De l'enfance au grand âge : les liens qui nous unissent
Notre secrétaire générale adjointe Alice Le Moal a animé une plénière le 20 septembre 2020 sur les liens entre les générations : avec le sénateur du Pas-de-Calais Jean-Marie Vanlerenberghe (rapporteur du PLFSS) et le trésorier du Mouvement démocrate Jean-Jacques Jégou, il a été question de la dépendance et du financement de la Sécurité sociale. Avec l’ancien ministre de la Culture Jean-Jacques Aillagon et la députée européenne Laurence Farreng, nous avons parlé de la culture créatrice de liens, tandis que Siham Labich, élue locale à Saint-Eitienne, a détaillé pour nous des actions visant à lutter contre la solitude.
Alice Le Moal est une femme politique profondément engagée pour une société plus solidaire. Une société peut-elle exister sans ses solidarités ? Non, dans nos sociétés modernes, marquées par la division du travail, seules les solidarités nous permettent de tenir ensemble, comme un organisme vivant. Alice Le Moal cite en ouverture le philosophe personnaliste Emmanuel Mounier : « Je n’existe que dans la mesure où j’existe pour autrui. Etre, c’est aimer. » La crise sanitaire, l’expérience violente du confinement, nous ont tenu et nous tiennent encore à distance de nos aînés et de nos proches. Comment maintenir et récréer les liens ?
Jean-Marie Vanlerenberghe, rapporteur du PLFSS, tient à saluer avec chaleur l’adoption de la loi pour la création d’une 5e branche de la sécurité sociale, pour lutter contre la dépendance. C’est là une avancée historique. Cette pierre de touche a été posée grâce à un amendement du groupe MoDem, ce dont nous pouvons être extrêmement fiers. Parler de 5e branche est plus fondamental que parler seulement de 5e risque. 27 milliards sont actuellement fléchés, en complément de la CNSA.
Avec Jean-Jacques Jégou, qui a été vice-président de la commission des Finances du Sénat, Alice Le Moal a posé la question de l’efficacité des politiques publiques. Aujourd’hui, o compte 14,8% de pauvres en France. Et pourtant, notre pays est l’un de ceux qui distribuent le mieux les richesses, à 60%. Actuellement, un enfant sur cinq connaît la pauvreté. Dans son dernier ouvrage, Pouvons-nous sérieusement changer le monde ?, Bertrand Badré nous met en garde contre le déclin des classes moyennes. Jean-Jacques Jégou reconnaît que cette inefficacité pose question. Notre système social et de solidarité, créé en 1945 par le Conseil National de la Résistance, est bien conçu. Notre système de retraites est l’un des plus généreux. Notre système de santé, malgré ses défauts, demeure l’un des plus efficaces. Mais nous avons une exigence que nous n’avons pas toujours la possibilité de réaliser. A la limite, les besoins, en matière de solidarité, sont illimités. Et, trop souvent, l’on oublie de parler du coût des mesures, pour la petite enfance, les crèches, les Ehpads, comme si tout allait de soi. Maire du Plessis-Trévise pendant 31 ans, Jean-Jacques Jégou s’est attaché à définir les besoins en fonction de leur réalisation optimale.
Interrogés sur l’importance de la culture, l’ancien ministre Jean-Jacques Aillagon est convaincu que la culture est, par excellence, créatrice de liens. Et une culture qu’il s’agit de rendre toujours plus démocratique. A l’heure du virtuel, la fracture numérique révèle des inégalités à combattre. L’exercice de démocratisation culturelle – déjà de mise sous André Malraux – est passionnant et salutaire.
C’est bien l’avis de la députée Laurence Farreng, très attachée à la relance culturelle de l’Europe. Nous sommes un peu étourdis par les milliards investis pour la relance, mais l’essentiel est de les flécher vers les secteurs vulnérables et essentiels. L’apprentissage, le premier emploi, la garantie jeunesse, la garantie enfant, sont des projets nécessaires. Comment crée-t-on ce qui nous lie ? La question mérite réflexion.
La jeune élue de Saint-Etienne Siham Labich nous fait part de ses expérimentations concrètes pour lutter contre le morcellement de la société. L’isolement peut tuer, rappelle-t-elle avec émotion. Toutes les personnes âgées n’ont pas la chance d’avoir une famille aimante. Pour eux, les collectivités locales doivent être là. La fraternité est une valeur primordiale. Par des pass loisirs pour les seniors, par un réseau de bénévoles, par des « villages des aînés » comme il en existe aussi à Montpellier ou à Valence, tout est bon pour récréer du lien. L’objectif ? Que les jeunes et les vieux en viennent à se respecter, à ne plus s’exclure d’emblée avec mépris. La lutte contre les préjugés est indispensable. Par des conseils consultatifs des enfants, des jeunes, des seniors, les idées pour la ville peuvent infuser. A Saint-Etienne, la création d’un physio-parc a permis de faire un peu reculer le trafic de drogue, au profit des activités familiales, sportives.
Oui, conclut Alice Le Moal, certaines initiatives ne coûtent presque rien, juste du temps et de l’énergie. Nous avons la force et l’amour pour cela.
Invités
Ancien ministre de la Culture, conseiller municipal de Plougasnou
Directeur des affaires culturelles de la mairie de Paris avant d'être nommé président du Centre Georges-Pompidou en 1996, Jean-Jacques Aillagon devient ministre de la Culture et de la Communication en 2002 sous la présidence de Jacques Chirac. Après avoir quitté le gouvernement en 2004, il assure la présidence de TV5 Monde, avant d'être nommé en 2007 président de l'établissement public du château, du musée et du domaine national de Versailles. Renouvelé dans ses fonctions, il le restera jusqu'en 2011. Fin 2016, il rejoint le bureau exécutif du Mouvement Démocrate. Pour Jean-Jacques Aillagon, la culture est quelque chose de véritablement anthropologique : il n’y a pas d’humanité sans culture, ni de culture sans humanité.
Députée européenne, membre de la commission de la culture et de l’éducation
Conseillère municipale élue à Pau, Laurence Farreng possède 20 ans d’expérience dans la publicité. Elle devient alors directrice de la communication, de l'événementiel et du protocole de la cité paloise.
Laurence Farreng est fondatrice de l'association « Bonjour l’Europe » qui promeut et facilite auprès des jeunes l’expérience d’études, de stages et de travail dans les villes et les universités des autres pays du continent.
En 2019, elle est élue députée européenne. Elle est membre de la commission de la culture et de l'éducation et membre suppléante de la commission du développement régional. Laurence Farreng s’attache notamment à développer le soft power, outil d’attractivité et d’influence.
Trésorier du Mouvement Démocrate, président de l’Institut de Formation des Élus Démocrates
Maire du Plessis-Trévise pendant 30 ans, Jean-Jacques Jégou est profondément attaché au lien de confiance tissé entre l’édile et ses concitoyens. Il a ensuite été député, puis sénateur du Val-de-Marne, et a été vice-président de la commission des Finances du Sénat. Aujourd’hui trésorier du Mouvement Démocrate, il est également président de l’Institut de Formation des Elus Démocrates. La transmission est au cœur de l’engagement démocrate.
Siham Labich
Seconde adjointe au maire de Saint-Etienne, vice-présidente de Saint-Etienne Métropole, présidente du Mouvement Démocrate de la Loire
Siham Labich s’est engagée jeune en politique, pour défendre les valeurs humanistes. Nommée seconde adjointe au maire de Saint-Etienne, elle est chargée de la cohésion sociale, de la politique de la ville, du handicap, de la lutte contre les discriminations. Siham Labich est active dans les organisations associatives.
Sénateur du Pas-de-Calais, rapporteur de la commission des Affaires sociales, vice-président du Mouvement Démocrate
Dès la fin de ses études d’ingénieur, l’engagement politique de Jean-Marie Vanlerenberghe se décide, au MRP, puis au Centre des démocrates sociaux. L’idée de conjuguer une économie sociale de marché et un humanisme chrétien le guide. Maire d’Arras, il est ensuite député européen, de 1986 à 1989, puis de 1993 à 1994. Au Sénat, il se bat pour les affaires sociales. Chaque année, il présente ainsi un Rapport d’analyse sur le projet de loi de finances de la Sécurité Sociale. Cette responsabilité le rend particulièrement attentif aux évolutions des politiques de santé.
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