Sandrine Josso : « À chaque fois qu’une victime parle, nous faisons un pas »
Notre députée de Loire-Atlantique et victime elle-même de soumission chimique, Sandrine Josso, a répondu aux questions du journal local Le Populaire du Centre alors que le procès des "viols de Mazan" est toujours en cours à la cour criminelle du Vaucluse.
Votre affaire avait déjà permis de sensibiliser l’opinion sur la soumission chimique. Le procès de Mazan accélère-t-il la chose ?
Je pense qu’à chaque fois qu’une victime parle, nous faisons un pas. Mais ce pas se fait toujours dans des conditions difficiles.
En proposant de lever le huis clos, Gisèle Pelicot a permis de faire un grand pas. Il faut continuer à marcher dans ses pas.
La mission que l’on m’a chargée de mener va mener à un rapport. C’est un important travail d’écoute, car la soumission chimique est bien souvent l’arbre qui cache la forêt des violences sexuelles.
Sur le plan politique, il faut une grande loi pour les victimes de violences sexuelles. Le procès de Mazan révèle de vrais manques en la matière, dans notre façon d’écouter les victimes. On ne peut pas en être fier.
Vous avez été chargée d’une mission gouvernementale sur le sujet de la soumission chimique. Quelle est la différence avec une mission parlementaire ?
Une mission parlementaire est faite pour rester à l’Assemblée ou au niveau parlementaire. Une mission gouvernementale est beaucoup plus ambitieuse. Elle permet à un parlementaire d’être détaché par le gouvernement, de faire par exemple des voyages à l’étranger qui pourront nourrir la mission. Cela lui confère un rayonnement et un impact plus important. Ça engage beaucoup plus le gouvernement.
Se trompe-t-on en pensant que la soumission chimique, c’est seulement en boîte de nuit en versant du GHB dans les verres ?
Les chiffres liés aux dépôts de plainte sont très clairs : 81 % des victimes connaissent leurs agresseurs et ils sont souvent dans la sphère personnelle, soit amicale soit familiale.
C’est un leurre de penser ça. On est à côté de la réalité.
Vous avez proposé une prise en charge de la détection de produits chimiques, sans dépôt de plainte préalable. Pourquoi ?
J’ai effectivement déposé à l’Assemblée nationale un amendement pour que les analyses de sang et d’urine soient remboursées.
Pour le Sénat, j’ai demandé que soit ajoutée l’analyse séquentielle des cheveux, qui permettent de relever des traces, un, deux ou trois mois plus tard. C’est une étape importante, déterminante, même si les victimes ne portent pas plainte immédiatement. Si elles veulent le faire, ça constitue un élément de preuve important et si elles hésitent, peut-être que le fait d’avoir une preuve les aidera à réaliser ce dont elles ont été victimes et à porter plainte.
Retrouver l'entretien dans Le Populaire du Centre.