Une semaine européenne
Si la France a les yeux rivés sur son Assemblée nationale et son gouvernement, cette semaine est également décisive pour le fonctionnement de l'Union européenne. L'attention médiatique est focalisée sur l'échelle nationale, mais le récit européen est aussi le nôtre. La composition de l'exécutif de l'Union européenne est d'une grande importance pour notre pays !
L'élection pour la présidence de la Commission européenne a lieu jeudi 18 juillet. Ursula von der Leyen pourrait être reconduite à sa tête pour cinq ans. Sa victoire n'est pas certaine, mais elle est très probable. Le vote a lieu à bulletins secrets, lors de la première plénière de la nouvelle Assemblée, ouverte ce mardi 16 juillet. Depuis deux semaines, la candidate allemande est en campagne. En contrepartie, les négociations pour les postes clés battent leur plein. Pour être élu à la présidence, il faut recueillir la majorité absolue, soit au moins 361 voix sur 720.
Roberta Metsola, issue du PPE (Parti Populaire Européen), a été réélue à la présidence du Parlement pour un nouveau mandat de deux ans et demi, par 562 voix contre 61. La bataille pour les postes clés - vice-présidents, commissaires, présidents de commission - est lancée. Les 14 postes de vice-présidents sont répartis en fonction du poids politique de chaque groupe. Dans ce rapport de force, le camp de l'extrême droite pèse tout particulièrement. Cependant, il est divisé : deux nouveaux groupes ont émergé, les Patriotes pour l'Europe, dirigés par Jordan Bardella (84 députés) et un petit groupe de 24 députés, l'Europe des Nations Souveraines, comprenant essentiellement des Allemands de l'AfD.
Les scores très élevés de l'extrême droite en Italie, en Autriche, en Hongrie, en Allemagne, aux Pays-bas, en France constituent un avertissement sérieux. Les équilibres au sein du Conseil pourraient notamment être troublés.
Renforcer l'autorité de la Commission européenne serait souhaitable. La nomination de sa présidence reflètera-t-elle l'actuelle coalition de ceux qui déclarent vouloir plus d'Europe, soit, le PPE, le PSE, Renew et les Verts ? Dans la pratique, nous savons que vouloir "plus" ou "moins" d'Europe se décline différemment dans la résolution des problèmes concrets. N'oublions pas non plus que la représentation à l'échelle européenne et le rôle des partis et coalitions ne se superpose pas à une représentation de type national : le Parlement votera l'investiture finale de la Commission, mais celle-ci sera composée de membres correspondant aux majorités gouvernementales des différents pays et ne reflétera donc pas forcément la majorité parlementaire qui a voté pour elle.
Si les logiques nationales apparaissent de plus en plus polarisées aux extrêmes, la logique européenne continue de résister à un clivage droite-gauche strict.