Grands débats avec Jacqueline Gourault, Denis Badré et Anne Terlez : le goût des territoires et du bien commun
Mercredi 26 février, le Mouvement démocrate recevait la ministre de la cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales Jacqueline Gourault, l’ancien maire de Ville d’Avray et ancien sénateur Denis Badré et l’adjointe au maire de Louviers Anne Terlez : tous trois oeuvrent pour notre maison commune, attentifs aux singularités des territoires.
Élections municipales et intercommunales
À trois semaines à peine des échéances municipales, il est important de rappeler à quel point la cohésion des territoires compte. La ministre Jacqueline Gourault l’a affirmé d’entrée de jeu : "Ces élections ne sont pas seulement des élections municipales. J’insiste sur ce point : ce sont des élections municipales et intercommunales." Nombre d’élus mènent une campagne strictement municipales, alors que beaucoup de compétences vont en réalité être exercées au niveau de l’intercommunalité.
Jacqueline Gourault, Denis Badré, Anne Terlez s’accordent tous trois pour défendre l’intercommunalité. Il ne s’agit pas de rajouter une strate au millefeuilles territorial, mais bien de mettre en place un mode de gouvernance. On parle de "bloc communal", c’est un même niveau de collectivités qui s’organisent pour mettre en place des problématiques locales. Et l’intercommunalité n’a d’intérêt que si les maires se l’approprient pleinement. Denis Badré le rappelle, soulignant la force de l’union au sein d’une intercommunalité. Défendre l’intercommunalité, c’est en même temps défendre les communes.
Mode d’organisation des territoires
Animée, conviviale, la discussion a porté sur le mode d’organisation des territoires : l’intercommunalité constitue le bon échelon pour agir sur un tas d’échelons compliqués et pour mener des politiques publiques que l’on n’aurait pas pu mener autrement. Vice-présidente de son intercommunalité, Anne Terlez le souligne, elle qui a été initiée à l’ADCF (l’Assemblée des Communautés de France, qui fête ses 30 ans) à l’époque où Jacqueline Gourault et Marc Fesneau y exerçaient des fonctions. C’est un lieu de formation exceptionnel. Complices, les trois intervenants se connaissent depuis longtemps. Anne Terlez a même eu la chance d’avoir Jacqueline Gourault comme professeur d’Histoire-géographie au lycée ! Quant à Denis Badré, elle l’a rencontré alors qu’elle était jeune militante dans les Hauts-de-Seine. Anne Terlez explique l’importance du pacte fiscal et financier pour mener des projets de solidarité et redistribuer la richesse du territoire. Alice Le Moal, élue également, a rappelé la situation particulière des Hauts-de-Seine.
L’un des grands enjeux de ces élections est le lien entre l’intercommunalité et les communes, entre les conseillers municipaux et l’intercommunalité. Pour Denis Badré, l’intercommunalité représente un vrai lieu de démocratie. Dans son livre, Maison commune, il établit un parallèle entre l’intercommunaité et l’Union européenne. Le ciment de l’intercommunalité, c’est la volonté politique de travailler ensemble. C’est un lieu où construire des politiques intelligentes. Surtout, Denis Badré rappelle que la coopération est une richesse : une frontière ne doit pas seulement fermer et exclure, sinon c’est un mur. Une frontière n’a de sens que si elle peut être franchie. Et les hommes, devant l’obstacle des fleuves, ont inventé les ponts, qui sont à leur tour devenus des lieux de vie. Denis Badré raconte qu’en Amazonie, dans des coins reculés, où les gens n’avaient rien, il les a vus se réorganiser une vie de village. La vie, immédiatement, secrète ce besoin d’aller vers son voisin. Faire maison commune, cela permet de lutter contre tout ce qui isole.
Égalité territoriale
Jacqueline Gourault a pris l’exemple d’un restaurateur de la Creuse, à l’initiative d’un beau projet de solidarité. Dans sa grande bâtisse, il a eu l’idée d’établir, progressivement, une garderie d’enfants, des cours de cuisine pour enfants, un espace de co-working, un atelier de théâtre.
Au nom de l’égalité républicaine, il faut savoir faire de la différenciation. Le principe d’égalité, c’est précisément d’aider ceux qui en ont le plus besoin et de les accompagner.
L’échelon départemental compte. Le retour des préfets, et des sous-préfets développeurs est attendu. Jacqueline Gourault n’apprécie pas les oppositions caricaturales entre les villes et les campagnes. Il existe aussi une ruralité heureuse. Un récent sondage montre que 80% des maires de France sont satisfaits de leur intercommunalité. Et c’est la mission de l’Etat d’accompagner les territoires plus en difficulté. La transition écologique, la transition sociale doivent passer par les territoires. Faire maison commune, fabriquer du consensus, cela n’a de sens que si la dynamique vient des citoyens. Les élus ont à charge, ensuite, de les représenter au mieux : pour cet effort vers le bien commun, on doit leur dire merci.