Université 133 : Le sens du travail - Conclusions
Mercredi 19 avril a eu lieu la soirée de conclusion de notre cycle « Le sens du travail », initié à l’automne par Patrick Mignola (vice-président et porte-parole du MoDem), Bertrand Le Guern (chef d’entreprise) et Université 133. Le philosophe et sociologue Raphaël Liogier (Sciences po Aix) et le directeur général de Crédit Mutuel Alliance Fédérale ont discuté des enjeux liés aux transformations du travail.
Lorsque le Mouvement démocrate a lancé ce cycle en septembre, nous n’imaginions pas que les réformes allaient créer une crise sociale aiguë. Raison de plus pour aller au fond des choses : car cette conclusion est, bien sûr, une ouverture.
Comment redonner du sens au travail ? Comment éviter de tomber dans une société du divertissement et construire, à l’inverse, une société du loisir et de l’activité, au sens plein ?
Le loisir de choisir une activité désirée, non subie. C’est la réflexion que propose Raphaël Liogier, qui voit dans la situation actuelle une telle exacerbation des symptômes que cela permet d’établir un diagnostic clair et des pistes de solution. Car le désir d’arriver à la retraite le plus tôt possible ne cache-t-il pas, au fond, un désir d’action ? Être enfin à la retraite pour faire ce que l’on veut, ce pour quoi l’on se sent fait. Précisément, pourquoi ne pourrait-on pas s’épanouir aussi durant le temps du travail qui, idéalement, ne devrait pas être conçu comme un enfermement. Comment éviter de fétichiser l’emploi, le plein emploi, et retrouver du sens dans le travail ? La finalité du travail étant la liberté, l’autonomie. Pour le philosophe, taxer le capital davantage que le travail, réformer le code du travail, et assurer un revenu d’existence seraient des pistes.
La députée européenne Marie-Pierre Vedrenne nous rappelle, depuis Strasbourg, l’importance des votes au Parlement cette semaine, en particulier sur la neutralité carbone, sur le climat. Ce sont là des textes fondamentaux, qui engagent sur le long terme.
L’Union européenne, c’est une identité économique particulière. Sur le dumping social, sur la concurrence déloyale, sur les travailleurs transfrontaliers, une réflexion doit être menée, pour ne pas laisser les populistes instrumentaliser ces sujets lors des élections européennes de 2024. C’est au cadre législatif qu’il revient d’harmoniser.
Directeur général de Crédit Mutuel Alliance Fédérale, Daniel Baal a également présidé la Fédération française de cyclisme, avec le même esprit, profondément mutualiste et solidaire. Associer les salariés à l'ensemble des grandes décisions, tel est l’engagement : le Crédit Mutuel a une chambre syndicale et interfédérale, en 3 sessions annuelles, avec une représentation de l'ensemble des élus mutualistes et un petit quart de salariés. Quand on est coopératifs et mutualistes, on n'a pas de dividendes à distribuer, tout est accumulé en fonds propres ce qui est un gage de stabilité. Pendant la loi PACTE, avec Nicolas Théry, l’objectif a été : la raison d’être d’abord, « ensemble, écouter, agir ». Dans la démarche mutualiste, cela semblait cohérent de passer à un mutualisme de la preuve. L’étape suivant a consisté à devenir une entreprise à mission.
Bertrand Le Guern souligne que ce fonctionnement mutualiste est la meilleure illustration de ce qu’attend la société. Raphaël Liogier renchérit en affirmant qu’une société mutualiste serait souhaitable, pour être véritablement solidaire. Il n’y a pas nécessairement d’opposition entre la rentabilité et la participation.
Nombreux, les questions et les témoignages de la salle ont porté sur la question du sens, à trouver, à inventer pour le travail tout au long de la vie. Notre député des Français de l’étranger, Frédéric Petit, est intervenu pour partager son expérience du monde du travail et de l’administration à l’Est, mais aussi en Egypte. Et si trois quarts de la population européenne se concentrait entre Barcelone et Berlin, nous aurions failli collectivement.
En conclusion, et avant de partir sillonner d’autres régions, Patrick Mignola a souligné que la France a trop souffert de lois générales.
La responsabilité qui est la nôtre, c’est de poser des règles, des objectifs, mais en faisant confiance aux acteurs économiques et sociaux.