Démocrate Hebdo : Éducation - Lutter contre les discriminations, avec Abel Boyi
Mercredi 25 janvier, notre Démocrate Hebdo était consacré au thème de l’éducation et des luttes contre les discriminations. Olivia Leboyer (Université 133) animait cette soirée avec Abel Boyi, éducateur, conférencier et président de l’association « Tous uniques, tous unis » pour une discussion sur le combat contre les inégalités de destin.
Au Mouvement Démocrate, nous portons depuis toujours la lutte contre les assignations par la naissance, par l’origine. Idéalement, l’éducation devrait permettre aux élèves de conquérir leur autonomie, de pouvoir choisir leur destin.
Abel Boyi est-il un utopiste ? Oui, il se définit ainsi et assume : Vouloir aider les jeunes, c’est une forme de pari, qui suppose de l’optimisme. On ne pourra pas aider tout le monde, certaines tentatives échoueront, mais il faut continuer inlassablement. Aussi sillonne-t-il la France, en partenariat avec des pouvoirs publics, des établissements scolaires, des centres sportifs, pour des modules d’apprentissage de la citoyenneté, qui visent à réconcilier les jeunes avec les valeurs de la République.
C’est l’idée du Service national, porté par notre secrétaire d’Etat Sarah El Haïry : renforcer la cohésion sociale, par la mixité, les rencontres qui ne se seraient pas produites ailleurs, dans des temps de citoyenneté spécifiques, où l’on apprend aussi un savoir-être. Trop souvent, la démocratie, la laïcité, la citoyenneté sonnent comme des abstractions pour des jeunes en déshérence, qui ne se projettent pas dans l’avenir. Par le dessin, par le sport, par des simulations de débats parlementaires, Abel Boyi s’efforce de nouer un dialogue et de provoquer un déclic salutaire.
En leur racontant sa propre expérience d’élève entre deux milieux, entre deux cultures, il s’attache à leur montrer que ces différences peuvent être une force. Animé par la conviction que les déterminismes sociaux ne sont pas une fatalité, il expose les moyens d’atteindre les objectifs que l’on se fixe, l’un après l’autre. En s’ouvrant aux autres, en dépassant ses préjugés, on fait un pas vers l’émancipation, qui commence par sa propre volonté.
Les barrières existent, les difficultés peuvent être nombreuses, mais il existe aussi des passerelles, des liens qui tiennent une société ensemble. L’éducation peut ainsi être vue comme l’action conjuguée de plusieurs acteurs : l’école, l’investissement familial, le tissu associatif. L’éducation ne se dispense pas uniquement à l’école, elle peut se développer dans d’autres espaces de dialogue, comme les associations. Certes, certaines associations contreviennent à leurs principes affichés, mais ce n’est pas la règle.
Nombreuses, les questions de la salle portent sur les freins que certains jeunes se mettent à eux-mêmes, sur la nécessité d’un accompagnement de ces jeunes par des personnes dont le parcours peut apparaître comme un modèle (coach ou mentorat), sur les difficultés pour les jeunes de banlieue de se tisser un réseau, sur l’importance de maintenir, dans les enseignements, un niveau d’exigence élevé.
Donner aux jeunes le goût des belles choses, du travail et de l’effort, c’est un défi à relever, pour les enseignants comme pour les bénévoles associatifs. La lutte contre les violences, contre le harcèlement scolaire –notre député Erwan Balanant a fait inscrire dans une loi de 2022 le délit de harcèlement – font également l’objet d’exercices pratiques avec les jeunes lors de ces modules.
Abel Boyi parle de vocation, son action consistant essentiellement à redonner à ces jeunesses parfois fracassées l’estime de soi et la confiance en elles.