Jimmy Pahun : "Osons une politique avec les pêcheurs, les scientifiques, les associations"
Jimmy Pahun, député du Morbihan, a publié une Tribune dans les colonnes du Télégramme afin d'alerter sur les conséquences des fermetures de zones de pêche, comme dans le Golfe de Gascogne.
Lorsque le Conseil d’État prend la décision de fermer des zones de pêche dans le golfe de Gascogne pour réduire les captures accidentelles de cétacés, il signe notre échec collectif. Lui laisser le soin de trancher des sujets aussi sensibles, c’est prendre le risque d’exacerber les tensions et les fractures.
Il nous faut, au contraire, assumer une politique offensive et savoir, par le dialogue, progresser collectivement. Osons une politique faite avec les pêcheurs, les scientifiques et les associations.
S’en remettre au juge nous empêche de penser les enjeux dans leur globalité et nous conduit à prendre trop vite des mesures incomplètes (...).
À l’heure où la pêche française vit une énième crise, ayons le courage de penser une révolution de la pêche. Une révolution au bénéfice des pêcheurs, de la ressource et de l’environnement marin.
Lors des Assises de la mer, en novembre, le président de la République a rappelé les nombreux défis auxquels nous sommes confrontés et annoncé un contrat de transformation de la filière pour l’été. C’est l’occasion de mener à bien cette révolution.
Le système actuel est tout entier à réformer. Encouragés à pêcher toujours plus, les professionnels se sont, par exemple, tournés vers des navires et des techniques très consommateurs de gazole. Le chalut, c’est deux litres de gazole par kilogramme de poisson pêché ; poisson de petite taille moins valorisé que celui pêché aux arts dormants. Dans ces conditions, quel avenir pour la pêche alors que le coût des énergies fossiles n’ira pas en diminuant ?
Seule une transformation en profondeur de la filière en garantira sa survie, et espérons-le, sa prospérité. C’est la responsabilité de ses acteurs et des pouvoirs publics. Changer les navires, les techniques, les organisations de producteurs, la répartition des quotas, la transformation et la commercialisation des produits de la mer, la conception de nos politiques publiques, changer pour pérenniser ce grand métier.
L’établissement d’un dialogue sincère et franc avec l’ensemble des parties prenantes est la condition de réalisation de cette révolution. Son acceptation par la profession est indispensable.
Mettons les pêcheurs en capacité d’être acteurs de la régénération de leur filière, qu’ils n’aient plus l’impression de subir les aléas de la conjoncture internationale et les exigences nouvelles liées à la biodiversité et au climat. Ils sont, aujourd’hui, trop nombreux à s’estimer insuffisamment consultés et considérés.
Les quelques ambitions évoquées ici ne manqueront pas de bousculer, peut-être de heurter, mais l’affaire des fermetures spatiotemporelles nous donne l’occasion de faire d’une révolte une révolution, celle de la pêche au bénéfice des pêcheurs.