Jean-Noël Barrot : « On voit se profiler une catastrophe majeure au Liban »

Jean-Noël Barrot, ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, était l'invité de l'émission C à vous sur France 5 pour s'exprimer sur les conflits en cours au Proche-Orient et en Ukraine. 

Proche-Orient : « Ce que nous disons à Israël, c’est que la violence engendre la violence »

Dans son entretien, Jean-Noël Barrot s’est exprimé avec gravité sur plusieurs enjeux internationaux urgents. Réunis à Paris à l'occasion de la Conférence internationale de soutien au Liban ce 24 octobre 2024, les membres de la communauté internationale se sont mobilisés pour répondre à une crise humanitaire d’ampleur qui frappe le Liban, exacerbée par des tensions régionales. Comme l'a souligné Jean-Noël Barrot : « aujourd’hui à Paris, la communauté internationale s’est mobilisée. D’abord pour répondre à l’urgence car […] les opérations terrestres qui ont été menées par Israël ont provoqué des déplacements de population du Sud vers le Nord. »

Il a ensuite évoqué les pressions croissantes qui s’exercent sur les infrastructures et les services de base au Liban :

Vous avez dans tout le pays de la pression très forte qui s’exerce sur le logement, sur la santé, sur les écoles qui sont pour beaucoup fermées ou occupées par des personnes réfugiées. Ce sont 500 000 enfants Libanais qui ne sont toujours pas dans les salles de classe.

Face à cette situation alarmante, le ministre prévient qu'on « voit se profiler une catastrophe majeure au Liban. »

Notre vice-président a salué le rôle de la France dans ce contexte, rappelant « qu'il y a peu de pays au monde qui puisse, comme la France l’a fait aujourd’hui, rassembler toute la communauté internationale pour lever un milliard d’euros pour répondre à une crise humanitaire. »

Sur le plan politique, l’élection présidentielle libanaise reste une priorité car « l’élection d’un président au Liban […] est un impératif pour pouvoir [lui] donner un visage, une voix, qui garantisse son unité et sa souveraineté. » Le ministre a également fait état des efforts diplomatiques de la France avec les États-Unis pour une trêve.

Avec les Américains nous avons mis sur la table une proposition […] : cessez-le-feu pendant trois semaines et, d’ici trois semaines, on met en application ce que l’on appelle la résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies, numéro 1701.

La situation est particulièrement tendue à la frontière, où les bombardements israéliens touchant les casques bleus de la FINUL constituent « une violation manifeste du droit international », a martelé Jean-Noël Barrot. Il a insisté sur les risques d’une escalade si la violence continue, rappelant quelques faits historiques, comme « en 1982, [où] ce n’était pas le Hezbollah mais l’OLP, l’Organisation de Libération de la Palestine, qui semait le chaos au sud du Liban. » Il poursuit en expliquant qu' « Israël a engagé des opérations terrestres pour assurer la sécurité du nord de son territoire. Il a chassé l’OLP mais les destructions, les pertes civiles ont créé un terreau à partir duquel a surgit le Hezbollah. » Et de conclure avec un appel au cessez-le-feu et à la diplomatie pour éviter les erreurs du passé.

Ukraine : « Ce que j’en retiens ce sont les morsures de la guerre »

Jean-Noël Barrot a aussi abordé le besoin de réforme des institutions internationales, en réponse au sommet des BRICS à Kazan en Russie. Le ministre des Affaires étrangères constate le manque de représentativité de certains États dans les instances onusiennes. Si « étaient présents des pays pour la première fois, qui considèrent que l’ONU et d’autres instances ne les représentent pas suffisamment ne les protègent pas suffisamment », c'est aussi parce qu'une réforme du Conseil de sécurité s’avère essentielle, pour « faire entrer l’Inde, […] le Brésil, le Japon, l’Allemagne et pour y faire entrer l’Afrique avec deux sièges permanents. »

Au sujet de l'Ukraine, il a été marqué par les récits de guerre lors de son dernier déplacement dans le pays, évoquant les traumatismes causés par les conflits :

Ce que j’en retiens ce sont les morsures de la guerre sur les corps des soldats mutilés […] mais aussi sur les esprits et je pense au récit des enfants déportés.

Le ministre a évoqué la détermination du président Ukrainien, Volodymyr Zelensky, qui, dans son « plan pour la victoire », a adressé un message clair, « c’est-à-dire un message aux alliés : donnez-moi de la force pour repousser les Russes et que le moment venu je puisse négocier en position de force » rapporte Jean-Noël Barrot. Cette stratégie illustre une volonté d’aborder les négociations futures avec une force militaire réaffirmée, pour obtenir des garanties de sécurité solides.

Notre ministre de l'Europe et des Affaires étrangères a également évoqué la position française, ouverte à des mesures ambitieuses en faveur de l’Ukraine, notamment son rapprochement avec l’OTAN et le renforcement de ses capacités de défense.

Il y a des éléments sur lesquels la France a déjà dit qu’elle était ouverte : l’invitation de l’Ukraine à rejoindre l’OTAN et la possibilité de frapper des cibles russes sur territoire russe.

Le ministre a par ailleurs observé la dimension internationale du conflit et ses répercussions géopolitiques en Asie, dénonçant « une exportation de ce conflit vers l’Asie » mais reconnaissant aussi « la preuve de la fragilité de la Russie de Vladimir Poutine qui est obligé d’aller chercher en Corée du Nord des moyens pour aller repousser les Ukrainiens. »

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