Tribune : Journée contre les violences faites aux femmes, le consentement au cœur de la définition du viol

Poing leve femme

Fadila Mehal, présidente et fondatrice des Marianne de la diversité, élue MoDem du XVIIIe arrondissement de Paris, exprime dans cette tribune que "La violence patriarcale s’exerce partout, à l’encontre des femmes, des enfants et des personnes LGBTQIA+" à l'approche de la journée internationale sur le sujet le 25 novembre prochain.

À l’approche du 25 novembre 2024, journée internationale contre les violences faites aux femmes, notre actualité internationale nous plonge chaque jour dans l’horreur. Le désordre mondial avec ses conflits armés, ses crises sanitaires, économiques et climatiques, impactent fortement les femmes qui en deviennent les premières victimes.

Les conflits armés dont le nombre atteint un record historique, font 90% de victimes civiles, les deux-tiers étant des femmes et des enfants.

Le point culminant est atteint le 7 octobre 2023, lors du Nova Festival en Israël près de la frontière de la bande de Gaza. Lors de cette rave party, 260 festivaliers ont trouvé la mort et 250 ont été pris en otage, par les terroristes du Hamas. Une attaque d’une rare sauvagerie, dont les images ont fait le tour du monde. Viols, mutilations, meurtres, décapitations. Corps dénudés, brûlés, traînés, martyrisés.

La riposte israélienne ne s’est pas fait attendre. Gaza et maintenant le Liban sont soumis depuis à des bombardements incessants. Gaza pleure ses 50.000 morts, ensevelis sous un déluge de fer et de feu et dont 70 % sont des femmes et des enfants.

Les femmes sont toujours les premières victimes collatérales de la guerre et de la violence des Hommes.

À l’instar de Mahsa Jina Amini, la Kurde, assassinée pour des millimètres de cheveux qui dépassaient et qui a soulevé un vent de révolte dans la jeunesse de son pays. Ou plus récemment ce 2 novembre 2024, Ahou Daryaei, l’étudiante iranienne aux cheveux longs de l’université Azad, qui en signe de protestation après avoir été battue à l‘entrée de l’université par la milice bassidji iranienne, se dénude et marche en sous-vêtements parmi la foule incrédule. Depuis, la police l’a faite interner de force dans un asile psychiatrique. Aucune nouvelle fiable de Ahou ne nous est parvenue ensuite. Son acte de résistance avec la vidéo virale qui a suivi a été partagée par des millions de personnes et des artistes du monde entier ont salué son courage en multipliant à l’infini sa silhouette qui défie l’intégrisme.

L’hashtag #FEMMES-VIE-NUDITE se répand partout sur les réseaux sociaux comme un signe de ralliement contre la théocratie moyenâgeuse des mollahs.

En Afghanistan, depuis la prise de pouvoir par les talibans en 2021, les femmes sont interdites d’école, de rire, de chanter et maintenant de parler entre elles. Demain, elles seront interdites de respirer.

Cette question lancinante des droits des femmes dans le monde doit passer par la nécessité de promouvoir pour tous les États démocratiques une diplomatie féministe.

Et c’est Jocelyne Adrian-Mebtoul, présidente de la Commission « diplomatie féministe » du Haut Conseil à l‘Égalité (HCE) qui en parle le mieux.

C’est une politique d’un État qui met au cœur de son action extérieure l’égalité femmes/hommes et la solidarité internationale avec les femmes dont les droits sont bafoués partout dans le monde. Cette dimension peut tout changer. Elle vise notamment à substituer des enjeux de paix aux enjeux de rapports de force et de domination de nos sociétés patriarcales.

Par leur résistance, les femmes-victimes deviennent les actrices de la transformation sociale et du changement, facteur de paix.

C’est particulièrement vrai en France. La violence patriarcale s’exerce partout, à l’encontre des femmes, des enfants et des personnes LGBTQIA+.

À l’approche de la fin d’année, on compte 113 féminicides, selon « Nous Toutes », majoritairement par conjoints ou ex-conjoints. Loin de régresser, le niveau des violences conjugales augmente d’année en année et cette spirale mortifère est loin de s’arrêter si l‘on en croit les faits divers qui égrènent notre actualité.

Aucun secteur n’est épargné, dans la rue, la famille, l’entreprise, l’armée, l’hôpital, l’église, les médias et le cinéma ; chaque jour apporte son lot de révélations avec souvent l’impunité et le silence au bout du chemin. En France malgré le Grenelle des violences et les mesures importantes déjà prises : accueil dans les commissariats, numéro vert, bracelet, 86% des plaintes sont encore classées sans suite.

La justice peine encore à passer. À quand des tribunaux dédiés aux violences sexistes et sexuelles composés de magistrats formés et engagés à l‘instar du parquet national financier, celui contre le terrorisme ou encore celui, bientôt crée, contre le narcotrafic ?

L’avènement des régimes populistes en Europe et aux États-Unis est un danger réel pour les droits de femmes, pour l’intégrité et le respect de leur corps. Les conquêtes réalisées après des années de lutte sont déjà remises.

En France, le procès historique de Mazan a créé un vrai séisme en France. Le pays horrifié découvre l’ampleur des viols commis sur Gisèle Pélicot par son mari et 51 prédateurs sexuels qui, face à leurs juges, restent toujours dans le déni et dans la toute-puissance. Ce procès est symbolique à bien des égards. En imposant la fin du huis clos, Gisèle Pélicot, un bloc de courage et de dignité, renverse la culpabilité pour que la honte change de camp. Lors de ce procès, on découvre que ces crimes sexuels ont été perpétrés par des hommes « ordinaires », souvent bons pères de familles, avec des situations sociales banales. Malgré la gravité de leur crime, la plupart restent enfermés dans le déni d’une enfance maltraitée ou d’une emprise trop forte de leur mentor.

Cette réalité a fait mal à la France entière. Tout comme la découverte des agissements « des personnalités préférées » des Français, telles l’iconique Abbé Pierre, dont les exactions sexuelles ont jalonné toute sa vie, sous le regard complice de son entourage. Beaucoup savaient et se taisaient !

Au cœur du procès Mazan, la question du consentement est posée. La nouvelle Secrétaire d’État à l‘égalité femmes-hommes, Salima SAA, très active dans sa mission, veut prendre cette question à bras-le-corps. Elle évoque la nécessité désormais de définir le viol en intégrant la notion du consentement dans la loi. Mesure que nous saluons pour cette avancée majeure tout comme la constitutionnalisation de l’IVG, le 8 mars 2024, applaudie par tous les féministes sincères.

Mais cette étape historique requiert toute notre vigilance comme le rappelait de façon prémonitoire Simone de Beauvoir :

N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant.

 

Fadila MEHAL

Présidente, fondatrice des Marianne de la diversité

Élue Paris 18 MODEM

Tel 0744964894

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