Discours de Stanislas Guerini, Délégué général de La République en Marche
Retrouvez ci-dessous le discours de Stanislas Guerini, Délégué général de La République en Marche, à l'occasion de notre Université de rentrée 2021.
Seul le prononcé fait foi
Merci pour cet accueil chaleureux, merci pour tes mots, François, le Premier ministre, cher François, Monsieur le Président du Modem, Mesdames et Messieurs les ministres, Mesdames et Messieurs les parlementaires, les parlementaires européens, notamment, que je salue particulièrement, mes chers amis, aujourd'hui, je voulais partager quelque idée avec vous qui sont importantes. Je ne sais pas si elles sont importantes, mais en tout cas, elles ont du sens pour moi.
Je voulais d'abord vous dire que je sais à quel point, Marielle vous manque et je voulais vous dire qu'elle me manque beaucoup à moi aussi.
J'aurais aimé démarrer avec quelques plaisanteries bretonnes, on m'a dit que Richard Ferrand s'était livré à l'exercice hier, mais l'humour breton n'est pas très facile à pratiquer pour les non-résidents et, d'ailleurs, il n'est pas très facile à définir.
Si je m'y essaie, je dirai que ce sont des traits d'esprit que seuls Richard Ferrand et les socio-démocrates peuvent comprendre, ce qui, en ce moment, n'est pas totalement sans signification. Vous avez compris que mon discours est déjà très politique.
Je suis heureux d'être, à nouveau, à Guidel devant vous aujourd'hui.
Merci de m'y avoir invité, François.
Il y a des nombreux Marcheurs qui ont été parmi vous, non des moindres, tout au long du week-end ; Je suis heureux d'y retrouver le Premier ministre, cher Jean, qui n'est pas fondamentalement un Marcheur, mais qui, en la matière, n'a aucun brevet à recevoir tant tu avales les kilomètres, tant tes déplacements sont nombreux et sont autant d'occasions, pour toi, de porter la politique du Gouvernement que tu diriges si bien, et d'en être, d'une certaine façon, sur le territoire, le gardien du réel.
Merci pour cela, cher Jean.
Je disais que je suis heureux d'être à nouveau à Guidel. C'est un point fixe, c'est un point de repère d'une certaine façon, dans la vie politique du pays, et la vie politique du pays a besoin de points de repère.
Guidel, c'est un endroit où l'on vient et où l'on revient. C'est un endroit qui est un point fixe et où le Modem a toujoursdémontré la constance et la force de ses idées et de ses valeurs.
Je crois que c'est très important pour cela et que cet apport-là à la vie politique du pays est très important de la part du Modem. Et ce que, parfois, certains appellent de l'obstination pour ceux qui sont de tes combats, mon cher François. Je crois qu'enréalité, ce n'est que la traduction de l'énergie militante, celle d'un éternel militant et, pour cela, aussi je veux que tu en sois remercié.
Guidel, c'est un lieu qui donne envie de réfléchir, peut-être parce que nous sommes face à la mer. C'est un lieu qui donne envie de dépasser l'écume des choses et la vie politique est bien dotée en matière d’écume, mais c'est un lieu qui donne envie de penser à l'avenir du pays et le faire en ayant le sens du temps long et non pas, mon cher François - je me souviens de cette formidable phrase de Vaclav Havel que tu m'as citée un jour : "C'est de ne pas avoir l'impatience de ceux qui pour faire pousser les arbres plus vite leur tirent sur les feuilles. » Je crois que cette phrase-là dit bien ce que doit être le sens du temps long dans la vie politique du pays.
Je vais vous dire, dans cette rentrée, dans ce mois de septembre, nous avons, nous, majorité présidentielle, le privilège de pouvoir penser non seulement au présent de notre pays, et devant le Premier ministre, évidemment Dieu sait qu'il y a beaucoup de choses à faire dans les prochaines semaines, mais aussi de pouvoir penser à l'avenir du pays, car dans cette rentrée politique, nous sommes au fond, les seuls à avoir les idées claires, une ligne politique, un leader incontesté et la volonté de nous rassembler. Et je crois que, cela, c'est suffisamment important et que cela dénote, avec ce que montrent nos oppositions dans cette rentrée politique de la droite qui s'en remet à un congrès riquiqui pour choisir son candidat, de la gauche qui n'en finit pas de radicaliser son propre émiettement et même de l’extrême droite, c’est un fait nouveau, qui est maintenant divisée dans le pays.
En réalité, dans ce pays, nous sommes les seuls à montrer notre envie de nous rassembler et de nous projeter pour l'avenir du pays.
Pour regarder là où nous voulons aller ensemble parce que nous avons cet horizon partagé, il ne faut pas oublier de regarder, si l'on veut suivre le conseil de Vaclav Havel, de là d'où l'on vient et nos racines communes.
C'est ce que nous avons fait derrière Emmanuel Macron, ensemble en 2017 et, au fond, quelle en était la force ? D'abord, d'être partis des idées, d'abord d'être partis d'un projet, avant de chercher à rassembler les uns et les autres avant de chercher à rassembler les appareils partisans et les appareils militants. Le projet d'abord, d'avoir dit à chacun que ce qui importait, ce n'était pas de là où il venait mais là où nous voulions aller ensemble, de pouvoir réunir des personnalités d'horizons politiques très différents, mais sur la base d'un projet qui n'a fait en 2017 l'objet d'aucune négociation.
Il n'y a jamais eu ce moment-là où l’on dit : « Viens, tel ralliement contre telle idée, contre telle partie du projet » et le constat que nous avons fait, c'est que, sur les grands sujets, sur l'Europe, sur le travail, sur la liberté, sur l'humanisme d'une certaine façon, la réalité, c'est qu'en 2017 nous étions d'accord sur tout et c'est cela qui a fait la force inébranlable de notre projet.
Et cette méthode, au fond, ce n'est pas l'absence d'idées, j'entends parler parfois d'un attrape-tout, d'un fourre-tout. Moi, je combats et je crois que toutes les interventions que vous avez faites à la tribune ce matin montrent qu'il y a bien une définition idéologique de ce que nous pensons ensemble et elle nous a permis de faire émerger, de faire surgir en 2017 ce grand espace central dans la vie politique du pays dont j'affirme qu'il est cet espace celui quitte à la plus grande cohérent politique de tout le champ de la vie politique du pays.
Et cette force-là, elle nous a permis de construire une majorité qui a été rejointe par la suite par nos amis, ceux d’Agir, par des sociodémocrates qui ont rejoint pour certains un territoire de progrès et par deux Premiers ministres, Édouard Philippe puis Jean Castex qui nous ont rejoints par adhésion je le crois au projet, mais aussi à la méthode et qui, tous les deux, ont démontré la valeur d’homme d'État qui était la leur.
Et c'est cette clarté dans les idées qui depuis quatre ans nous a permis de gouverner ensemble et nous a permis de travailler toutes les crises que nous avons connues, mais de traverser ces crises en gardant une boussole, en gardant un cap, en ne changeant au fond jamais de trajectoire sur ce qui est l'essentiel. Bien sûr qu'il a fallu de l'agilité pour s'adapter, pour faire le quoi qu'il en coûte, mais je veux que nous soyons tous très conscients qu'au fond nous n'avons pas dévié idéologiquement sur le substrat fondamental de ce qui nous rassemble : le travail, l'emploi, la protection des Français - vous le rappeliez encore ce matin - avec de grandes réformes en matière de santé, en matière d'éducation, ce sont peut-être les plus fondamentales pour l'Europe dont nous faisons bouger les lignes et l’actualité géopolitique la plus récente montre que nous avons encore besoin de faire bouger les lignes en Europe et aussi pour défendre la République en la défendant contre toutes les formes de séparatisme.
Cela aussi, c'est le combat de notre génération et c'est le combat que nous continuons à mener ensemble.
Alors, au moment où nous devons écrire un nouveau chapitre, cette méthode, gardons-la, les idées d'abord et les organisations qui en découlent par la suite car, ce qui se joue aujourd'hui, c'est bien l'avenir du pays.
Ce sont, et c'est cela qui compte, les grands défis qui sont devant nous. Celui de la souveraineté française, européenne, celui de la transition écologique qu'il va falloir encore accélérer, celui de l'avenir de notre modèle social que nous devons avoir le courage de réformer, celui de la dette que nous devrons rembourser, celui de la protection de nos concitoyens que nous devrons assurer, pour ne citer que ceux-là.
C'est pourquoi je veux le partager avec vous mes amis ce matin. Notre première responsabilité, notre toute première responsabilité, c'est de tout faire pour permettre le rassemblement le plus puissant possible derrière le Président de la République et cette vision commune, celle que nous partageons pour l'élection présidentielle de 2022.
En tant que mouvement fondateur, mouvement cœur de la majorité présidentielle, nous devons tout faire pour faciliter le rassemblement le plus puissant, c'est-à-dire le plus large possible et le plus tôt possible derrière le Président de la République.
Soyons très clairs là-dessus, car, on ne doit pas s'y tromper, cette nouvelle page dont je parle, ce sera certainement la plus difficile à écrire.
Je vois beaucoup de commentaires, mais je veux que nous nous gardions ensemble de cette facilité qui consisterait à penser déjà à l'après‑2022 a tiré des plans sur la comète alors que ce combat-là, il sera extraordinairement difficile. Que tous ceux qui pensent que les sondages aujourd'hui démontreraient telle ou telle solidité, de tel ou tel socle, je crois que ce serait une folie de le penser et que nous avons d'abord un combat à mener.
Ne nous trompons pas de sens dans les élections. Je crois qu'il faut les prendre dans le bon ordre !
Alors pour cela, rassemblons, rassemblons et bâtissons cette Maison commune dont on parle depuis si longtemps.
Vous le savez, je crois que vous le savez, vous avez devant vous, un artisan sincère, loyal, besogneux du rassemblement et de la construction de notre Maison commune. Depuis 3 ans, j'ai plaidé à Bordeaux, à Amiens ici devant vous à Guidel. Je le ferai encore à Avignon, pour que nous bâtissions cette maison.
Depuis 3 ans, dans les actes aussi, nous avons travaillé ensemble et je veux que tous les visages avec qui j'ai l'habitude de travailler aujourd'hui Jean-Noël, Sarah, Jacqueline, les ministres, Geneviève Nathalie, je suis sûr que j'en oublie les députés européens, je ne veux oublier personne parce qu'on a bien travaillé ensemble. On l'a fait dans les actes malgré les difficultés.
Bien sûr qu'il y a eu des difficultés, vous l'avez rappelé ici ou là ici, quand on ne s'est pas entendu au municipal dans telle ville, là où on n'a pas eu le succès escompté dans les élections locales, bien sûr qu'il y a eu des difficultés, mais cette énergie et cette volonté de bâtir ensemble, je crois que nous en avons fait la démonstration commune dans les actes et parce que j'y crois, je veux partager avec vous ce que je perçois comme des exigences qui sont autant de conditions et de garanties de réussite de notre Maison commune.
J'en citerai quatre ce matin. La première, je l'ai déjà partagée, les idées d'abord, la communauté de pensée et les questions d'organisation qui en découlent. Nous sommes assaillis de questions pour savoir si la forme de cette Maison commune cela doit être une coopérative, une confédération, une fédération, un parti unique, etc.
Rassurez-vous et dites à chacun de se rassurer, nous allons travailler dans les prochaines semaines à construire la forme, mais aucune affaire de boutique, d'une certaine façon, ne doit jamais prendre le dessus sur les affaires du pays et sur le fond de ce que nous devons construire ensemble. C'est un principe simple.
La deuxième exigence c'est de considérer qu'à partir du cœur historique de notre majorité, du Modem et de la République En Marche, nous devons poursuivre le travail d'élargissement de la majorité.
Soyons très clairs, élargir cela ne veut pas dire "morceler". L'élargissement, ce n'est pas la balkanisation de notre majorité présidentielle, mais nous devons faire une place à tous ceux qui partagent notre vision de la société et qui ne se reconnaissent plus dans un paysage politique où l'on avait bien compris qu'il y avait deux gauches irréconciliables et nous avons, maintenant devant les yeux le fait que deux droites sont, elles aussi, irréconciliables. Alors accueillons-le, faisons une place pour ceux qui pensent comme nous.
La troisième condition est très importante à mes yeux, c'est de rester fidèle à ce qui fait, à la fois, l'originalité, mais la force de notre projet commun, c'est-à-dire le dépassement des clivages entre la droite et la gauche.
Je trouve, quand je lis les articles, quand je regarde la vie politique et les débats politiques tels qu'ils se construisent, que beaucoup de forces nous ramènent de façon gravitaire au clivage droite gauche, rêveraient au fond de le réinstaller, mais moi, je n'ai pas fait En Marche pour me réinscrire à nouveau, dans un clivage entre la droite et la gauche.
Je pense que ce clivage-là n'est pas plus opérant en 2021 ou à l'approche de 2022, qu'il ne l'était en 2017. Alors gardons cela et ne demandons à personne dans notre majorité, de devoir choisir entre l'aile droite ou l'aile gauche, je serais bien incapable de le faire. La force de notre projet, c'est celui du dépassement du clivage entre la droite et la gauche.
Puis, la quatrième exigence, mais, François, tu l'exprimes très bien et en des termes que je suis certain que tu exprimeras ici mieux que moi, c'est de conserver ce que nous sommes.
L'identité de ces forces-là, vous en avez fait la démonstration ce matin pour ce qui concerne le Modem, et moi, devant vous, je suis fier de représenter un mouvement citoyen, un mouvement qui a été, au fond, un surgissement citoyen, un élan populaire dans le pays. Alors gardons cela dans ce que nous devons inventer demain. Gardons les deux pieds dans la société civile, les deux pieds dans le réel. Au fond, gardons cet élan populaire, je crois que c'est extrêmement important dans ce que nous devons construire ensemble.
Alors, travaillons c'est ce que nous allons faire dans les prochaines semaines. Vous avez engagé vos instances. Nous en parlerons aussi avec les instances de la République. Travaillons et nous réussirons.
Travaillons, mais sans oublier d'agir et je vous propose dès les prochains jours, dès les prochaines semaines d'aller ensemble sur le terrain pour porter haut et fort le bilan de notre majorité, ce bilan que nous avons construit ensemble, d'aller dire aux Français que ce quinquennat cela a été un quinquennat de plus, 5 années de plus pour tous nos concitoyens.
Nous avons un exercice pratique à mener ensemble. Faisons-le sur le terrain, sur tous les chemins de France pour aller convaincre nos concitoyens et, bien sûr, agir, agir dans l’intérêt du pays, agir au sein du Gouvernement, agir à l'Assemblée Nationale. Il nous reste tant à faire jusqu'au dernier quart d'heure de ce quinquennat, mais de cela, je suis certain, Monsieur le Premier ministre que tu en parleras mieux que moi et je serai heureux de te céder la parole, mais avant je vous propose d'écouter François Bayrou, votre Président.
Je vous remercie.