Soirée-débat à Toulouse sur la compétitivité industrielle
Jeudi 10 avril, le président du MoDem 31 Laurent Esquenet-Goxes et Alexandra Leuliette (membre du Board de l’IED) nous ont chaleureusement accueillis à Toulouse pour une soirée-débat pleine d’idées et d’optimisme sur la compétitivité de l’Union européenne.
L’IED et le Village Démocrate Europe, International, Défense – avec sa coanimatrice Viviane Boussier - ont conjugué leurs forces pour dépasser le stade du diagnostic et proposer des pistes d’action. Lors de cette soirée, animée par Olivia Leboyer (Université 133), l’eurodéputé Christophe Grudler (commission de l’industrie, de la recherche, de l’énergie), l’ancienne eurodéputée Irène Tolleret (spécialiste des questions agricoles et membre du village Agriculture) et Hubert Faure, rédacteur du Manifeste européen du Parti radical, ont livré leurs éclairages.
La compétitivité, c’est une course dans une société où tout s’accélère et où la géopolitique change de style. Face aux provocations et aux coups de bluff de Donald Trump, comment réagir ? Christophe Grudler le rappelle : devant la brutalité, l’Union européenne ne peut rester paralysée ou faire preuve de faiblesse. Le rapport de force, il faut l’engager, nous aussi. L’Europe, la France, ont des atouts incontestables. Il n’est pas anodin de tenir ce débat à Toulouse, où le groupe industriel Airbus rayonne depuis les années 1960, dans un bel écrin aérospatial. Airbus, d’une certaine manière, incarne ce que doit être une souveraineté européenne. La clef de cette réussite, c’est la coordination des compétences, dans un écosystème local où les compétences complémentaires sont presque toutes réunies. Hubert Faure nous a détaillé ce modèle, lui qui a longtemps exercé des fonctions dirigeantes chez Airbus.
L’autonomie stratégique, c’est la capacité de faire face aux adversaires : l’indépendance totale est rarement possible, mais une organisation de nos dépendances au plus juste, notamment avec des pays amis – comme le Canada, par exemple – représente la ligne à suivre.
Car, pour une politique industrielle d’ampleur, il faut un cap et une vision. La réindustrialisation, ça ne consiste pas à remettre le turbo par à-coups, mais à penser sur le long terme. C’est bien cet esprit qui a présidé à la création des Villages Démocrates : faire fructifier l’intelligence collective, pour imaginer ensemble des solutions. Viviane Boussier, coanimatrive avec Pierre-Luc Vervandier, a souligné que les réflexions du Village sur l’industrie visaient, en profondeur, à penser le destin de l’Europe. Pas juste quelques réformes, mais bien une direction d’ensemble.
Les maître-mots, dans cette réindustrialisation nécessaire, c’est la coordination et la coopération. Les États européens ont tout intérêt à unir leurs forces, quels que soient leurs poids et leurs divergences. Faire face, c’est ensemble. Le Village Europe a produit plusieurs dizaines de propositions utiles. Vivian Boussier a choisi de mettre en avant une proposition stratégique et forte : la préférence européenne dans la commande publique. Soit le produire et acheter européen. On se souvient que, déjà dans la campagne de 2012, François Bayrou avait souligné l’importance du Made in France et du Made in Europe, concevant un véritable patriotisme économique, qui est tout sauf du repli sur soi.
Irène Tolleret nous a expliqué les ressorts de la PAC, souvent mal connue du grand public. Certaines incohérences et lenteurs pourraient trouver un remède. Pourquoi commencer par interdire un produit en France ? S’il est dangereux en France, il l’est aussi ailleurs. C’est au niveau de la législation européenne qu’il faut agir.
Simplifier, oui, mais de manière efficiente. Fluidifier les chaînes de décision, dans cette course du lièvre et de la tortue que représente l’innovation (selon les mots de Thierry Breton). En France, trop souvent, on a peur du risque. Aujourd’hui, nous n’avons pas le choix : pour faire face à l’adversité, dans un temps de guerre où l’industrie sera également militaire, il faut œuvrer avec courage et confiance.
Une soirée très stimulante. Dans la salle, les questions sur l’aérospatial ont fusé, mais aussi sur les deux types de production agricole (artisanale et industrielle), sur les difficultés de l’industrie automobile, et sur la singularité de nos cultures régionales. Des adhérents de toute l’Occitanie, de l’Hérault, de l’Ardèche venus débattre avec cœur et rappeler la devise européenne : Unis dans la diversité. Un grand merci !