Jean-Noël Barrot : « Nous ne voulons pas d’un cessez-le-feu bâclé mais d’un traité de paix en bon et dû forme »
Le ministre de l'Europe et des Affaires étrangères et vice-président du MoDem, Jean-Noël Barrot, était l'invité de France Info ce matin. Il est revenu sur le sommet européen informel qui s'est tenu hier à Paris, où les dirigeants européens se sont réunis pour échanger sur le cas de l'Ukraine et les enjeux internationaux majeurs.
Guerre en Ukraine : « Je pense que c’est le moment de reprendre le contrôle de l’OTAN »
À l'heure où les appétits russo-américains se tournent vers l'Ukraine et menacent la perspective d'une paix durable, « les Européens se sont réunis hier, à l'invitation du président de la République, pour avoir un message unitaire et réaffirmer quelques principes simples : le premier [...] c'est "nous n'obtiendrons la paix que par la pression" » confie Jean-Noël Barrot. Dans cette lignée, le ministre des Affaires étrangères annonce que l'Union européenne souhaite de nouvelles sanctions, notamment sur les ressources énergétiques russes et le contournement des restrictions déjà en vigueur.
Dès lundi prochain nous prendrons un nouveau train de sanctions, le 16ème depuis le début de la guerre, pour forcer Vladimir Poutine à s'asseoir à la table des négociations.
Pour notre vice-président, il est clair que « nous ne voulons pas d'un cessez-le-feu bâclé mais d'un traité de paix en bon et dû forme », décidé par les Ukrainiens pour qu'ils n'aient pas à perpétuellement vivre dans la peur que la guerre recommence. Pour que l'Europe garantisse stabilité et paix durable aux Ukrainiens, Jean-Noël Barrot explique que nous, Français et Européens, devront consentir à densifier nos efforts en matière de défense et c'est la raison pour laquelle il précise que « nous voulons changer les règles européennes pour pouvoir augmenter notre effort de défense ».
Les enjeux sont d'une importance capitale puisque l'Europe est celle qui a le plus soutenu l'Ukraine depuis le début de cette guerre : envoie d'armes et matériels militaires, soutien logistique, formation des soldats ukrainiens, accueil des réfugiés, livraison d'aide humanitaire, pression économique et diplomatique sur l'agresseur russe, etc. L'ensemble de ces exemples suffisent à prouver que l'Europe est évidemment indispensable dans le déroulé de cette guerre, y compris donc dans d'éventuelles négociations.
Quand on dit que les Européens seront autour de la table, ce n'est pas une demande, c'est un constat. Pourquoi ? Parce que la réalité est implacable. Seuls les Ukrainiens pourront décider d'arrêter de combattre le moment venu et ils ne le feront que lorsqu'ils auront la certitude que la paix qui sera conclue est durable. Et comment en auront-ils la certitude ? Et bien uniquement s'ils ont des garanties qu'ils ne seront plus agressés. Et qui apportera ces garanties ? Ce seront les Européens.
Pour mieux comprendre la situation, Jean-Noël Barrot nous invite à considérer que si « nous combattions depuis 3 ans contre la Russie qui aurait envahi les Hauts-de-France, le Grand-est et l'Ile-de-France, croyez-vous vraiment que nous déposerions les armes si des puissances étrangères conclueraient dans notre dos un cessez-le-feu bâclé et sans garanties ? ».
Dans ce contexte, « l'intégrité territoriale reste notre boussole absolue, quelque soit le conflit d'ailleurs » rappelle le ministre des Affaires étrangères. Aucune géométrie variable dans le traitement des conflits mondiaux pour la France, qui par la voie de son représentant, exprime le fait « que l'on parle de la RDC, que l'on parle de l'Ukraine, nous considérons partout que les principes fondateurs des Nations Unies - intégrité territoriale et autodétermination des peuples - doivent être respectés ».
Tout dans notre histoire nous instruit que la faiblesse, dans ce moment de notre histoire, nous entrainerait un jour ou l'autre dans la guerre.
Bien que le Royaume-Uni et la Suède aient manifesté leur intention d'envoyer des troupes militaires sur le sol ukrainien dans le cadre d'un cessez-le-feu, pour la France « cette question se posera le moment venu, une fois que la paix aura été trouvée ». Notre vice-président estime qu'en plus, à juste titre, cette question « se posera dans les instances appropriés et ça n'est pas sur des plateaux de radio ou télévision qu'on fera des déclarations à l'emporte pièce ». Par ailleurs, le désengagement sécuritaire progressif de l'OTAN des États-Unis pousse Jean-Noël Barrot à dire que « c'est le moment de reprendre le contrôle de l'OTAN ».
International : « Le Hamas ne doit avoir aucun rôle dans la gouvernance de Gaza et de la Palestine dans les années qui viennent »
Sur le conflit israélo-palestinien, la position française est sans ambiguïté quand Jean-Noël Barrot affirme que « le Hamas ne doit avoir aucun rôle dans la gouvernance de Gaza et de la Palestine dans les années qui viennent ». Après les déclarations graves et inquiétantes de Donald Trump qui souhaite annexer les territoires palestiniens, le chef de notre diplomatie tempère et clarifie la position de la France :
Nous soutenons les efforts des pays arabes, qui ont d'ailleurs commencé à en parler à Donald Trump, pour trouver une solution alternative à cette prise de contrôle de la bande de Gaza, qui est à la fois impraticable et totalement contraire au droit international.
De plus, face aux récentes déclarations controversées à Munich du vice-président américain JD Vance, la France, par la voix de Jean-Noël Barrot, prend fermement position contre la montée des discours anti-démocratiques. Alors que « s'agissant de la vie démocratique, chacun chez soi, merci, au revoir ! », certains tentent de dévoyer les valeurs démocratiques comme la liberté d'expression. Toutefois, le plus dérangeant selon Jean-Noël Barrot, c'est bien la soumission de l'extrême droite française et européenne aux discours offensifs et violents de ces nouveaux défenseurs de la "pensée libre".
Ce qui m'estomaque le plus [...] c'est de voir des commentateurs, responsables politiques français se prosterner, littéralement, devant Elon Musk, ses amis et leur idéologie.