Témoignage d'Edith Varet, conseillère régionale des Hauts-de-France, sur la marche blanche en hommage au jeune Philippe à Grande Synthe
Le 16 avril 2024, Philippe, 22 ans, est victime d’une agression mortelle à Grand-Synthe dans le Nord. Une marche blanche, organisée par la commune, a réuni 1500 personnes, dont Edith Varet, conseillère régionale des Hauts-de-France. Elle revient ici sur ce moment de communion et de recueillement face à un terrible drame.
En tant qu'élue régionale du Dunkerquois, j’ai envoyé un message au maire de Grande Synthe Martial Beyaert, dès que j’ai appris la terrible nouvelle de la mort de Philippe Coopman, battu à mort sur un parking à l’âge de 22 ans. Les agresseurs présumés sont trois mineurs. Pour l’instant l’enquête suit son cours.
J’ai appris comme tout le monde l’organisation d’une marche Blanche à Grande Synthe le 19 avril et j’ai signifié au maire socialiste de Grande-Synthe que j’y participerai, car peu importe la couleur politique des élus à ce moment précis, il m’a paru normal d’apporter mon soutien. Ce sentiment est partagé par le maire de Grande Synthe comme par la députée Christine Decodts, et par les maires souvent de gauche de notre territoire.
Quand il s’agit du territoire, nous savons travailler ensemble pour réaliser des projets qui servent à tous ou nous soutenir les uns les autres lorsque c’est nécessaire.
Martial m’a répondu dans la foulée qu’il souhaitait me voir à ses côtés avec d’autres élus et j’ai bien entendu accepté.
Lorsqu’un tel malheur s’abat sur une famille, déjà éprouvée par la perte du papa 6 mois auparavant, c’est insupportable et révoltant. Et pour la commune, qui travaille depuis de longues années pour lisser son image souvent dégradée de ville industrielle, pauvre, ayant une population nombreuse issue de la diversité et qui y parvenait en rendant la ville plus sûre et plus verte… le coup est dur, injuste. Cela remet en cause des années de travail de terrain et d’amélioration des conditions de vie des habitants.
Je me suis rendue à cette marche blanche en tant que citoyenne et élue comme je l’avais déjà fait au lycée des Plaines du Nord à Grande-Synthe lors de l’hommage à Dominique Bernard. Pour ces deux événements, on m’a sollicitée en me prévenant que des troubles pouvaient survenir (menaces de mort sur les réseaux sociaux concernant le maire pour le 19 avril, ou besoin de l’appui moral de la Région lors de l’hommage au professeur assassiné à Arras). Existe-il vraiment une différence entre élu et citoyen lors de tels rassemblements ?
Les réseaux sociaux, pointés une nouvelle fois du doigt dans cette affaire, font partie de nos vies et ont apporté des moyens de communication et d’information extraordinaires. Mais ils sont aussi des vecteurs de violence et de discorde facilités par l’anonymat et la lâcheté de ceux qui les utilisent dans ce but. Philippe aurait été piégé par le site Coco. Faut-il rappeler que Samuel Paty a été lui aussi victime des mensonges déversés sur les réseaux sociaux ?
Il me paraît essentiel de former progressivement notre jeunesse à ces nouvelles technologies et les décisions qui seront prises après la parution du rapport sur les écrans ne peuvent qu’aller dans ce sens.
Il est de notre devoir de protéger nos enfants, nos adolescents des ravages du harcèlement, des fausses informations et il faut épauler les parents, qui, bien souvent se retrouvent démunis devant des enfants totalement accros aux écrans quels qu’ils soient.
Si nous n’y prenons pas garde, nous ferons face à des jeunes formatés par des réseaux sociaux, qui seront peut-être des bras armés de gens mal intentionnés ou de puissances extérieures ravies de déstabiliser nos démocraties (en modifiant les faits historiques par exemple).
L’incitation à la violence doit être impitoyablement contrecarrée par une éducation à l’empathie dès la petite enfance et la reprise en main des réseaux sociaux préférés des enfants par les parents, aidés par l’État si nécessaire.
La jeunesse n’est pas perdue, elle s’est égarée parce que nous avons oublié nos devoirs d’adultes envers elle.