Jean-Louis Bourlanges : "Sur la sécurité et l’immigration, la situation nous échappe"

Marie-Amélie Lombard-Latune pour L'Opinion

Dans un entretien pour L'Opinion, Jean-Louis Bourlanges, président de la commission des affaires étrangères affirme que « la jurisprudence de nombre de magistrats, au plan national, européen ou international, est très décalée par rapport aux attentes des citoyens ».

L'Opinion : Le conflit israélo-palestinien était passé « au rang 2 des priorités diplomatiques », a récemment constaté Emmanuel Macron devant les responsables politiques réunis dans un format « Saint-Denis ». Quelle est votre analyse ? Oublié, il resurgit avec une violence inouïe ?

Jean-Louis Bourlanges : L’opinion internationale avait pris l’habitude de considérer que le problème palestinien était un problème insoluble et que, donc, il ne fallait plus en parler. L’idée s’était répandue que Benjamin Netanyahu ayant apaisé ses relations avec la plupart des Etats sunnites de la région, les Palestiniens n’étaient plus en mesure de représenter une menace pour Israël. C’était une erreur : l’absence de tout avenir collectif pour les Palestiniens a développé une radicalisation dont le Hamas s’est fait l’instrument et qui, comme Gilles Kepel l’a montré, a été relayée par le chiisme iranien. La communauté de radicalité l’a emporté sur la communauté de croyances. Le « Fréro-chiisme » a fait sauter la marmite.

La France, l’Europe, les États-Unis n’ont pas voulu voir ? Pas compris ?

Historiquement, la France et l’Europe ont toujours été favorables à l’idée des deux Etats. Il y a quelques mois, à l’Assemblée nationale, j’avais souligné que la solution à deux Etats n’étant remplacée par rien, il en résultait une situation de désespoir dont on ne savait pas à quoi elle pourrait conduire. Tous ceux qui avaient renoncé à l’idée des deux Etats sans rien proposer d’autre aux Palestiniens se sont trouvés pris au piège de leur absence de solidarité avec ces derniers. L’Iran, ses alliés et ses obligés ont capitalisé sur l’évanouissement du soutien sunnite à la cause palestinienne.

Dès le début du conflit, le risque de son importation a été souligné. Cela s’est confirmé avec les attentats d’Arras, de Bruxelles, les actes antisémites, des musulmans pris pour cibles…

La situation est critique en Europe occidentale et particulièrement en France. Nous sommes le pays européen qui comprend le plus de juifs et le plus de musulmans, cinq à six millions pour ces derniers, très inégalement intégrés dans la communauté nationale. Cette situation démographique se double d’un Etat de droit qui, fort heureusement, est très protecteur des libertés individuelles, mais ne facilite pas la lutte contre le terrorisme. Nous devons protéger les juifs qui se sentent clairement menacés – et ils le sont quand le Hamas les condamne à mort en tant que juifs. Nous devons mener des actions vigoureuses pour intégrer des populations immigrées qui campent trop souvent aux lisières de la République et, n’ayons pas peur des mots, durcir notre appareil répressif.

Comment maintenir cet Etat de droit ? C’est un équilibre fragilisé aujourd’hui ?

Notre société est face à des choix graves, en pleine hésitation entre la répression des crimes et des délits, qui fait l’objet d’un consensus absolu dans l’opinion, et la tentation de la prévention qui consiste à engager des actions répressives contre des personnes dont on soupçonne qu’elles ont l’intention de mener des actions violentes, mais qui ne sont pas encore passées à l’acte. Nous sommes donc en pleine zone grise entre la volonté de protéger les citoyens et la préservation nécessaire de l’Etat de droit. Le MoDem est très attentif au maintien difficile d’un juste équilibre.

Vous, très européen, ancien membre de la Cour des comptes, allez-vous jusqu’à dénoncer un « gouvernement des juges » ? Le procès des assistants parlementaires du MoDem, où comparaît François Bayrou, vient de débuter.

Cette expression serait juste si les empiètements des diverses juridictions sur le terrain politique constituaient un véritable gouvernement ! En réalité, les juges jugent les gouvernants en lieu et place des citoyens, mais sont incapables et peu désireux de substituer un gouvernement de leur cru à celui qu’ils censurent. J’ai été très choqué de voir déférés devant les tribunaux Agnès Buzyn et Edouard Philippe pour des décisions prises dans le cadre de leurs compétences de ministre de la Santé et de Premier ministre pendant la crise de la Covid. C’est une mise en cause de la responsabilité des citoyens qui sont, avec l’Assemblėe nationale, les seuls juges de l’opportunité des décisions gouvernementales.

La Nupes est en train d’éclater, notamment à cause de ses divisions sur les questions de laïcité, de sécurité et de terrorisme. Une gauche de gouvernement peut-elle renaître ?

La gauche s’est historiquement définie par son attachement aux valeurs humanistes, à la promotion des humbles, des démunis et est en même temps portée par une pulsion de radicalisation de caractère révolutionnaire. Aujourd’hui, radicalisation et humanisme sont profondément disjoints. Jean-Luc Mélenchon et La France insoumise incarnent cette volonté de radicalisation coupée des valeurs républicaines d’universalité et de laïcité. Leurs partenaires peinent pourtant à rompre avec lui. C’est une tragédie absolue pour ce qu’on appelait naguère le progressisme.

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