Jean-Noël Barrot : « Face aux défis du monde, nous avons besoin de grandeur d'âme, pas de petitesse politicienne »
Jean-Noël Barrot, ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, était l'invité de France 3 dans l'émission Dimanche en politique, pour répondre aux questions sur l'actualité internationale et le MoDem.
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Ces dernières semaines, la Russie a multiplié les déclarations agressives à l'égard des états européens brandissant le menace nucléaire. Ces tentatives d'intimidation s'inscrivent dans la continuité des entreprises de déstabilisation du Kremlin sur l'Europe et, bien évidemment, de la guerre sanglante qu'il mène en Ukraine. Jean-Noël Barrot tient à tempérer la propagande russe réalisée « pour susciter une inquiétude auprès des alliés de l'Ukraine. » « Ne nous laissons pas intimider », ajoute avec force le ministre.
Historiquement, la diplomatie française entretient volontairement une ambiguïté stratégique lorsqu'il s'agit de mesurer son implication réelle dans la gestion de conflits. Dans cette droite ligne, notre ministre des Affaires étrangères a réagir prudemment mais fermement, quant à la possibilité d'autoriser l'Ukraine à frapper la Russie sur son sol. Il se réfère au souhait d'Emmanuel Macron, lorsqu'il était en visite en Allemagne, de voir cette éventualité se concrétiser.
Le président de la République [...] a exprimé très clairement que l'Ukraine doit pouvoir neutraliser des cibles militaires en Russie lorsque ces cibles permettent à la Russie d'agresser les Ukrainiens. C'est un principe de légitime défense qui est reconnu par le droit International.
En plus de l'utilisation présumée de missiles français, les SCALP, dans le cadre décrit par Jean-Noël Barrot, il a également prévenu que « dans quelques semaines, c'est le Mirage 2000-5 français qui volera dans le ciel ukrainien », cet avion de chasse performant qui accompagnera, dans un certains délais, le retour de soldats ukrainiens formés et armés par la France.
C'est la 1ère fois que la France forme une brigade complète de soldats étrangers depuis la 1ère mondiale. Ces soldats vont rentrer en Ukraine dans quelques jours pour regagner le front armés par des équipements français.
Dans le brasier du Proche-Orient, la diplomatie, notamment française, est, semble-t-elle, sur le point d'obtenir une première victoire modeste mais capitale. Notre ministre évoque « une fenêtre d'opportunité en train de s'ouvrir », notant qu'il « appartient [maintenant] aux belligérant de s'en saisir. » Afin de préciser la nature de cette « fenêtre d'opportunité », Jean-Noël Barrot s'explique davantage :
Je vous parle d'une formule permettant un cessez-le-feu et plus durablement, la stabilisation du Liban et la sécurité dans le sud du pays.
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À l'issue de la COP 29, tenue en Azerbaïdjan, aucune décision ou conclusion n'ont été annoncées à la hauteur des attentes et urgences. À l'instar de sa collègue ministre de l'Environnement, Agnès Pannier-Runacher, notre vice-président ré-affirme que « nous devons faire plus » et alerte sur les conséquences directes du dérèglement climatique. « Regardez les inondations dévastatrices en Espagne et quelques semaines plus tôt celles que nous avons connues dans certaines régions en France », interpelle-t-il.
Jean-Noël Barrot préfère déjà se tourner vers les prochaines échéances diplomatiques en la matière et en particulier, le sommet pour les océans que la ville de Nice aura l'honneur d'accueillir.
Ce sera aussi pour nous l'occasion à Nice d'accueillir la très grande conférence des Nations Unies sur l'océan qui a vocation à être pour l'océan ce que l'accord de Paris est pour le climat.
Jean-Noël Barrot a aussi été interrogé sur les choix politiques de notre mouvement, rappelant dans un premier temps que « si le MoDem a pris cette décision difficile de participer à un gouvernement aux côtés d'autres forces politiques, qu'il avait parfois combattues, et bien c'est précisément parce qu'il est habité par la nécessité d'être utile et à la hauteur du moment que traverse notre pays. »
Nous prenons entièrement la mesure du trouble politique dans lequel est plongé la France, c'est pourquoi « nous avons besoin de grandeur d'âme et pas de petitesse politicienne » à l'heure « où la situation est grave » prévient le ministre des Affaires étrangères, avant d'en préciser le sens, faisant aussi référence à la polémique née après les propos du président de la République sur Haïti :
La guerre est à nos portes, la planète est en ébullition, la Chine et les États-Unis nous prennent de vitesse, la démocratie est attaquée de toute part par des ennemis à l'intérieur comme à l'extérieur et nous, nous regardons le nombril et nous passons du temps sur des controverses de second ordre.