Emmanuel Mandon : "Condamner les agressions meurtrières de l'Azerbaïdjan en Arménie."
Emmanuel Mandon, Député de la Loire, s'est exprimé au nom du Groupe Démocrate (MoDem et Indépendants), lors du vote d'une résolution en soutien de l'Arménie face à l'attaque de l'Azerbaïdjan.
En déposant cette proposition de résolution, nous manifestons notre volonté de contribuer au règlement pacifique d'un conflit terriblement meurtrier qui dure hélas depuis trop longtemps. Je salue d'ailleurs les propos de nos collègues successifs qui ont défilé à la tribune ce soir. Parlementaires français, nous sommes viscéralement attachés aux valeurs qui fondent le droit international et permettent d'édifier une société des nations respectueuse du Droit des peuples.
Cette guerre lointaine, passée sous silence, témoigne d'une situation tellement préoccupante. Nous défendons le principe d'autodétermination des peuples et nous condamnons fermement les agressions meurtrières lancées par l'Azerbaïdjan, cet État qui n'a jamais respecté les accords de cessez-le-feu qu'il a pourtant signé en 1994 et 2020. C'est bien lui qui a déclenché la guerre des quatre jours en 2016, la guerre des quarante-quatre jours en 2020, et encore les attaques meurtrières des 13 et 14 septembre 2022, cette fois dirigées vers des villes et villages d'Arménie.
"Paix trompeuse nuit plus que guerre ouverte", dit-on, mais nous le savons, la seule issue est une paix juste et durable dont les protagonistes seront les acteurs. Elle doit absolument se construire dans l'acceptation de l'autre.
La culture arménienne est l'une des plus anciennes du monde et le Haut-Karabagh, l'un des berceaux de l'humanité. La société azerbaïdjanaise est fondée historiquement sur le dialogue des cultures, même si la laïcité y est aujourd'hui en net recul. Nous respectons l'identité de chaque peuple, de chaque minorité, et particulièrement celle des Arméniens, qui, de par leur Histoire, ont eu à subir des persécutions.
Mais comment faire prévaloir le Droit, face à des États qui ne reconnaissent pas le Droit, et qui détiennent de surcroît l'arme du gaz ?
Face à la realpolitik, le jeu d'influence des grands acteurs de la région, et une oligarchie qui s'est appropriée les richesses de l'Azerbaïdjan, nous ne sommes pas naïfs. Mais s'il est indéniable que l'influence de la Russie pèsera encore longtemps sur la région du sud Caucase, la guerre en Ukraine et la crise énergétique ont permis à l'Azerbaïdjan de rouvrir les hostilités.
L'Azerbaïdjan menace gravement aujourd’hui la sécurité des populations de l’Arménie et de l’Artsakh. La question du statut de cette petite République autoproclamée est posée, tout comme le respect de la souveraineté territoriale et de l’indépendance de la République d’Arménie.
L’Europe doit donc s’affirmer comme un médiateur, et la France plus encore, amie s’il en est de l’Arménie, a le devoir d’agir en puissance garante de sa souveraineté, ce qu’elle s’est d’ailleurs efforcée de faire dans le cadre du groupe de Minsk.
Il faut saluer en ce sens l'initiative du Président de la République en octobre dernier à Prague, d’avoir réussi à réunir le Président Aliyev, le Premier ministre Pachinian, et le Président Michel.
Le déploiement d'une mission d'observation de l'Union européenne du côté arménien de la frontière internationale avec l'Azerbaïdjan, est une première étape.
Nous souhaitons que cette mission puisse être prolongée, ce qui ne nous dispense pas, aux côtés de l'Union européenne, de marquer notre pleine détermination à obtenir le rétablissement d'une paix juste et durable et la sécurité pour les peuples de cette région sous l'égide de l'ONU.
Mais n'oublions pas que des sanctions devront suivre, sanctions contre les criminels et pas seulement les auteurs des crimes sur les théâtres d'opérations. S'il appartiendra à une enquête internationale et indépendante d'établir les faits, des sanctions économiques et financières s'imposent.
Enfin, nous appelons de nos vœux la libération et le rapatriement immédiat des prisonniers de guerre arméniens.
Mes chers collègues, l'Assemblée nationale s'est toujours tenue aux côtés de l'Arménie pour exprimer sa solidarité et promouvoir une solution diplomatique à ce conflit, comme en témoignent différentes résolutions adoptées au fil des législatures.
Et vous me permettrez, en ces instants, d'évoquer l'action de notre ancien collègue, mon ami François Rochebloine Rochebrune, qui a été rapporteur de la loi de 2001 autorisant la France à reconnaître le génocide arménien de 1915.
Cette fois encore, notre Groupe Démocrate est au rendez-vous en votant cette résolution.
Je vous en remercie.