Sarah El Haïry : "Le congé de naissance créera un droit nouveau pour les classes moyennes"

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La ministre déléguée chargée de l'Enfance, de la Jeunesse et des Familles, Sarah El Haïry, détaille dans un entretien pour La Tribune le nouveau dispositif destiné aux jeunes parents. Elle répond aux critiques des associations féministes sur le « devoir de visite » des pères absents, évoqué par Emmanuel Macron.

LA TRIBUNE DIMANCHE - Emmanuel Macron a évoqué la création d'un « devoir de visite » pour les pères divorcés quand ils fuient leur responsabilité parentale. De quoi s'agit-il ?

SARAH EL HAÏRY - Quand on se sépare, on ne se sépare pas de ses enfants. Ce n'est la fin ni du lien affectif ni du devoir d'éducation du père.

Notre société a collectivement organisé la garde en la faisant reposer sur les mères, avec la charge mentale que l'on sait. Or, le père est aussi responsable du projet familial initial et l'enfant a besoin de ses deux parents pour se construire. C'est pourquoi nous voulons les accompagner.

Plusieurs associations féministes s'y opposent, redoutant le retour d'un ex-conjoint violent. Que répondez-vous ?

J'entends l'inquiétude de certaines associations. Nous n'allons évidemment pas mettre des enfants en présence d'individus dangereux. Je rappelle que la loi est protectrice ; elle permet de suspendre l'autorité parentale en cas de violences, et il n'y aura pas de dérogation. Cela interroge quand les arguments que l'on nous oppose consistent à laisser penser que tous les pères seraient violents.

Aujourd'hui, une mère qui a la garde de ses enfants a plus d'obligations qu'un père qui a un droit de visite. C'est ce débat que le président a voulu ouvrir.

S'agissant du futur congé de naissance (qui remplacera le congé parental), quelles en seront les modalités ?

Aujourd'hui, le congé parental donne droit à un forfait mensuel de 448 euros. C'est trop peu. Sa durée est longue. Cela éloigne les femmes, souvent les plus précaires, de l'emploi. J'ajoute que le recours à cette aide s'est effondré, ce qui témoigne de la nécessité d'une réforme telle qu'annoncée par le président de la République.

Avec le congé de naissance, le père et la mère pourront s'arrêter pendant trois mois chacun, au moment où se noue un lien pour la vie. Il leur sera versé 50 % de leur salaire et au maximum 1 900 euros.

Avec ce plafond, nous créons un droit nouveau pour les classes moyennes. Bien évidemment, les employeurs volontaires pourront abonder le dispositif.

(...)

Sera-t-il plus cher que le précédent et quels effets en attendez-vous ?

Cette mesure aura un coût supplémentaire au départ, mais c'est un investissement pour le pays, pour la natalité et pour le plein-emploi.

Les couples voudraient en moyenne avoir entre deux et trois enfants, or ils en ont entre un et deux : nous devons aider les Français à vivre leur vie. Chaque année, 160 000 mères renoncent à leur emploi faute d'avoir une solution de garde. C'est un gâchis. Nous investissons 6 milliards d'euros supplémentaires d'ici à 2027 pour développer les crèches, le secteur des assistantes maternelles et l'ensemble des modes d'accueil.

Nous renforçons la liberté de choix, nous levons les freins.

Il y a d'autres freins, notamment l'infertilité. À quoi servira le « check-up » pour les jeunes promis par le président ?

Un couple sur quatre a du mal à avoir un enfant. L'infertilité est, dans la moitié des cas, liée à une maladie sexuellement transmissible mal dépistée ou mal soignée. Les facteurs de risque comme l'obésité ou le tabac sont aussi sous-estimés dans l'opinion.

La visite médicale que nous voulons mettre en place, qui n'est pas obligatoire, permettra d'anticiper les difficultés et, le cas échéant, de les traiter. Nous autoriserons aussi la conservation ovocytaire dans des cliniques privées, pas seulement à l'hôpital.

Pour sauver la planète, près d'un jeune sur quatre serait prêt à renoncer à avoir un enfant. Que leur dites-vous ?

Je ne crois pas au catastrophisme éclairé. Arrêter de faire des enfants ne sauvera pas la planète.

Je fais de la politique pour construire un pays apaisé où l'on vit en confiance.

L'abstention aux européennes s'annonce très élevée chez les 18-24 ans. Comment les encourager à voter ?

L'Europe, c'est concret pour les jeunes, c'est Erasmus, le « pass rail ». Ce seront les universités européennes... C'est leur avenir. Il n'y aura pas de progrès, ni de protections nouvelles sans l'UE, que l'on parle des réseaux sociaux ou de la planète.

Notre projet avec la liste Besoin d'Europe de Valérie Hayer va dans ce sens.

Le RN, au contraire, c'est de la politique TikTok. Ils n'ont même pas voté l'extension d'Erasmus. Tous les jeunes doivent le savoir.

🗞 Retrouvez l'entretien complet dans La Tribune

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