Une rentrée 2021 ambitieuse
Deuxième année de rentrée sous le signe du Covid. A l’heure de la progression constante du nombre de vaccinés, ce sont un peu plus de 12 millions d’élèves qui reprennent les chemins de l’école. Entre annonces du président à Marseille et réformes à venir, Nathalie Elimas, Secrétaire d’État chargée de l’éducation prioritaire, aborde cette période très remplie.
- Quelles sont vos grandes priorités pour cette rentrée 2021 ?
Depuis le début, mon action s’inscrit dans le cadre d’une politique sociale affirmée, pour corriger l’impact des inégalités sociales et économiques sur la réussite scolaire. C’est le principe même de l’éducation prioritaire.
Le Secrétariat d'État a été créé il y a un an, au moment même où toute une frange de la population scolaire a été atteinte économiquement, scolairement et psychologiquement par les effets de la crise sanitaire. Les aspects sociaux de son action ont alors revêtu une acuité particulière.
J’ai mobilisé plusieurs leviers pour atteindre nos objectifs mais aussi une méthode, celle de la co-éducation. Je crois en la force des partenariats et de la mise en synergie de tous les acteurs qui concourent à l’éducation de nos jeunes. Pour cette rentrée, mon objectif est de poursuivre et de consolider les dispositifs mis en place mais aussi d’en impulser de nouveaux. Nous renforçons la mise en place des petits déjeuners gratuits à l’école en étroit partenariat avec les élus. Ce sont plus de 1 000 communes et 300 000 bénéficiaires qui sont concernés à ce jour. J’ai également travaillé, en lien avec Olivier Dussopt, à favoriser le recours aux bourses scolaires car les familles qui y ont droit ne les sollicitent pas toujours. Elles seront désormais averties de leurs droits lors du remplissage de leur déclaration d’impôt en ligne. Car c’est aussi cela l’objectif de ce gouvernement, agir de manière concrète et positive sur la vie des familles.
- En tant que Secrétaire d’État à l’éducation prioritaire, vous agissez activement en faveur de l’école primaire et des savoirs fondamentaux (classes à 12, plan lecture …). Qu’envisagez-vous, par exemple, pour le collège ?
Il est vrai que Jean-Michel Blanquer a souhaité poser une priorité pour l’école primaire. D’abord parce que nous accusions un retard par rapport à des pays comparables au nôtre pour les moyens que nous accordions au 1er degré. Ensuite, évidemment, parce que la bonne acquisition des savoirs fondamentaux, lire, écrire, compter et respecter autrui, est une condition pour la réussite future de nos élèves et leur bonne insertion sociale et professionnelle. Les réformes mises en place commencent à montrer leurs effets pour les élèves qui ont bénéficié des classes dédoublées notamment et dont le niveau général s’améliore. Mais le second degré n’est pas oublié, loin s’en faut. Je pense par exemple au dispositif Devoirs faits qui bénéficie à plus d’un collégien sur trois. J’ai même voulu répondre à un besoin d’accompagnement encore plus adapté aux besoins des élèves en créant eDevoirs faits qui est un dispositif d’aide aux devoirs en distanciel via une plateforme numérique. Nous recrutons pour cela des étudiants qui viennent s’ajouter aux professeurs déjà mobilisés et apportons ainsi des revenus à une population estudiantine durement touchée par la crise sanitaire. C’est un dispositif doublement vertueux.
- Emmanuel Macron a annoncé que l’État participerait à un plan de rénovation, lancé par la municipalité de Marseille, de 174 des 472 écoles de la ville ainsi qu’au lancement d’écoles laboratoires. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Marseille est une ville-monde, une ville de culture avec un potentiel de rayonnement extraordinaire. C’est aussi une ville, le président de la République l’a dit, qui souffre de fractures géographiques, de difficultés économiques, sécuritaires qui s’expriment également à l’école. Nous savons que des écoles y sont dans un état de vétusté qui n’est pas acceptable. La visite du président de la République est un message fort de de l’Etat pour agir aux côtés de la municipalité et offrir de bonnes conditions d’étude et d’exercice à nos élèves et à leurs enseignants.
Le président a en effet annoncé des expérimentations qui pourront contribuer à l’école du futur. Les territoires de l’éducation prioritaire ne sont pas que des territoires de la difficulté, ce sont aussi des territoires caractérisés par une forte attente d’Ecole, par des élèves motivés qui savent l’enjeu et l’opportunité que représente la réussite scolaire. Nous avons des enseignants formidables en éducation prioritaire, extraordinairement engagés. C’est donc tout à fait logique de permettre à ces équipes, à ces écoles, à ces établissements scolaires de mettre leur créativité au service d’une Ecole encore plus proche des besoins des élèves et des familles.
Dans le périmètre de mon secrétariat d’Etat, nous avons apporté des dispositifs importants à Marseille. En créant par exemple un internat d’excellence et quatre cités éducatives. 25 écoles, 4 collèges et 14 lycées de la ville sont aussi concernés par la mise en place de Contrats locaux d’accompagnement (CLA) qui visent à apporter une aide au plus près des besoins des territoires tels qu’ils sont identifiés par les acteurs locaux. C’est aussi notre boussole, faire confiance aux acteurs de terrain et à leur expertise pour trouver les solutions les plus adaptées aux problématiques qu’ils rencontrent.
- On pense souvent aux zones urbaines lorsque l’on parle d’Education prioritaire, d’autres territoires sont-ils concernés ?
L’éducation prioritaire vise à réduire l’impact des inégalités sociales et économiques sur la réussite scolaire sur tous les territoires de la République. Nous savons que les territoires ruraux n’échappent pas aux difficultés. Urbains, périurbains, ruraux, tous les territoires sont au cœur de l’action gouvernementale. L’approche territoriale renforcée est un enjeu pour mon secrétariat d’Etat.
Il s’agit de définir une stratégie éducative globale visant à apporter des réponses adaptées et structurées aux besoins des enfants et des jeunes qui vivent, grandissent et s’épanouissent sur le territoire, quel que soit le territoire. Je reviens sur le concept d’alliance éducative que j’évoquais plus tôt et que nous avons souhaité développer. Il s’agit de privilégier la mise en relation des acteurs, la porosité entre le temps à l’école, le temps hors de l’école, le temps en famille, de développer un véritable écosystème autour des enfants et des jeunes. C’est l’objectif des Cités éducatives, davantage urbaines, mais aussi des Territoires éducatifs ruraux que nous expérimentons depuis janvier 2021 dans les académies de Normandie, Nancy-Metz et Amiens et que nous allons élargir cette année à de nouvelles académies.
Le développent des internats d’excellence est aussi une réponse que nous apportons aux territoires ruraux, souvent caractérisés par des établissements plus éloignés, moins accessibles pour les élèves et dans lesquels l’offre culturelle est moins présente. Nous en avons créé 307. Le label Internat d’excellence est un label d’excellence éducative que nous apportons également dans les territoires ruraux. De même, les Contrats locaux d’accompagnement peuvent venir répondre à des besoins ruraux spécifiques.
Comme vous le voyez, c’est sur tous les territoires de la République que nous nous mobilisons pour que les conditions de la réussite et de l’épanouissement scolaire soient données à tous nos jeunes, quelle que soit leur origine sociale ou géographique.