Geneviève Darrieussecq : « C’est de notre devoir d'interdire les pouches »

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(© Studio 258)

Dans un entretien exclusif au Parisien, la ministre de la Santé et de l'Accès aux soins, Geneviève Darrieussecq, annonce l’interdiction prochaine des sachets de nicotine, qui font fureur chez les jeunes, et soutient la hausse de la taxe sur les sodas proposée par des parlementaires dans le budget de la Sécu.

Le Parisien : Novembre est le mois de la campagne dédié à l'arrêt de la cigarette. Mais comment empêcher les jeunes d'entrer dans le tabagisme ?

Geneviève Darrieussec : Le Mois sans tabac est une excellente initiative de santé publique qui permet de soutenir le sevrage tabagique. C'est aussi l'occasion de parler des autres produits nicotiniques sur le marché qui peuvent être également dangereux, en particulier quand ils sont utilisés non pas par d'anciens fumeurs mais par la jeunesse.

En effet, le risque est d'induire une dépendance à la nicotine et d'entraîner une entrée dans le tabagisme. C'est pourquoi le gouvernement a décidé d'interdire ces produits, qu'il s'agisse des sachets contenant de la nicotine à placer dans la bouche, qu'on appelle « pouches », mais aussi des produits similaires, qui sont tout aussi problématiques, sous la forme de gommes ou de billes. Un texte d'interdiction sera publié dans les prochaines semaines. Le marketing de ces produits est directement ciblé vers les jeunes, et je souhaite que nous puissions protéger notre jeunesse.

Je suis très préoccupée car les centres antipoisons reçoivent de plus en plus d'appels d'adolescents pour des syndromes nicotiniques aigus, parfois sévères, en lien avec la consommation des « pouches ».

Ils se traduisent par des vomissements, des convulsions, des hypotensions, voire des troubles de la conscience. Ce sont des produits dangereux car ils contiennent des fortes doses de nicotine. C'est de notre devoir d'en interdire la commercialisation.

Et quand est-ce que l'interdiction des cigarettes électroniques jetables sera-t-elle effective ?

La Commission européenne a donné son accord. Nous allons donc pouvoir promulguer dans les prochaines semaines la proposition de loi transpartisane d'interdiction des puffs (votée en février).

J'ai pour objectif l'arrêt de leur commercialisation avant la fin de l'année. Elle devra s'accompagner d'une campagne de sensibilisation du jeune public sur tous ces produits.

Par ailleurs, nous allons surveiller le marché des produits de vapotage. Ce sont souvent des aides au sevrage tabagique. Et il ne s'agit pas de les interdire mais de vérifier qu'ils ne représentent pas de danger pour la santé, notamment s'ils sont trop dosés en nicotine.

Plusieurs députés ont proposé des amendements au budget de la Sécurité sociale pour taxer les produits sucrés. Vous vous êtes déclarée favorable au principe. Quels sont les arbitrages retenus par le gouvernement ?

Le sucre ingéré en trop grande quantité est délétère pour la santé car il provoque obésité, diabète de type 2 et maladies cardio-vasculaires. L'OMS a très bien ciblé l'impact néfaste de la consommation non contrôlée de sodas.

Notre gouvernement est donc favorable aux propositions des députés de rénover les taxes déjà existantes sur les boissons sucrées, avec l'objectif d'inciter les industriels à alléger les recettes en sucre.

Plus les boissons sont sucrées, plus elles seront taxées. Par ailleurs, nous allons entamer un travail exigeant avec les industriels de l'agroalimentaire que je veux mener avec ma collègue de l'Agriculture. Il faut les accompagner dans l'objectif de réviser leurs recettes en diminuant la quantité de sucre dans les aliments transformés.

Je crois au dialogue et je fais confiance aux acteurs. Si jamais nous n'y arrivons pas, il sera toujours temps d'avoir une taxe spécifique, mais ce n'est pas la démarche aujourd'hui...

(...)

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