Jean-Luc Lagleize : "Gagner la bataille du logement"
La crise sanitaire a démultiplié les inégalités : l'inégalité face au logement s'est révélée criante. Les confinements ont brutalement renvoyé les citoyens à leur espace de vie. Le mal logement est une réalité. Le député de Haute-Garonne Jean-Luc Lagleize a remis au premier Ministre Edouard Philippe un rapport sur les évolutions du foncier et du logement. Aujourd'hui, Jean-Luc Lagleize publie un livre incisif et éclairant, grand public, qui donne aux élus et aux citoyens les clés pour gagner la bataille du logement.
Le titre de l'ouvrage, Gagner la bataille du logement, manifeste une volonté d'agir pour lutter contre le mal logement. Toute personne disposant de ses droits sociaux devrait pouvoir se loger dans des conditions décentes. Vétustes, exigus, mal insonorisés, trop chaud, les logements ont souvent montré tout leur inconfort durant les confinements. La question des distances s’est posée : à 1km de chez soi, quels commerces et services trouve-t-on ? Nous ne sommes pas égaux. Surtout, la place de la voiture mérite réflexion : N’oublions pas que le rapport à la voiture a été au déclenchement de la crise des gilets jaunes.
Tout ce qui impacte l’environnement existe au niveau local. Ce qui peut sembler le plus évident, c’est ce qui relève vraiment d’une décision des maires : l’urbanisme. Il faut par exemple arrêter l’extension en périphérie des lotissements et des zones commerciales, qui consomment en France, chaque année, l’équivalent d’un département en forêts, champs et espaces naturels. C’est le plus urgent. La ville doit absolument en finir avec le tout minéral. L’évolution climatique le commande. Les canicules vont se multiplier. Nombre de logements sont, par canicule, inhabitables (isolation, rénovation thermique nécessaire). Les arbres ont leur place en ville, mais les arbres plantés. Ces questions, Jean-Luc Lagleize les développe en lien avec une réflexion d'ensemble, de plus long terme : c'est la politique du foncier qu'il s'agit de repenser.
Solidement charpenté, ce petit livre n'en propose pas moins 50 propositions concrètes, répondant à l'urgence de la crise. C'est une évidence : les villes de demain doivent être plus habitables, plus durables. Nous devons permettre des conditions de vie dignes, pour les citoyens comme pour l'environnement. Pour cela, Jean-Luc Lagleize propose des mesures fortes comme la construction en hauteur pour ne pas empiéter sur la nature, pour offrir des espaces ouverts avec balcons ou terrasses ; la rénovation des immeubles anciens ; la réhabilitation des friches industrielles, commerciales, administratives au coeur des villes pour éviter d'artificialiser de nouveaux sols : recycler les espaces s'avère indispensable. Les mesures visent également à rendre les villes accessibles à tous ceux que la précarité en a exclus.
Ce livre s'adresse à tous les acteurs de la politique d'urbanisme, pour les exhorter à se coordonner : les élus locaux, les constructeurs, les professionnels de l'immobilier qui, trop souvent, pensent la ville selon leur prisme particulier. La problématique du logement est en même temps une question locale et une question d'aménagement du territoire. Aussi faut-il accompagner les élus dans leur politique du logement et d'aménagement du territoire. Améliorer l'évaluation foncière, au service des élus, est ainsi une nécessité. La question du locatif exige de nouvelles mesures. Depuis quelques années, le locatif de courte durée vient directement concurrencer l'hôtellerie, secteur déjà fragilisé avant la crise sanitaire. Il faut mieux encadrer et réguler l'investissement locatif, en adaptant notamment le dispositif de réduction d'impôt sur le revenu en faveur de l'investissement locatif intermédiaire, l'objectif étant de produire plus de logements locatifs à des tarifs abordables. Dans une société où la mobilité professionnelle s'accroît, il pourrait être intéressant d'inciter certaines personnes à être locataire de leur logement principal mais propriétaire d'un petit bien secondaire pour le louer, par exemple.
Pour opérer une révolution foncière, il faut fluidifier la constitution des organismes de foncier solidaire (OFS) et étendre les bénéficiaires de la dissociation entre le foncier et le bâti.
L'ouvrage procède à une comparaison passionnante avec d'autres pays que le nôtre. A rebours des idées reçues, on apprend ainsi que la Suède est mauvaise élève dans sa politique de logement.
A chaque fin de chapitre, les propositions sont résumées clairement et un témoignage d'un professionnel du secteur concerné : le président du directoire de CDC Habitat, un professionnel de l'immobilier, le président de la RICS France, le gérant associé de la MDH Promotion, nous fait part de son sentiment sur le rapport parlementaire de Jean-Luc Lagleize.
Utile, percutant, le livre montre que l'on ne gagnera la bataille du logement qu'en comprenant ensemble, en partenaires - Etat, collectivités territoriales, professionnels de l'urbanisme comme de l'immobilier, citoyens - les problématiques urgentes du logement et de l'aménagement du territoire.