Sandro Gozi : « Zelensky a choisi d'être digne en européen et c'est une raison de plus de solidarité avec lui »

Invité de Public Sénat ce mercredi 5 mars 2025, Sandro Gozi, député européen du Mouvement Démocrate et membre du groupe Renew, a livré son analyse sur la guerre en Ukraine, les tensions entre Volodymyr Zelensky et Donald Trump, et le réveil de l'Europe en matière d'autonomie.

Ukraine : « Nous vivons une de ces semaines où il se passe des décennies »

L'élu européen a fait part de ses inquiétudes quant à l’attitude du président américain dans les négociations de paix pour l'Ukraine :

Trump parle de paix, mais il n'y a aucune indication que ce soit une paix durable. Nous voulons la paix aussi, mais elle ne doit pas être imposée aux Ukrainiens contre leur volonté.

Il met en garde contre une capitulation imposée à l'Ukraine, pays agressé, qui inciterait Poutine, l'agresseur, à attaquer un autre État européen dans quelques années.

C'est honteux de vouloir lâcher les Ukrainiens et c'est une illusion. Parce que si on lâche les Ukrainiens, on n'évite pas la guerre, on accélère la guerre demain contre un autre État européen.

À propos de l'altercation historique entre Trump et Zelensky dans le bureau ovale de la Maison-Blanche qui a sidéré la planète, Sandro Gozi dénonce une mise en scène « conçue, préparée [destinée] à humilier » le président ukrainien :

Zelensky était entre Judas et Faust : trahir son peuple ou pactiser avec le diable. Il a choisi d'être digne, en Européen, et nous devons être solidaires.

Le secrétaire général du Parti Démocrate européen voit dans les actions de Trump et de Poutine une véritable convergence d'intérêts : l'impérialisme. Pour lui, « ils ne veulent ni d’Européens dignes, ni d’une Union européenne puissante » qui serait un obstacle à leur logique d'expansion territoriale brutale. Face à ce tournant historique, il pointe du doigts les comportements dangereux : Poutine et ses ingérences contre nos démocraties ou Trump et Elon Musk qui cherchent à déstabiliser l’Union européenne en collaborant avec les extrêmes.

Enfin, sur la décision de Donald Trump de suspendre les aides américaines à l'Ukraine, il juge cet acte de « véritable trahison de l'esprit occidental ». Pour lui, après ce changement de posture de notre allié historique, l'UE doit adapter son logiciel, conçu pour le marché unique et la monnaie unique, afin de pouvoir répondre efficacement à la guerre qui frappe à sa porte.

« Il y a des décennies dans lesquelles il ne se passe rien, il y a des semaines dans lesquelles il y a des décennies qui se passent ». Nous vivons une de ces semaines et nous devons être à l'auteur.

Europe : « Il faut dépenser en Européen »

Interrogé sur les relations commerciales et stratégiques de l'Union européenne, le député européen a dénoncé la politique protectionniste de Donald Trump :

Si les États-Unis augmentent les tarifs douaniers, l'Europe est parfaitement équipée pour répondre point par point. Mais c'est du pur masochisme, car les premiers bénéficiaires du libre-échange sont les Américains.

Il met également en garde contre la vision trumpienne des relations internationales, avec laquelle les conséquences internationales seraient dramatiques. Il cite par exemple « la Chine [qui serait] plus agressive envers Taïwan, l'Iran [qui poursuivrait] sa stratégie de déstabilisation du Moyen-Orient, et la Corée du Nord imprévisible ». Avec cette perspective, Sandro Gozi assure que l'Europe est en train de prendre conscience du risque :

On commence à se réveiller. Finalement, on commence à comprendre que la question de la défense est une question européenne et pas seulement nationale.

Ainsi, il appelle à une dépense militaire européenne plus coordonnée : 

Il faut commencer véritablement à construire cette Europe de la défense. Il ne suffit pas seulement de dépenser plus, mais il faut dépenser mieux. Moins de duplication, plus d'efficacité, il faut le faire entre les pays européens qui sont prêts à les faire.

Pour lui, un premier noyau dur de pays volontaires devrait initier cette politique, à savoir la France, l'Allemagne, la Pologne, et le Royaume-Uni, qui seraient les précurseurs de cette « nouvelle architecture de la sécurité européenne ».

Afin de se donner les moyens de ses actions, Sandro Gozi plaide également pour une refonte du fonctionnement de la Banque européenne d'investissement qui doit « modifier son mode de fonctionnement et revoir ses priorités », une révision des traités européens et des discussion sur les droits de veto. Selon lui, cette autonomie stratégique passe aussi par la dissuasion nucléaire :

La France et le Royaume-Uni, qui disposent de l'arme nucléaire et sont membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, ont un rôle clé à jouer dans cette autonomie européenne.

Pour l'eurodéputé, l'Europe doit assumer son rôle et se moderniser : « Il faut avoir le courage et la capacité de modifier le fonctionnement de l'Europe d'ici 2029. Faut rentrer dans le XXIe siècle ! ».

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