UR 2022 : discours de clôture de Marc Fesneau
Retrouvez ci-dessous le discours de clôture de Marc Fesneau à l'Université de rentrée 2022.
Seul le prononcé fait foi.
Mes chers amis, je suis très heureux d'être ici une nouvelle fois, pour la dixième fois, comme beaucoup d'entre vous, je crois que Maud l'a dit, ici, fidèles à Guidel malgré le beau temps !
Et je voudrais commencer par des remerciements. Je ne serai pas aussi précis que l'a été Maud, mais elle a eu raison de le faire. Je voudrais adresser des remerciements aux bénévoles, aux équipes du Siège sous la houlette de Maud et d’Anna Caroline et de Gina, mais je ne ferai pas l’ensemble de la liste, tous ceux qui, depuis des années, avec patiences, avec minutie avec beaucoup de bienveillance avec chacun d'entre nous font en sorte que les choses se passent dans les meilleures conditions, c'est aussi cela la réussite de Guidel, c'est une équipe qui, depuis 10 ans, est restée fidèle quand, parfois, d'autres chemins professionnels se sont ouverts à eux, ils sont toujours revenus à Guidel car c’est un moment, à la vérité, un peu familial.
Je voudrais saluer toutes celles et ceux, les responsables aussi que vous êtes, les responsables de départements, pour assurer une mobilisation très forte, François le disait d’ailleurs depuis jeudi ou vendredi, nous sommes un nombre très important cette année, cela montre aussi la force à la fois de ce que nous sommes et la force de la capacité que nous avons à attirer les gens vers nous.
Je voudrais saluer les collègues Ministres, Sarah, Geneviève que j'ai sous les yeux et Jean-Noël qui est un peu en campagne. C'est iconoclaste, mais il est un peu en campagne et donc saluer, à travers mes paroles, la campagne qu'il fait pour reconquérir son siège de Député.
Je voudrais saluer le président de notre groupe Jean-Paul Mattei.
Il y a quelque chose d'assez bizarre.
Maud parle, et elle est Secrétaire générale, je le fus, Jean-Paul a parlé, il est président, vous voyez où l'on peut arriver à la fin ! C'est juste pour vous dire que tous les chemins, je ne sais pas où ils mènent, s'ils mènent à Rome, mais il peut arriver des tas de choses. Tenez-vous prêts, je le dirai à la fin d’ailleurs, on ne sait jamais ce qui peut arriver dans la vie.
Je voudrais saluer - je dirai un mot tout à l'heure - toutes celles et ceux qui, depuis des années, sont avec nous : vous, les militants, vous, les Parlementaires, vous les cadres et nous faisons en sorte que les choses fonctionnent.
Je voudrais dire qu'après 10 ans, ce qui est intéressant, finalement, pourquoi on est là ? La première chose, c'est parce qu'en fait, on n'a jamais renoncé, on a toujours fait le choix de l'indépendance et des convictions.
2012, c'était un choix audacieux, un choix difficile, François me regarde en souriant, il voit de quoi je veux parler, et vous avez été nombreux à l'époque à être là, dès 2012, d'autres étaient arrivés avant en disant que c'était un choix audacieux et difficile parce que nous avions fait le choix qui n'est pas difficile, celui des convictions et de l'indépendance, qui était le plus évident, mais qui n'est jamais un choix facile dans la vie politique et je voudrais remercier toutes celles et ceux qui, depuis 2012 et avant, ont suivi ce choix. Mais, à la vérité, le choix de 2012, il était la continuité de ce que j'avais perçu chez François quand je me suis engagé dans ce mouvement, car il y avait eu des épisodes précédents, il y avait eu des Européennes en 1999 et, en 2004 et en 2010, il y avait eu des Régionales, il y avait eu une présidentielle en 2002 et en 2007 et, à la vérité, 2012 n'était que l'aboutissement pour ceux qui ne l'avaient pas vu de l'exercice plein et entier de la liberté d'une famille politique.
Et c'est au rendez-vous que nous sommes depuis 10 ans, mais pas depuis 10 ans, depuis 25 ans que je suis dans ce parti, c'est à ce rendez-vous-là, celui de ne jamais avoir renoncé, car dans la politique quand on renonce, on renonce à l'essentiel de la politique me semble-t-il.
Voilà ce que je voulais saluer aujourd'hui.
Et dans la capacité à ne pas renoncer, il y a la capacité à mener des combats. Je ne suis pas en reste, mais beaucoup dans cette salle ne sont pas en reste des combats, et je voudrais saluer celles et ceux qui, depuis des années, mènent des combats électoraux pour porter ce que nous sommes, pour porter nos idées, pour porter notre indépendance parfois ou pour la réaffirmer quand il est besoin de le faire et je voudrais évidemment en premier chef saluer Patrick qui m'a succédé au groupe, qui a mené des combats à peu près dans la même temporalité que moi, peut-être même un petit peu avant dans d’autres sphères, mais qui n'étaient pas éloignées à l'époque déjà.
Et saluer toutes celles et ceux qui, autour de lui, Bruno Sylvain, Marguerite, Michel, Jean-Luc, Nadia et Christophe et tous ceux qui sont allés au combat et qui avaient été au combat depuis très longtemps, qui ont été avec nous en 2017, qui ne le sont plus aujourd'hui, mais qui sont avec nous aujourd'hui.
Le sens des combats, c'est aussi cela.
Je voudrais saluer le combat de ceux qui ont été élus et saluer le combat de ceux qui ont été battus et qui ont porté une nouvelle fois nos couleurs en 2022 et saluer le combat, qui est parfois le plus difficile, c’est ceux qui n'ont pas pu mener le combat, ceux qui ont, parce que nous avons décidé de construire une alliance, accepté qu'ils se mettent au service parfois de candidatures alors qu’eux-mêmes étaient candidat et je sais que, pour les responsables de mouvement que vous êtes, comme cela peut être difficile alors que l'on porte le combat de ne pas pouvoir soi-même le porter, mais à la vérité nous portions un combat collectif.
Et donc, Jean-Paul, maintenant tu as la lourde charge - on en parlait l'autre soir - de présider un groupe, mais que tu connais parfaitement. Je sais ton talent à la fois de négociateur et ta capacité de fermeté, car quand on est président de groupe, j’en ai deux sous les yeux, mais François connaît aussi, cette capacité particulière.
Il faut œuvrer avec une grande diplomatie avec les siens et grande diplomatie avec les autres. Mais je pense que c'est un moment particulièrement heureux ; tous ceux qui en sont sortis restent avec un bon souvenir, tu viens d'y rentrer donc j'imagine que les choses se passeront au mieux avec l'ensemble des troupes, car, j'y viendrai après, tout cela n'a pas été possible et ce non-renoncement est lié aussi au fait de ce que l'on a dans le groupe et ce que l’on a aussi dans le mouvement, c'est que l'on n'a jamais non plus fait défaut à l'esprit de solidarité et d'unité.
Je vous le dis, dans les familles politiques que nous avons autour de nous, globalement dans leurs histoires, elles se sont toujours fracassées sur l'esprit de solidarité, sur l'esprit d'unité.
Nous avons été unis à la fois dans les défaites, dans les difficultés, dans les combats que nous avons eus à mener et c’est plus difficile encore d'être unis et de faire preuve de solidarité quand on est dans les phases de victoire.
Donc je voudrais saluer toutes celles et ceux qui œuvrent, qui pensent que rien n'est jamais acquis ni la victoire ni la défaite, qui fait que, cela, c'est une marque de solidarité et d’unité qui est très précieuse dans la vie politique et qui nous permet de voyager depuis un certain nombre d'années.
Bravo à tous, de cela aussi.
La troisième chose que je voulais dire, tout cela ne serait pas possible et nous ne serions pas au rendez-vous si nous n'avions pas une profonde capacité d'ouverture et d'accueil.
Auguste, tu disais : « nous sommes les dépositaires ». Nous sommes à la fois les dépositaires et en même temps nous sommes ceux qui pensent que d'autres peuvent venir enrichir cette famille politique en permanence. C'est cela la force de ce mouvement. Cela me permet de saluer ceux que je connais depuis quelques paires d'années et ceux que je vois arriver encore aujourd'hui car un mouvement qui n'est pas capable en permanence d'accueillir de nouveaux profils, c'est un mouvement qui, à terme, peut disparaître. Et la force qui est la nôtre, c'est notre capacité d'ouverture et j’en dirai un mot juste après.
Vous dire aussi un mot des temps que nous traversons, Maud en a parlé elle aussi, des temps qui paraissent un peu sombres. Quand on réfléchit, en trois ans, on a balayé à peu près ce que sont les grandes peurs millénaires ou multimillénaires ou multiséculaires, comme vous voulez : la peur de l'épidémie, la peur de la guerre et, dans certains coins du globe, la peur de la famine.
Nous sommes dans une période dont il faut mesurer la force sur les peuples et les risques que cela peut produire quand nous sommes sur des peurs de cette nature-là qui ne sont pas irréelles, qui sont des peurs que les gens ont vécues.
Et en trois ans, Covid pour la suite des événements avec la guerre en Ukraine, on a renoué avec les peurs.
Donc nous sommes dans des temps compliqués qui, le Président de la République l'a dit je trouve avec grande justesse quand il avait parlé de la fin de l'innocence ou de la fin de l'insouciance.
Sans doute la fin de l'innocence et la fin de l'insouciance.
Je vois que Jimmy me dit : « il y a l'abondance », mais j'y viens après.
Mais nous étions dans un territoire, dans un espace et même dans un monde où nous pensions que les choses étaient désormais acquises et que le monde dont certains professaient même la fin de l’histoire, il n’y a pas si longtemps que cela, nous renouons avec des moments historiques et avec l'histoire.
C'est cela aussi la fin de l'innocence et de l’inconscience ou de l'insouciance que nous avions et nous avons besoin de retrouver quelque chose dont un monde occidental qui était un monde dominant qui croyait que sa pensée, son modèle économique, sa pensée philosophique étaient dominants, Jean-Yves Le Drian le disait hier et nous avons besoin de renouer aussi, nous, avec une force qui permette, dans le cadre qui est le nôtre, de retrouver la fierté de ce que nous sommes et de repenser le monde différemment de ce qu'il était et de la façon dont il s'est construit depuis 70 ans.
Nous vivons le monde aussi de l'intolérance et, l’intolérance, elle n’est qu'à l'extérieur de nos frontières, la violence n'est pas qu'à l'extérieur de nos frontières. Il me semble que ces temps-là sont difficiles et j’en dirai un mot quasiment en conclusion.
Il me semble que c'est là-dessus aussi nous devons œuvrer et François parlait hier ou avant-hier des questions de réconciliation, nous avons besoin, dans ces temps d’intolérance, dans ces temps de grands bouleversements, d'essayer de réconcilier les gens avec eux-mêmes et le monde dans lequel ils vivent.
Il me semble que c'est un élément important.
Je ne vous ai pas parlé beaucoup d'agriculture car tel n'est pas l'objet de mon discours.
Mais, la réalité, quand vous êtes au poste de ministre de l’Agriculture et de la souveraineté alimentaire, vous avez, face à vous, les mêmes sujets : les sujets mondiaux, les sujets européens, les sujets nationaux. Vous avez face à vous les sujets de la liberté par rapport à la souveraineté alimentaire, vous avez les sujets du dérèglement climatique et qui remettent en cause profondément non seulement les activités agricoles, mais le modèle, la culture, l’identité agricole telle qu'elle s’était construite depuis des siècles, car le dérèglement climatique, c’est - c’est ce que disant en tout cas les spécialistes - 1 degré, c'est 500 kilomètres de décalage de climat théorique à l'échelle d'une génération ou à l'échelle de deux générations. Et donc cela doit nous interroger.
Cela interroge profondément le monde agricole, mais cela va nous interroger nous aussi car cela remet en cause nos espaces, nos identités, nos productions, nos traditions. Il faut que l'on y travaille évidemment.
L'agriculture a besoin de travailler sur le temps long dans ce monde qui est irrémédiablement, pour l’instant, mais nous sommes des artisans du temps long et de la pensée longue.
Et l'agriculture, elle a besoin aussi qu'on la pense dans le temps long.
Je voudrais dire un mot dans ce moment-là du paradoxe que nous vivons. Nous sommes une société, vis-à-vis de l'agriculture, mais vis-à-vis finalement de tous les sujets du monde, qui prône la différenciation, la différence, le respect de l'autre et qui, à longueur de journée, a du mal à vivre avec la différence.
Je suis très frappé de cela en permanence. Nous sommes une société qui vit la différence non pas comme une richesse, comme nous, nous la vivons, comme nous l'avons toujours vécue au Modem avec François, mais qui vit la différence comme une violence, une remise en cause personnelle et qui pense le respect comme le respect de soi-même, mais pas le respect forcément de l'autre. Et nous avons besoin de construire une société qui accepte la différence, pas la sienne, mais qui accepte la différence de l'autre, car, pour moi, c'est un enrichissement.
La majorité doit respecter les minorités, les minorités doivent respecter les minorités et les minorités doivent aussi respecter les majorités.
C'est cela le respect de la différence et de la bienveillance.
Nous ne sommes pas les moins armées François et vous tous chers amis pour être ceux qui sont respectueux de la différence et de la volonté de réconcilier. Il ne suffit pas d'ailleurs, on dit souvent, d'avoir raison. Il ne suffit pas d'avoir raison en avance, il faut aussi réussir à convaincre et embarquer les gens et il faut que l'on fixe des repères pour chercher à comprendre et chercher à se comprendre.
C'est bien le travail que nous avons devant nous, et je voudrais vous dire juste en quelques mots, remerciements au début et remerciements à la fin, la fierté qui est la mienne d'adresser des remerciements à plusieurs d'entre vous et, nominativement et collectivement, vous dire un certain nombre de choses.
La première, c'est saluer les anciens et les nouveaux, combattants de la première heure et ceux qui nous sont rejoints, à ceux qui sont partis et à ceux qui nous ont rejoints après, qui sont revenus, aux militants de toujours et aux militants du jour, à ceux qui n'ont jamais fait défaut, qui n'ont jamais douté, y compris dans les temps les plus difficiles.
Je voudrais rappeler aussi qu'en 2010 sur l'intuition de Marielle et avec François, vous nous aviez dit : il faut faire émerger une nouvelle génération.
On avait appelé cela les quadras. Les quadras sont devenus les quinquas, mais, pas tous, parce qu’ils étaient trentenaires à l'époque.
Je voudrais sincèrement remercier toutes celles et ceux, François au premier chef, évidemment Marielle à qui je pense, Jacqueline, tous ceux qui ont pensé que le destin d'une formation politique, c'était la volonté réelle, sincère, de faire monter une génération.
Je n'en suis pas le témoin unique, j'en vois plein dans la salle qui sont témoins de cette génération qui a émergé depuis 10 ans et c'est très rare dans la vie politique de faire émerger comme cela une solidité, une solidarité et en même temps de faire émerger une génération.
Je veux vous dire donc la fierté de notre solidarité, la fierté de notre solidité, la fierté d'être restés nous-mêmes et fidèles à nous-mêmes et le choix déterminé que nous avons toujours fait qui est celui de la réconciliation. Je le disais tout à l'heure, ce sont pour moi des armes redoutables dans les temps qui viennent.
Alors, dans ces temps un peu sombres, j'aurais tendance à dire, d'abord de ne pas avoir peur des temps qui viennent et, ensuite, de nous tenir prêts comme nous nous sommes tenus toujours prêts au combat et apporter nos idées.
Parce que notre pays n'est pas le moins armé pour faire face aux tempêtes, il l'a déjà fait, il faut nous tenir prêts enfin parce que, ne sachant ni le moment ni l'heure des combats que nous aurons à mener, non pas les combats des temps sombres, non pas l’heure des collapsologues et des théoriciens du chaos, mais l’heure de ceux qui ont toujours été là pour tracer un chemin, pour lutter contre les extrêmes et qui, inlassablement, ont été prêts à repartir au combat et à remettre en jeu.
La capacité que nous avons, nous, à nous remettre en jeu en permanence, c'est une grande force dans la vie politique et je le dis que, comme je le disais tout à l’heure, ce n'est pas parce que nous sommes en situation de gouvernement qu'il ne faut pas en permanence s’interroger sur la capacité à remettre en jeu les choses sinon, nous ne jouerions pas, parfois, notre rôle.
Je voudrais simplement vous remercier toutes et tous d'être là, d’être là au premier sens du terme, d'être là solides, d'être là debout, d'être là libres et je voudrais remercier François d'être la debout, solide et libre et d'avoir porté cette parole depuis un paquet d'années.
Applaudissements…