Tribune : La nouvelle stratégie de l’Europe sur les matières premières critiques est indispensable à l’heure du changement climatique
Les députées Vertes allemande et italienne Sandra Detzer et Eleonora Evi, le député travailliste néerlandais Joris Thijssen, et la députée européenne centriste Marie-Pierre Vedrenne soulignent, dans une tribune au « Monde », l’importance du futur cadre européen sur les matières premières critiques, que s’apprête à présenter le commissaire au marché intérieur, Thierry Breton. Tribune publiée dans Le Monde.
Avec le futur Raw Materials Act, l’Union européenne (UE) entend réduire drastiquement ses dépendances économiques et ouvrir ainsi un nouveau chapitre de sa souveraineté. Cette grande opportunité mérite d’être soutenue.
Au sein de l’UE, le souvenir des crises pétrolières et gazières de 1973 demeure dans les esprits. Dans le contexte de l’agression de l’Ukraine par la Russie de Vladimir Poutine, ce dernier utilise le gaz comme arme de guerre contre l’Europe. Autant de situations passées qui doivent alerter.
Mais qui d’entre nous a déjà pensé à une crise du nickel, du lithium ou du cobalt comme à un possible tournant historique pour sa propre vie et celle de nos Etats ? Que se passerait-il si la Chine ou si certains pays africains arrêtaient de fournir ces métaux ? Prendrions-nous à nouveau des mesures d’urgence pour sauvegarder nos économies nationales ? Nous demanderions-nous comment nous avons pu tomber si naïvement dans des dépendances critiques ?
Afin d’éviter que de telles crises ne se produisent, l’Europe doit être mieux armée pour l’avenir. C’est pourquoi la Commission européenne, en la personne du commissaire au marché intérieur, Thierry Breton, doit présenter le 15 mars un nouveau projet pour un cadre européen sur les matières premières critiques.
Ce cadre doit nous permettre de disposer de suffisamment de matières premières critiques telles que le nickel, le lithium, le cobalt ou les terres rares pour que jamais une éolienne ou une installation solaire européenne ne manque de matières premières pour fournir de l’électricité.
Jusqu’à présent, nous n’avons jamais connu de pénurie de ces métaux critiques, que nous achetons le plus souvent à la Chine sous une forme transformée. Et c’est aussi la raison pour laquelle nous ne sommes pas préparés en Europe à une crise des matières premières.
La nouvelle législation européenne marque un nouveau départ. Pour la première fois, l’Union européenne se dote d’une stratégie commune pour les matières premières critiques. Nous tous, les nations européennes, leurs Parlements, leurs citoyennes et citoyens, devons comprendre ce dont il s’agit, à savoir des dispositions élémentaires pour notre propre sécurité et notre objectif de neutralité carbone. La sécurité sans ces matières premières critiques n’existe plus à l’heure du changement climatique. Nous en avons besoin comme nous avons besoin d’hôpitaux et d’écoles.