Jean-Noël Barrot : « On ne gouverne pas avec des sondages, on gouverne avec du courage »

Invité de l'émission "Le Grand Jury" diffusé sur RTL et Paris Première le dimanche 5 janvier 2025, Jean-Noël Barrot s’est exprimé longuement sur un large éventail de sujets, abordant avec précision les grandes questions internationales et les défis nationaux actuels face aux journalistes Olivier Bost (RTL), Perrine Tarneaud (Public Sénat), Pauline Buisson (M6) et Carl Meeus (Le Figaro).

Actualités internationales : « Personne n’a intérêt à une guerre commerciale entre les États-Unis et l’UE, et surtout pas les États-Unis »

Syrie :

L'entretien s'est ouvert par le récent déplacement de Jean-Noël Barrot, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, en Syrie, accompagné par son homologue allemande, Annalena Baerbock, pour rencontrer le nouveau leader islamiste, Ahmed al-Charaa. Le ministre a souligné l’émergence d’un espoir de stabilisation dans le pays après la chute du dictateur Bachar al-Assad : 

Grâce à l’extraordinaire mobilisation des Syriens, un espoir est né, un espoir fragile mais un espoir réel. 

Pour lui, cette nouvelle période doit être consolidée par le fait que « toutes les composantes de la société syrienne soient représentées et prennent leur part. » 

S’agissant des intérêts français, notamment en termes de sécurité, le ministre rappelle les priorités que sont « la lutte contre le terrorisme de Daesh et la lutte contre la prolifération des armes chimiques. » Cet engagement s’est traduit, au 31 décembre dernier, par une frappe militaire contre une position de Daesh. Il a également obtenu des garanties sur une mission de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques visant à détecter et détruire les stocks du régime syrien.

Dans cette dynamique, Jean-Noël Barrot met en avant deux avancées majeures : l’engagement pour une meilleure représentation des femmes et le respect des droits des Kurdes, des « alliés majeurs dans la lutte contre le terrorisme ». Ces victoires témoignent d’une diplomatie exigeante mais attentive aux aspirations locales.

Nous avons beaucoup insisté dans nos échanges avec lui sur la place des femmes. Il s’est engagé auprès de nous que le comité préparatoire du dialogue qui va s’enclencher dans les prochaines semaines inclut en son sein des femmes, et ça n’était pas gagné à l’avance. C’est l’une des satisfactions que nous avons obtenues en nous rendant sur place.

Charlie Hebdo :

À la veille du triste jour anniversaire des attentats de janvier 2015 dans les locaux de Charlie Hebdo, Jean-Noël Barrot a rappelé l’importance « de la liberté d’opinion, de la liberté d’expression et de l’héritage des Lumières. » Il annonce aussi que cette semaine, « Jul, dessinateur, sera accueilli au Quai d’Orsay pour croquer les ambassadrices et ambassadeurs qui sont réunis », un hommage vivant à ceux qui ont perdu la vie ce matin-là.

Conflit israélo-palestinien :

Désormais, le peu de recul que nous avons sur l'éclatement des conflits guerriers opposant Israël aux proxys de l'Iran (Hamas en Palestine, Hezbollah au Liban et Houtis au Yémen) après le pogrom perpétré le 7 octobre par les terroristes du Hamas, nous impose plus que jamais d'adopter une position d'équilibre. C'est pourquoi, le ministre adopte une position ferme mais humaniste. 

Ainsi, Jean-Noël Barrot réaffirme l’appel de la France à « un cessez-le-feu immédiat à Gaza, à la libération inconditionnelle des otages, et à l’acheminement sans entrave de l’aide humanitaire »tout en mettant en lumière le rôle prépondérant de la diplomatie française dans les négociations de la région. 

Le cessez-le-feu au Liban, que la France a initié, […] montre que la stabilité de la région ne passera pas par la force et la brutalité mais par le dialogue et la diplomatie.

États-Unis : 

Outre-Atlantique, l’investiture prochaine du président Donald Trump, au 20 janvier, accélère les inquiétudes quant à l’effectivité de ses différentes déclarations menaçantes, pour certaines, à l’égard de l’Europe.  Déjà coutumier des pressions économiques lors de son premier mandat, le 47ᵉ président des États-Unis agite une fois encore les augmentations des droits de douanes sur certains échanges commerciaux, réitérant sa volonté de faire payer davantage les Européens.

Face à une éventuelle guerre commerciale entre les États-Unis et l’Union européenne, le ministre met en garde « qu’une telle guerre pénaliserait gravement les entreprises américaines en Europe [...] et nuirait au pouvoir d’achat des classes moyennes américaines. » En effet, les entreprises américaines présentes en Europe seront directement frappées par ces augmentations dans leur réexportation de biens vers les États-Unis, tandis que la classe moyenne verrait le prix de produits de première nécessité s’envoler.

Il dénonce aussi les dérives populistes aux États-Unis, incarnées par le personnage hybride Elon Musk, à la suite de ses multiples soutiens aux partis d’extrême droite au Royaume-Uni comme en Allemagne, naviguant dans les eaux troubles de l’ingérence étrangère. Jean-Noël Barrot renvoie la balle dans le camp du parti américain des Républicains : pour lui, c’est « soit c’est un exercice de communication qui vient un peu perturber en Allemagne le processus électoral, soit c’est un choix assumé notamment vis-à-vis de l’Afd, qui est un parti d’ultra droite qui flirte avec les idées néo-nazis, et alors il faudra que le parti des Républicains aujourd’hui au pouvoir aux États-Unis assume de lier son destin avec celui d’un parti qui représente tout ce que les Républicains ont toujours combattu. »

Le vice-président du MoDem avertit enfin contre les fossoyeurs de la démocratie et ses ressorts :

La démocratie est un trésor fragile, le débat public est un trésor fragile. Nous ne pouvons pas accepter que le débat se délocalise sur des plateformes de réseaux sociaux dont les règles sont fixées par des milliardaires américains ou chinois, et qui sont instrumentalisées par les ennemis de la démocratie pour nous fragiliser.

Actualités nationales : « Je considère que ça n’est jamais une mauvaise idée que de consulter les Français. » 

Démocratie :

Quelques semaines après le vote de la motion de censure du gouvernement Barnier, Jean-Noël Barrot souhaite adresser un message de responsabilité face aux enjeux actuels. Comme il l’expose clairement : « la guerre est à nos portes, la planète est en ébullition », appelant à surmonter les divisions pour éviter la paralysie du pays. La censure récente a eu des « conséquences très lourdes », freinant les investissements locaux des collectivités, le réarmement des forces de sécurité et les recrutements dans les EHPAD. Interrogé sur les sondages sortis dans la presse, le ministre répond clairement : « on ne gouverne pas avec des sondages, on gouverne avec du courage ».

Notre vice-président s’est aussi exprimé sur la volonté présidentielle de faire trancher les Français cette année sur un certain nombre de sujets.

Je considère que ça n’est jamais une mauvaise idée que de consulter les Français.

Revenant sur le grand débat national post gilets jaunes, un de ces épisodes de démocratie participative, il rappelle les avancées majeures qui en ont découlé, comme la baisse de l’impôt sur le revenu, la création de la convention citoyenne pour le climat, et les maisons France Services pour répondre à l’abandon des territoires ruraux.

Quant à la mise en place d’un scrutin proportionnel aux élections législatives, Jean-Noël Barrot le défend comme une voie vers une démocratie apaisée « où chaque voix compte » et qui « conduit les forces politiques, sans se renier, à adopter une attitude beaucoup plus constructive parce qu’elles voient dans les autres forces politiques un partenaire potentiel plutôt qu’un ennemi à abattre. » Il souligne que cette idée, portée depuis longtemps par François Bayrou et le MoDem, gagne aujourd’hui du terrain dans d’autres partis.

Agriculture :

Enfin, dans un contexte de résurgence de la colère du monde agricole, il souligne que tous les gouvernements successifs, depuis l’éclatement de la première crise, ont agi pour répondre aux problèmes identifiés : les normes administratives qui les étouffent, la rémunération encore trop faible, ou encore les difficultés à transmettre des exploitations aux jeunes générations qui s’en détournent progressivement faute de solutions de financement viables. Par conséquent, Jean-Noël Barrot a mis en lumière le travail effectué pour « obtenir des mesures d’urgence et de simplification auprès de la Commission européenne et mettre sur pied une loi d’orientation agricole qui aurait déjà été votée si nous n’avions pas eu la censure. ».

Thématiques associées

Je reçois la lettre d'information du Mouvement Démocrate

Engagez-vous, soyez volontaires

A nos côtés, vous serez un acteur de nos combats pour les Français, pour la France et pour l'Europe.

Chaque engagement compte !

Votre adhésion / votre don

Valeur :

Coût réel :

20 €

6,80 €

50 €

17 €

100 €

34 €

Autres montants

Qu'est ce que la déclaration fiscale sur les dons ?
Filtrer par