Sarah El Haïry : "Il faut casser les tabous"

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Notre ministre Sarah El Haïry, ministre chargée de la Jeunesse, de l'Enfance et des Familles en poste depuis début février, fait le point sur sa feuille de route ministérielle dans les colonnes de Presse Océan.

Presse Océan : quel est votre rôle avec ce ministère de la Jeunesse, l’Enfance et la Famille ?

Sarah El Haïry : Ma philosophie est d’abord d’accompagner, avec l’Aide sociale à l’enfance (ASE), tous les enfants en les protégeant contre toutes les formes de violence et plus généralement les dangers qui les menacent : le danger des écrans, le séparatisme, les dérives sectaires…

C’est aussi de les accompagner dans leur développement, ce qui peut passer par exemple par des actions pour le mieux manger, des cours d’empathie, le pass culture, le mentorat…

C’est enfin de simplifier la vie de toutes les familles. Il ne faut pas laisser les gens se débrouiller seuls. Cela passe par l’accompagnement des familles et particulièrement la protection des familles monoparentales par exemple en apportant des solutions et des moyens pour les gardes d’enfants et en s’assurant du paiement des pensions.

Comment allez-vous accompagner « le réarmement démographique » prôné par le président de la République ?

Le mode de garde est l’un des premiers freins à la natalité en France. Il manque aujourd’hui 200 000 places.

Il faut des solutions de garde pour chaque enfant et accompagner la famille durant les mille premiers jours du bébé. Je pense notamment aux temps obligatoires pré et post-natals avec la Protection médicale infantile mais aussi à la mise en place du congé de naissance, qui sera plus accessible aux classes moyennes.

Vous voulez développer les modes de garde mais le secteur peine à recruter…

Ce sont des projets d’investissement pour notre modèle social. Le service petite enfance va bénéficier d’une enveloppe supplémentaire de 6 milliards d’euros. Les modes de garde sont le premier frein pour la natalité mais aussi pour le retour à l’emploi, l’égalité salariale entre femmes et hommes.

L’une de mes premières actions, avec l’interdiction d’héberger des enfants de l’aide sociale à l’enfance dans les hôtels, a été d’augmenter de 150 € en moyenne les salaires de la petite enfance, ce qui représente une enveloppe de 240 M€.

Ça passe par là si on veut rendre ces métiers plus attractifs. Il faut améliorer les conditions de travail, faire des passerelles entre la crèche, l’animation… Ces métiers du lien et de l’humain sont essentiels.

Vous mettez également l’accent sur la lutte contre la prostitution des mineurs…

On estime à 10 000 le nombre de jeunes concernés mais on est sans doute bien en dessous de la réalité. Le phénomène explose avec de nouvelles formes de prostitution, comme les sites internet qui appâtent les jeunes par la promesse d’argent contre des photos ou des vidéos dénudées. Et derrière, c’est l’engrenage. Ça touche tous les milieux. Il faut casser les tabous.

Que proposez-vous ?

En cas de doute ou de signes inquiétant, il faut appeler le 119 dont le service a été renforcé et fonctionne 24 h sur 24.

Mais il faut aussi informer les parents sur les dangers de certains réseaux sociaux. La majorité des parents ne savent rien d’un site comme Onlyfans ou du nouveau phénomène du Lover’s boy. Le petit copain, rencontré sur les réseaux sociaux, est d’abord très prévenant, on est amoureux et on le présente à sa famille. Puis par l’emprise et la violence, il devient ton proxénète. Mais comme les jeunes filles ont dit à tout le monde qu’elles étaient amoureuses, elles ont peur de ne pas être crues, elles ont honte. Il faut casser tous ces tabous.

La triple tutelle des ministères de l’Éducation nationale, la Solidarité et la Santé et la Justice me donne les moyens de mobiliser en direct les besoins nécessaires, en lien avec les Départements pour l’ASE, les Villes pour les crèches…. C’est la première fois en France qu’on décide de mettre les enfants au cœur d’un ministère.

(...)

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