construire, là il y a une responsabilité politique. Mais je pense que ce temps est terminé, que l'ensemble des Maires - quels que soient leur bords - font très attention.