Jean-Noël Barrot : « La chute de Bachar al-Assad est un moment historique »

Jean-Noël Barrot, ministre démissionnaire de l'Europe et des affaires étrangères, était l'invité de France info ce lundi 9 décembre après la chute hier du régime dictatorial syrien du président Bachar al-Assad.

Chute du régime syrien : « Un moment historique pour la liberté et la paix »

Invité sur le plateau de France Info, Jean-Noël Barrot, ministre démissionnaire de l'Europe et des Affaires étrangères, a réagi à l’annonce de la chute du régime syrien de Bachar al-Assad. Une page historique se tourne, marquant la fin de l’un des régimes les plus répressifs du XXIe siècle.

C’est un moment historique. Toutes mes pensées, depuis hier, vont au peuple syrien, qui retrouve enfin le parfum de la liberté.

En soulignant avec gravité ce « moment historique », il rappelé l’ampleur des exactions commises sous le régime de Damas : plus de 400 000 morts, des milliers de prisonniers politiques, des tortures systématiques et l’utilisation d’armes chimiques contre sa propre population.

Comment ne pas se réjouir de la chute de l’un des pires dictateurs de notre époque ?

Le ministre n’a pas manqué de rappeler l’assassinat en 1981 de l’ambassadeur français Louis Delamare par des éléments liés au régime syrien.

Je veux saluer sa mémoire. Cette chute démontre que la loi du plus fort n’est jamais durablement la meilleure.

Il a appelé à construire une transition politique inclusive, respectueuse des droits humains et garantissant une représentation à toutes les minorités, notamment kurdes, chrétiennes et druzes. Il a aussi mis en garde contre les risques de résurgence terroriste.

La meilleure garantie contre Daesh et les vagues migratoires est l’instauration d’un État fort qui respecte les diversités du peuple syrien.

Pour Jean-Noël Barrot, cette transition représente aussi un revers stratégique pour Moscou : « La Russie subit un échec cuisant, perdant potentiellement sa base arrière en Méditerranée. » Une démonstration que les alliances autocratiques ont des limites, selon le ministre.

Avec la chute du régime, c’est l’espoir que les réfugiés syriens dans le Moyen-Orient et en Europe puissent enfin rentrer dans leur pays.

Proche-Orient : « Le pari raté de l’Iran »

Notre vice-président a élargi son propos au reste du Proche-Orient, évoquant les bouleversements géopolitiques récents. La chute du régime syrien affaiblit directement le Hezbollah, acteur clé dans la région et soutien indéfectible de Damas.

C’est un affaiblissement supplémentaire pour une organisation qui a déjà perdu en influence.

Le ministre a également critiqué les actions de l’Iran, qu’il accuse de déstabilisation continue. « Il y a un an et demi, l’Iran a parié sur une manœuvre de déstabilisation régionale. Aujourd’hui, c’est un pari raté », a-t-il affirmé, tout en réitérant l’appel de la France à cesser ces interférences.

En ce qui concerne la situation à Gaza, la position française reste inchangée : un cessez-le-feu immédiat, la libération des otages, et la mise en œuvre d’une solution politique basée sur la coexistence de deux États, Israël et Palestine, vivant côte à côte en paix et en sécurité. Jean-Noël Barrot a insisté sur l’urgence humanitaire dans la région, appelant à « un acheminement massif d’aide » et à des discussions diplomatiques sérieuses.

Ukraine : « Un nouveau succès diplomatique français »

Le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères a également salué les avancées diplomatiques françaises dans le dossier ukrainien, notamment la rencontre récente à Paris entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky, organisée avant la réouverture de Notre-Dame.

Ce sommet témoigne de la considération internationale pour la France et pour le président de la République par le président élu Donald Trump.

Jean-Noël Barrot a réaffirmé que « le moment des négociations de paix appartient aux Ukrainiens seuls », rappelant que la France soutient activement Kyiv dans sa lutte contre l’agression russe.

Face à la menace brandie par Donald Trump du retrait des États-Unis de l’OTAN, il a toutefois insisté sur la nécessité pour les Européens d’élever leur niveau de défense :

C’est une priorité vitale, pour garantir la sécurité de notre continent.

Enfin, interrogé sur les perspectives politiques en France, il a soutenu la nomination de François Bayrou comme Premier ministre.

François Bayrou a toutes les qualités requises, notamment dans ce moment crucial. Arrêtons de nous focaliser sur les lignes rouges et concentrons-nous sur les points de convergence.

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