Situation à la Martinique par Max Orville, ancien député européen

Martinique

Max Orville, ancien député européen, président du MoDem Martinique et ancien directeur d'école dans ce département français, nous fait part de son analyse sur la situation actuelle à la Martinique et le combat de ses habitants contre la vie chère.

La Martinique traverse une période difficile. Un puissant mouvement social, basé sur la lutte contre la cherté de la vie, provoque depuis quelques jours des scènes d’émeutes ou de dégradations de biens publics et privés.

Ce mouvement s’appuie sur une adhésion générale de la population qui a du mal à s’alimenter et s’approvisionner normalement. Sur l'île, l'INSEE estime que les prix sont 40% plus élevés qu'en métropole !

Cette situation n’est pas récente. En 2009, déjà, en Guadeloupe, en Martinique et en Guyane, les organisations syndicales locales dénonçaient ces inégalités. Chacun se souvient du leader guadeloupéen Elie DOMOTA qui avait dénoncé cette « profitasion », termes créoles pour signifier l’exploitation abusive des responsables de la grande distribution. À l’époque, après 40 jours de grève générale, un accord avait été obtenu pour baisser un certain nombre de produits de 1ère nécessité.

Depuis, les prix sont remontés, flambent même, et plongent les familles les plus modestes dans l’extrême précarité.

Devant l’impuissance des élus locaux à convaincre la grande distribution de diminuer les prix, une association, nommée le RPPRAC (Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéennes) dirigée par un leader charismatique Rodrigue PETITOT, surnommé le R, a su fédérer cette colère d’une partie de la population Martiniquaise. Incontestablement, cette association et surtout son leader, est en phase avec la jeunesse martiniquaise et les classes populaires.

Les revendications de ce mouvement sont claires : ils souhaitent l’alignement des prix alimentaires sur ceux de l’hexagone, considérant ne pas être des sous-citoyens Français et pouvant bénéficier des mêmes droits que leurs compatriotes. Ils estiment également que la grande distribution, détenue par 3 ou 4 familles descendantes de colons, tient toute l’économie du pays et fixent des prix déraisonnables pour la population. Il leur est également reproché de s'attribuer des marges de profit faramineux sur le dos des Martiniquais. La grande distribution rétorque qu’elle-même est victime de l’insularité et des frais d’approche pour tous les produits importés. Elle évoque la situation similaire, avec des prix très élevés, dans la Caraïbe, Barbarde, Sainte Lucie...

Depuis bientôt un mois, des tables rondes ont été mises en place avec l‘ensemble des acteurs économiques, élus locaux, associations pour envisager et mettre en place un protocole d’accord et satisfaire les partis prenantes.

Entre temps, l’État a renforcé sa présence policière suite aux violences urbaines qui se sont déroulées récemment en marge des manifestations où la colère des jeunes s’est embrasée et s’est traduite par des pillages, des magasins et des voitures brûlés, du Nord au Sud de l’île. Malgré un couvre-feu mis en place par le Préfet, des jeunes à moto ont bravé cet interdit et ont tenté par exemple d’investir l’aéroport après la diffusion de fausses informations annonçant l’arrivée imminente de forces de l’ordre en renfort.

Aujourd’hui, les discussions entre l’ensemble des acteurs économiques n’ont toujours pas abouti à un accord, en dépit d’avancées notables comme une réduction sur l’alimentaire entre 15 et 25%. Mais le RPPRAC réclame toujours l’alignement des prix de l’alimentaire sur la métropole ainsi que la mise en place d’une Autorité de contrôle des prix et une véritable transparence sur les marges des patrons de la grande distribution. Enfin, cette association sollicite la venue de l’État et de membres du gouvernement afin de démêler cet imbroglio actuel.

Mais ce que l’on peut affirmer, sans risque de se tromper, c’est que l’économie de la Martinique, déjà fragile, n’en ressort pas plus forte. Il y a une urgence absolue à ce que l’État apporte une solution durable et pérenne à cette situation de paupérisation dans les outre-mers. Cela passe par des initiatives originales afin de redonner du pouvoir d’achat aux ultramarins. C'est une urgence absolue.

Député européen durant ces deux dernières années, j’avais obtenu un avis favorable à la mise en place de zones franches sociales dans les outre-mers, à l’instar des autres RUP espagnoles et portugaises. Cette mesure visait, à titre expérimental, à supprimer les charges salariales et patronales afin de relancer l’embauche dans ces territoires et donner du pouvoir d’achat à la population. Ainsi, on relançait les moteurs de l’offre et de la demande d’une économie déjà fragile.

Cette mesure qui réapparaît à l’occasion des débats actuels, n’a pas été étudiée par la représentation nationale. Souhaitons qu’à l’occasion de cette crise, elle soit prise au sérieux et envisagée dans le cadre d’un débat au Parlement.

Max ORVILLE

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